139 unités industrielles versées au secteur public dans le cadre de la lutte anticorruption: L’État récupère ses billes !
Les autorités affichent leur détermination dans leur bataille contre la corruption et accélèrent le processus de récupération des avoirs spoliés.
Selon Abderrahmane Kheddi, directeur général du Domaine national, 139 unités industrielles confisquées ont été transférées à des institutions publiques. Cette opération d’envergure s’inscrit dans le cadre d’une vaste campagne de récupération des biens détournés, menée avec une « main de fer » par l’État algérien ces dernières années, a précisé le même responsable lors de son passage lundi dans l’émission « Forum de la première » sur la Radio algérienne. Selon M. Kheddi, ces transferts de propriété ont été effectués au prix du marché après confiscation légale, permettant de relancer l’activité économique de ces entreprises tout en préservant l’emploi des travailleurs. « La priorité a été donnée aux établissements publics désireux d’acquérir ces biens pour leur redonner vie », précise le responsable, soulignant que cette démarche répond aux instructions du président de la République Abdelmadjid Tebboune visant à orienter ces actifs vers l’économie nationale.
Au-delà des unités industrielles, de nombreux biens immobiliers ont été redistribués aux différents départements ministériels pour servir de sièges administratifs. L’inventaire des biens récupérés comprend également des véhicules destinés aux institutions publiques, des équipements audiovisuels, du matériel médical, ainsi que des bijoux de valeur déposés auprès de la Banque d’Algérie et des sommes d’argent versées au Trésor public.
Cette politique de récupération s’appuie sur un arsenal juridique renforcé, notamment la loi 23-18 considérée comme « dissuasive » contre les atteintes aux biens de l’État. Plus de 150 cas d’empiètement ont été recensés et transmis aux autorités compétentes, témoignant de l’efficacité du dispositif mis en place.
Parallèlement à cette lutte anticorruption, l’Algérie engage une révolution numérique de son patrimoine foncier. M. Kheddi révèle que la Direction générale du Domaine national a lancé depuis plus d’un an et demi une numérisation complète de ses données et services, aboutissant à la création d’une base de données nationale unifiée. Cette initiative, fruit des orientations présidentielles en matière de digitalisation, a permis de numériser plus de 27 millions de documents répartis dans 217 conservations foncières à travers le pays.
L’inventaire des biens publics et privés de l’État, rendu possible par cette révolution numérique, permet désormais de distinguer clairement le domaine privé du domaine public, incluant les biens immobiliers et les installations. Cette connaissance précise de l’information constitue, selon le directeur général, « la base correcte et saine pour la planification et l’exécution des propositions et stratégies économiques et financières », contribuant également à l’élaboration de la loi de finances.
Les opérations de cadastre affichent des taux d’achèvement remarquables : 100% pour les zones sahariennes, steppiques et rurales, et plus de 75% pour les zones urbaines. Toutes ces données sont intégrées dans des bases de données cadastrales numériques, avec un objectif de finalisation fixé à fin 2025 pour l’ensemble des secteurs ministériels concernés.
L’inventaire s’étend également au patrimoine algérien à l’étranger, englobant les représentations diplomatiques et consulaires. M. Kheddi précise que l’Algérie privilégie l’acquisition plutôt que la location de ses sièges diplomatiques, une stratégie qui se traduit par l’enregistrement de 300 biens immobiliers appartenant à l’État algérien hors du territoire national, tous répertoriés dans une application dédiée développée pour le ministère des Affaires étrangères.
La fusion des services des domaines, du cadastre et de la conservation foncière a facilité cette transformation numérique, créant un système intégré qui améliore l’efficacité et la rationalité dans la gestion immobilière. Cette modernisation s’accompagne du renforcement des prérogatives de l’Agence algérienne de promotion des investissements, de l’Agence algérienne de l’immobilier urbain et de l’Agence algérienne de l’immobilier touristique dans la gestion optimisée du patrimoine foncier.
Cette double approche, combinant lutte anticorruption et modernisation technologique, illustre la volonté des autorités algériennes de transformer la gestion du patrimoine national en un outil efficace au service du développement économique, tout en assurant une protection renforcée des biens publics contre les détournements et les empiètements illégaux.
Hocine Fadheli