Lutte contre les incendies : La Direction générale des forêts renforce son dispositif
Une Commission nationale renforcée par un cadre réglementaire plus précis et des moyens technologiques modernes : telle est la nouvelle stratégie de la Direction Générale des Forêts (DGF) pour protéger le patrimoine forestier algérien contre les incendies. Essaid Si Ali, directeur de la protection de la faune et la flore à la DGF, a détaillé hier cette approche lors de son intervention à l’émission « L’Invité du jour » de la chaîne 3 de la Radio algérienne.
Installée depuis le 1er mai courant, cette Commission nationale s’appuie désormais sur un cadre juridique solide avec la loi 21/23 et son décret d’application 24/245 qui fixe « les conditions d’organisation des charges sectorielles dans le cadre de la prévention et l’intervention contre les incendies de forêts ». Selon Si Ali, ce nouveau dispositif « a permis une bonne visibilité quant à la représentativité de tous les secteurs intervenants qui étaient, auparavant, mobilisés par décrets ministériels ». Une avancée significative puisque le décret « cadre mieux les équipes en charge de lutte contre les feux de forêts, chapeautées par le Secrétaire général du ministère ». L’aspect répressif n’est pas en reste, le responsable soulignant que ce texte « a donné de la clarté sur les contraventions par rapport aux infractions, notamment liées aux incendies de forêts passibles de peines juridiques ». Cette refonte du cadre opérationnel s’accompagne d’une campagne de sensibilisation préventive lancée au début du mois de mai, articulée autour de « trois axes organisationnels essentiels et des travaux proactifs et préventifs qui consistent en l’aménagement de pistes, l’aménagement et construction de points d’eau et l’accompagnement des populations activant à proximité des massifs forestiers ».
Cette sensibilisation, qui se prépare « à partir du 1er janvier de chaque année » et se poursuit jusqu’au 31 décembre, mobilise divers canaux de communication, notamment les radios et télévisions locales, en collaboration avec la Protection civile. L’objectif est de rappeler aux citoyens « les bienfaits de la forêt » et l’importance de leur « gestion rationnelle et durable » afin que les populations ressentent que « la forêt est la leur et qu’ils doivent la protéger ».
Sur le plan logistique, le dispositif s’est considérablement renforcé. Suite au Conseil interministériel du 15 avril dernier, qui a défini la feuille de route de la politique préventive, de nouveaux moyens ont été déployés. Si Ali indique que « le dispositif de la DGF s’améliore d’année en année », avec une prise en charge locale par les communes qui utilisent leurs propres moyens matériels et humains. Ce dispositif a été renforcé par « l’acquisition de nouveaux camions d’intervention et l’acquisition de 35 drones » qui jouent un rôle crucial dans ce qu’il appelle « la première information ». Ces drones permettent d’informer en temps réel et sont « déterminants dans la prise de décision de recourir au vecteur aérien », géré par la Protection civile qui dispose de « 5 canadairs et 10 hélicoptères ».
Dans les situations extrêmes, comme lors du grand incendie de Larbaa Nath Irathen à Tizi Ouzou en 2024, le ministère de la Défense intervient dans les sites inaccessibles. L’ensemble de ces moyens, couplé à des conditions climatiques favorables, a permis de limiter l’impact des incendies l’année dernière. Selon le responsable, les feux n’ont pas dépassé les 100 mètres carrés, « ce qui augure d’une certaine maîtrise et la célérité de la première intervention ».
Les résultats sont éloquents : « une amélioration de 90% » par rapport à 2023, avec seulement 740 foyers enregistrés en 2024 contre 3 000 l’année précédente. En termes de surface, 3 500 hectares ont été brûlés en 2024, contre plus de 41 000 en 2023, et aucun décès n’a été déploré. Des « résultats à préserver et pourquoi pas à améliorer, si les conditions climatiques sont clémentes », estime Si Ali.
Pour l’année 2025, l’objectif est clair : « veiller et travailler de manière à garder les résultats enregistrés l’année passée ». Le directeur de la protection de la faune et la flore assure que le ministère de l’Agriculture a « réuni toutes les conditions pour réussir cet objectif », soulignant ainsi la détermination des autorités à protéger le patrimoine forestier national, élément essentiel de l’équilibre écologique et du développement durable du pays.
Samir Benisid