Lancement du projet « TaqatHy+ »: L’Algérie et l’UE mettent le cap sur l’hydrogène vert
La coopération algéro-européenne en matière de transition énergétique franchit un nouveau cap avec le lancement officiel, hier à Alger, de la phase cofinancée du projet « TaqatHy+ » (anciennement « TaqatHy »). Cette initiative d’envergure, dotée d’un budget de 28 millions d’euros financé conjointement par l’Union européenne et l’Allemagne, vise à accélérer le déploiement des énergies renouvelables, développer l’hydrogène vert et améliorer l’efficacité énergétique dans divers secteurs en Algérie.
Le projet s’inscrit dans une stratégie globale de transition énergétique et représente un pilier fondamental des ambitions algériennes en matière d’énergie propre à l’horizon 2030. La signature du contrat d’exécution a été effectuée par Mourad Chikhi, chargé de la Direction générale des énergies nouvelles et renouvelables au ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, et Martina Valous, directrice générale de l’Agence allemande de coopération internationale (GIZ), en présence de hauts responsables algériens et européens. Ce programme ambitieux, qui s’étendra jusqu’en mai 2029, est mis en œuvre sous la supervision du ministère de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables avec l’appui technique de la GIZ Algérie et constitue un prolongement du projet « TaqatHy » lancé en décembre 2022. Sur les 28 millions d’euros alloués au projet, 13 millions proviennent directement de l’Allemagne. Ce financement conséquent permettra de déployer une série d’actions structurantes sur cinq axes principaux : le renforcement des capacités institutionnelles et techniques dans le domaine des énergies renouvelables, la création de conditions favorables au déploiement de projets d’énergies propres, le développement d’outils pour soutenir l’économie de l’hydrogène vert, l’établissement d’une base de données sur le potentiel national d’applications de l’hydrogène vert, et enfin la mise en place d’outils de planification et de suivi pour réaliser des économies d’énergie et réduire les émissions. S’exprimant lors de la cérémonie de lancement, le Professeur Noureddine Yassaa, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Énergie chargé des Énergies renouvelables, a souligné que ce projet représente « une étape importante qui sera couronnée par une coopération fructueuse et enrichissante, à travers l’échange d’expertise sur des solutions énergétiques d’avenir dans le cadre d’un développement global et durable ». Il a précisé que « les résultats issus de ce programme seront employés pour créer un système énergétique intégré qui renforcera le déploiement de l’exploitation des énergies renouvelables et augmentera l’efficacité énergétique dans divers secteurs ».
Un nouveau modèle énergétique national
Le secrétaire d’État a également rappelé que ce programme de coopération avec l’UE et l’Allemagne reflète « une volonté commune » d’approfondir la collaboration dans le secteur énergétique. Il a par ailleurs mentionné que son ministère travaille actuellement à l’élaboration d’un nouveau modèle énergétique national, avec la contribution de tous les secteurs consommateurs d’énergie, qui intégrera des solutions innovantes visant à rationaliser et réduire la demande nationale croissante en énergie. De son côté, Said Meziane, directeur de la coopération avec l’Union européenne et les institutions européennes au ministère des Affaires étrangères, a salué le potentiel considérable de l’Algérie en matière de transition énergétique, soulignant que l’Allemagne constitue « un partenaire important » dans la réalisation des objectifs fixés dans ce domaine. Le projet TaqatHy+ s’inscrit parfaitement dans la dynamique du corridor SoutH2, une initiative stratégique visant à créer une infrastructure d’exportation d’hydrogène vert algérien vers l’Italie, l’Autriche et l’Allemagne.
Une puissance énergétique et un partenaire fiable pour l’UE
Ce corridor énergétique, en phase de développement, positionnera l’Algérie comme fournisseur clé d’hydrogène propre pour l’Europe, tirant parti des immenses ressources solaires du pays et de sa proximité géographique avec le continent européen. L’ambassadeur de l’Union européenne en Algérie, Diego Mellado, a affirmé que ce projet reflète « la qualité de la coopération » dans le secteur énergétique entre l’UE et l’Algérie, soulignant « l’importance de travailler efficacement pour assurer son succès ». Il a également souligné que l’Algérie est « une puissance énergétique et un partenaire fiable », indiquant la volonté de l’UE de renforcer sa coopération avec ce pays stratégique d’Afrique du Nord. Cette initiative s’inscrit dans le cadre plus large du Pacte vert européen et de la stratégie européenne de l’hydrogène, qui visent à développer les capacités de production et d’importation d’hydrogène vert pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE. Pour sa part, l’ambassadeur d’Allemagne en Algérie, Georg Felsheim, a déclaré que l’Algérie est « un partenaire stratégique pour l’Allemagne », saluant la coopération entre les deux pays dans le domaine des énergies renouvelables et de l’hydrogène vert. Il a également exprimé l’espoir que ce projet stimulera d’autres initiatives dans le secteur des énergies renouvelables, soulignant l’importance de cette collaboration bilatérale dans le contexte de la transition énergétique allemande. Le développement de l’hydrogène vert en Algérie représente une opportunité majeure pour diversifier l’économie du pays, historiquement dépendante des hydrocarbures. Avec ses vastes étendues désertiques bénéficiant d’un ensoleillement exceptionnel, l’Algérie dispose d’un potentiel considérable pour la production d’électricité solaire à bas coût, nécessaire à la production d’hydrogène par électrolyse. Les experts estiment que ce secteur pourrait générer plusieurs milliers d’emplois et des revenus d’exportation significatifs dans les années à venir, tout en contribuant à la sécurité énergétique européenne.
Samira Ghrib