La mise en place d’une industrie automobile intégrée s’accélère : Great Wall Motors annonce un projet d’usine en Algérie
L’industrie automobile nationale connaît une phase d’expansion sans précédent avec l’arrivée annoncée de plusieurs constructeurs, la dernière en date concerne l’annonce récente de l’implantation du constructeur chinois Great Wall Motors (GWM), qui vient s’ajouter à une série d’investissements majeurs dans le secteur.
Le ministre de l’Industrie, Sifi Gharib, a rencontré jeudi une délégation de ce géant automobile chinois pour discuter d’un projet industriel ambitieux qui dépasse le simple cadre d’une unité d’assemblage. GWM, connu pour ses marques Haval, Tank et Poer, s’associe au groupe Cevital pour établir un complexe de production complet à Aïn Defla, à 160 km au sud-ouest d’Alger, comprenant la fabrication de véhicules, la production de pièces détachées, un centre de recherche et développement, ainsi qu’un centre technique dédié à l’homologation.
Cette nouvelle arrivée s’inscrit dans un contexte d’accélération de la structuration d’une véritable industrie automobile intégrée en Algérie. En effet, notamment pays a récemment franchi plusieurs étapes décisives, notamment avec la signature d’un protocole d’accord entre le ministère de l’Industrie et treize constructeurs automobiles étrangers et locaux. Ce protocole vise l’intégration progressive de composants produits localement et l’accompagnement des fabricants nationaux dans l’obtention des certifications nécessaires pour leurs produits. Des contrats de sous-traitance ont également été conclus, comme celui entre Stellantis Algérie et la start-up Idnet, spécialisée dans la fabrication de câbles, ainsi qu’avec l’entreprise Algeria Ham Motors, producteur de composants plastiques. Parallèlement à l’implantation de GWM, d’autres constructeurs internationaux se positionnent sur le marché algérien. Le constructeur sud-coréen Hyundai a annoncé un investissement de 400 millions de dollars pour implanter sa principale usine de production en Afrique du Nord, porté par le groupe omanais Saud Bahwan. Ce projet prévoit l’assemblage de trois modèles de voitures touristiques et deux types de véhicules utilitaires, incluant des modèles électriques, avec un calendrier de production échelonné jusqu’en 2028.
L’usine Stellantis d’Oran, inaugurée en décembre 2023, a déjà produit 24 000 véhicules Fiat, démontrant la faisabilité d’une production locale de qualité. Le groupe a développé des partenariats avec deux universités et sept centres de formation, et a nommé cinq sous-traitants locaux permettant d’atteindre plus de 10% de taux d’intégration dès 2024, un an avant le seuil réglementaire prévu. Stellantis vise une production de 60 000 véhicules en 2025 et 90 000 en 2026, avec un taux d’intégration dépassant les 30%. D’autres constructeurs comme Chery, Kia, Jetour, Baic et JAC Motors préparent également leurs implantations dans différentes wilayas du pays. Notamment, JAC Motors développe un projet dans la wilaya d’Aïn Témouchent avec une capacité projetée de 100 000 voitures par an, dont 40% destinées à l’exportation. Cette dynamique répond à un marché automobile algérien au potentiel considérable, estimé à environ 500 000 véhicules par an, alors que la production actuelle ne couvre qu’une fraction de cette demande. En 2023, le marché a été approvisionné par 180 000 véhicules neufs importés, 5 122 véhicules de moins de trois ans, et les 24 000 unités produites localement.
Les autorités affichent clairement leur volonté de transformer radicalement le secteur automobile, en dépassant l’image des anciens « hangars de gonflage de pneus » pour construire un écosystème industriel performant et durable. Le ministère de l’Industrie a récemment mis en place deux commissions dédiées à la structuration de la filière des pièces détachées : une commission d’orientation, chargée de définir la stratégie globale, et une commission d’études et d’ingénierie, responsable des aspects techniques. Cette stratégie globale de développement de l’industrie automobile témoigne d’une volonté politique de diversifier l’économie nationale, longtemps dépendante des hydrocarbures, en créant un secteur industriel compétitif capable de générer des emplois qualifiés et de réduire la facture des importations. L’accent mis sur l’intégration locale et la sous-traitance nationale reflète une approche structurée visant à maximiser les retombées économiques de ces investissements pour l’ensemble du tissu industriel algérien.
Amar Malki