Alors que les agressions sionistes s’intensifient: L’ONU alerte sur « une autre Nakba »
À l’approche du 77e anniversaire de la Nakba, ce douloureux souvenir collectif qui marque l’expulsion forcée de près de 800 000 Palestiniens de leurs terres ancestrales par l’entité sioniste en 1948, les Nations Unies tirent la sonnette d’alarme face à ce qui pourrait constituer une répétition tragique de l’Histoire en Palestine occupée. Dans un rapport publié vendredi, le Comité spécial de l’ONU chargé d’enquêter sur les pratiques sionistes affectant les droits humains des Palestiniens avertit que « le monde pourrait être témoin d’une autre Nakba » dans les Territoires palestiniens, sous l’effet d’une colonisation effrénée et d’agressions militaires incessantes. Ce comité, créé par l’Assemblée générale de l’ONU en décembre 1968 et composé des représentants permanents du Sri Lanka, de la Malaisie et du Sénégal, vient d’effectuer une mission d’enquête en Jordanie. Ses conclusions sont accablantes : l’entité sioniste « continue d’infliger des souffrances inimaginables aux personnes vivant sous son occupation », tout en accélérant la spoliation des terres palestiniennes dans le cadre d’un projet colonial expansionniste clairement assumé comme priorité par le gouvernement d’occupation.
« Les opérations de sécurité servent d’écran de fumée pour l’accaparement rapide des terres, les déplacements massifs, la dépossession, les démolitions, les expulsions forcées et le nettoyage ethnique, afin de remplacer les communautés palestiniennes par des colons juifs », affirme sans détour le rapport onusien, mettant ainsi en lumière la stratégie systématique d’effacement du peuple palestinien.
Cette mise en garde intervient dans un contexte particulièrement alarmant à Ghaza, où l’agression génocidaire menée par l’entité sioniste depuis octobre 2023 a atteint des proportions catastrophiques. Selon les autorités sanitaires palestiniennes, le bilan s’élève désormais à 52 810 martyrs et 119 473 blessés, dont une grande majorité de civils. La reprise des bombardements depuis le 18 mars 2025, après une brève trêve de deux mois, a déjà causé la mort de 2 701 Palestiniens supplémentaires et blessé 7 432 autres.
Pas plus tard que ce samedi, une nouvelle frappe aérienne sioniste a ciblé une simple tente abritant des déplacés dans le quartier de Sabra à Ghaza-ville, faisant cinq martyrs dont trois enfants, leur mère et son mari. « Ils dormaient à l’intérieur d’une tente et ont été bombardés par un avion de l’occupation sioniste sans préavis et sans qu’ils soient coupables de quoi que ce soit », a témoigné Omar Abou al-Kass, le grand-père maternel des enfants, illustrant la cruauté aveugle des agressions qui frappent quotidiennement les familles palestiniennes déjà déplacées multiples fois. À cette violence meurtrière s’ajoute désormais l’instrumentalisation cynique de l’aide humanitaire par l’occupant. L’UNICEF a fermement condamné vendredi le projet sioniste visant à prendre le contrôle de la distribution de l’aide à Ghaza, qualifiant ce plan de tentative d’utiliser l’assistance vitale comme un « appât » pour contraindre les populations à de nouveaux déplacements forcés. James Elder, porte-parole de l’agence onusienne pour l’enfance, a dénoncé un dispositif qui placerait les familles palestiniennes face à « un choix impossible entre le déplacement et la mort ».
Ce plan « contrevient aux principes humanitaires fondamentaux » et semble conçu pour « renforcer le contrôle sur les produits vitaux comme moyen de pression », a précisé Elder. Une stratégie d’autant plus alarmante que l’enclave palestinienne est soumise à un blocus total depuis plus de deux mois, avec des pénuries critiques de nourriture, d’eau, de médicaments et de carburant. Le dispositif présenté aux organisations humanitaires prévoit l’entrée de seulement 60 camions d’aide quotidiens, soit « un dixième de ce qui était livré pendant le cessez-le-feu » de janvier à mars, une quantité qualifiée par l’UNICEF de « loin d’être suffisante pour répondre aux besoins de 1,1 million d’enfants et de 2,1 millions de personnes ». Pendant ce temps, plus de 3 000 camions d’assistance restent bloqués aux portes de Ghaza, selon l’UNRWA, principal fournisseur d’aide dans l’enclave.
La convergence de ces multiples violations du droit international humanitaire – bombardements délibérés de zones civiles, restriction de l’aide, déplacements forcés et colonisation accélérée – confirme les craintes exprimées par le Comité spécial de l’ONU quant à la mise en œuvre d’un véritable plan de nettoyage ethnique à l’encontre du peuple palestinien. La « Nakba » de 1948, qui a vu l’expulsion de centaines de milliers de Palestiniens de leurs terres et la destruction de plus de 500 villages, risque ainsi de se répéter sous nos yeux, avec la complicité passive de nombreuses puissances occidentales.
Face à cette situation dramatique, les appels se multiplient pour l’imposition de sanctions concrètes contre l’entité sioniste et la protection effective des droits inaliénables du peuple palestinien, notamment son droit au retour consacré par la résolution 194 de l’ONU. À quelques jours de la commémoration du 77e anniversaire de la Nakba, la communauté internationale se trouve confrontée à sa responsabilité historique d’empêcher la perpétuation et l’aggravation de cette injustice fondamentale qui déchire le Moyen-Orient depuis plus de sept décennies.
Lyes Saïdi