Assemblées annuelles de la BAD : La succession d’Akinwumi Adesina ouverte
Les assemblées annuelles du groupe de la Banque africaine de développement s’ouvrent lundi à Abidjan sous le thème « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement », marquant un tournant historique avec l’élection du successeur d’Akinwumi Adesina à la présidence de cette institution financière continentale de premier plan. Plus de 6.000 délégués représentant les 81 pays membres participent à cet événement majeur qui se déroule jusqu’au 30 mai, comprenant la 60e Assemblée du Conseil des gouverneurs de la BAD et la 51e Assemblée du Fonds africain de développement. L’Algérie, troisième actionnaire régional de la BAD et pays fondateur depuis septembre 1964, joue un rôle déterminant dans cette élection présidentielle qui s’annonce serrée entre cinq candidats, le ministre des Finances Abdelkrim Bouzred dirigeant personnellement la délégation algérienne pour cette échéance cruciale.
Le bilan impressionnant d’Akinwumi Adesina, qui achève ses deux mandats successifs, témoigne de la transformation de la BAD en « institution financière mondialement reconnue, classée meilleure institution financière multilatérale au monde » selon ses propres termes. Les projets financés sous sa direction ont eu un impact direct sur la vie de plus de 565 millions de personnes en Afrique, avec des réalisations concrètes majeures dans ses cinq grandes priorités stratégiques fixées en 2015. Les chiffres révélés lors de la conférence de presse d’ouverture illustrent cette réussite avec 128 millions de personnes ayant accès à de meilleurs services de santé, 121 millions bénéficiant de moyens de transport améliorés, 104 millions disposant d’une meilleure sécurité alimentaire, 63 millions ayant accès à l’eau potable, 34 millions profitant d’un assainissement amélioré et 28 millions bénéficiant d’un accès à l’électricité.
Cette performance s’accompagne d’une croissance financière spectaculaire de l’institution, avec un capital passé de 93 milliards de dollars en 2015 à 318 milliards actuellement, tandis que la 16e reconstitution du Fonds africain de développement a permis de lever 8,9 milliards de dollars, l’Algérie figurant parmi les contributeurs importants. Le Forum d’investissement en Afrique organisé par la BAD a généré plus de 225 milliards de dollars d’investissements, démontrant la capacité de l’institution à mobiliser les capitaux privés pour le développement continental. La banque a également accompagné plusieurs pays africains, notamment l’Égypte, le Togo, le Bénin et la Côte d’Ivoire, dans la levée de financements internationaux grâce à ses garanties et son soutien technique.
Le programme ambitieux « Energie Mission 300 », développé en partenariat avec la Banque mondiale, vise à permettre à 300 millions d’Africains supplémentaires d’accéder à l’électricité d’ici 2030, illustrant la vision stratégique de l’institution pour répondre aux défis énergétiques du continent. Cependant, Adesina reconnaît que le coût élevé du service de la dette extérieure reste la principale contrainte de nombreux pays africains, plaidant pour une action commune face à ce défi structurel. Les travaux de ces assemblées incluent un dialogue présidentiel mardi réunissant des chefs d’État et de gouvernement pour discuter des stratégies visant à faire travailler les capitaux africains pour le développement, ainsi qu’un événement consacré au deuxième plan décennal de mise en œuvre de l’Agenda 2063. Pour l’Algérie, cette participation s’inscrit dans sa stratégie de renforcement de son rôle au sein des institutions financières multilatérales et de promotion de ses intérêts économiques sur la scène continentale, avec des rencontres bilatérales prévues entre le ministre Bouzred et ses homologues ainsi que des responsables d’institutions financières régionales et internationales.
Lyna Larbi