Enquête de l’ONS sur le marché du travail : Une dynamique positive de l’emploi
Le marché du travail en Algérie continue d’évoluer, porté par une hausse de la population active et une progression notable du taux d’emploi féminin.
Selon les dernières données de l’Office National des Statistiques (ONS), la population active atteint au mois d’octobre dernier 13,8 millions de personnes, marquant une augmentation constante ces dernières années. La participation des femmes au marché du travail dépasse pour la première fois les trois millions, représentant désormais près de 23 % de la main-d’œuvre totale. Le taux d’activité économique, qui mesure la proportion des personnes en âge de travailler participant à la force de travail, est estimé à 41,7 %. Ce taux demeure marqué par de fortes disparités entre hommes et femmes : alors qu’il atteint 63,9 % chez les hommes, il reste limité à 19,2 % chez les femmes, malgré une tendance haussière ces dernières années. Avec une population occupée de 12,05 millions de personnes, soit une augmentation de 774 000 travailleurs depuis 2019, l’emploi connaît une dynamique positive. Le taux d’emploi national, qui mesure la part des personnes en activité par rapport à l’ensemble des individus en âge de travailler, s’établit à 36,4 %. Là encore, l’écart entre hommes et femmes est frappant : 58,2 % des hommes sont actifs contre seulement 14,3 % des femmes. Malgré cette différence, l’emploi féminin progresse et représente aujourd’hui 19,6 % de la population occupée.
Le salariat reste la norme sur le marché du travail algérien, avec près de sept travailleurs sur dix employés sous ce statut (68,9 %). Ce chiffre est encore plus élevé chez les femmes, où 76,8 % des actives sont salariées. Une évolution notable est l’essor du salariat permanent, qui devient la forme dominante d’emploi avec 43,8 % des postes, alors que l’auto-emploi représente 29,8 % du marché et que le salariat non permanent est en repli.
Le secteur privé domine le marché du travail
Tous secteurs confondus, l’administration publique hors santé demeure le premier employeur du pays avec 17,4 % des emplois, suivie du secteur de la santé et de l’action sociale (15,5 %), du commerce (15,3 %), de la construction (14 %) et des industries manufacturières (13,6 %). Le secteur agricole reste marginal, n’absorbant que 9 % des travailleurs. L’emploi féminin se concentre principalement dans l’administration publique, la santé et les industries manufacturières, qui regroupent à elles seules 75,2 % des femmes en activité. Le secteur privé domine le marché du travail, employant 61,2 % des actifs, soit plus de 7,3 millions de personnes. Toutefois, l’emploi féminin reste majoritairement concentré dans le secteur public, qui absorbe 58 % des travailleuses. Par catégorie professionnelle, les femmes sont surreprésentées dans les professions intellectuelles (55 %), les emplois administratifs (48,9 %) et les cadres moyens (38,1 %), mais elles sont encore très peu présentes parmi les directeurs et gérants (11,6 %). Le chômage demeure un défi majeur, avec un taux national de 12,7 %. Si ce taux est relativement bas chez les hommes (9 %), il grimpe à 25,4 % chez les femmes et atteint un niveau critique chez les jeunes de 16 à 24 ans, où il s’établit à 29,3 %. Les écarts sont également marqués selon le niveau d’instruction : 42,5 % des chômeurs n’ont aucun diplôme, tandis que 31,4 % sont titulaires d’un diplôme universitaire et 26,1 % ont suivi une formation professionnelle. La précarité de l’emploi est une autre problématique, puisque 59,3 % des chômeurs sont en recherche d’un travail depuis plus d’un an. Parmi eux, 750 000 ont déjà exercé une activité auparavant, dont la majorité dans le secteur privé et sous un statut précaire. Les anciens salariés non permanents représentent 68,1 % de ces ex-travailleurs, et 73,9 % avaient un emploi dans le privé. Les services marchands, la construction et l’administration sont les secteurs les plus touchés par ces pertes d’emploi. Enfin, un phénomène préoccupant est celui du « halo du chômage », qui désigne les personnes sans emploi ne remplissant pas les critères officiels du chômage. En octobre 2024, cette catégorie regroupe près de deux millions de personnes, dont une majorité de femmes (57,9 %). Il s’agit en grande partie de jeunes de moins de 30 ans et de personnes peu diplômées. Parmi eux, 29,8 % n’effectuent plus de recherches actives, faute d’espoir de trouver un emploi, tandis que 25,7 % sont freinés par des obligations familiales. Ces chiffres illustrent un marché du travail en transformation, marqué par une amélioration progressive de l’emploi féminin, une hausse du salariat permanent et une répartition sectorielle toujours dominée par l’administration et la santé.
Amar Malki