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Lutte contre la triche au BAC et au BEM: La Justice musc le son dispositif !

Face à l’ampleur que prend le recours aux nouvelles technologies de fraude lors des examens de fin d’année, la justice annonce un durcissement sans précédent de son arsenal répressif pour préserver l’intégrité du baccalauréat et du brevet d’enseignement moyen. Cette offensive révèle l’ampleur du défi posé par la digitalisation des méthodes de triche et la nécessité d’adapter les réponses institutionnelles à cette mutation technologique.

Le procureur général près la cour d’Alger, Mohamed El Kamel Ben Boudiaf, a dressé mercredi lors d’une journée d’étude organisée au siège de la cour d’Alger, un constat alarmant de l’évolution des pratiques frauduleuses, soulignant que « les nouvelles méthodes de fraude aux examens, apparues avec les avancées technologiques, allant de l’usage d’appareils électroniques à la manipulation de plateformes numériques et à la fuite de sujets via les réseaux sociaux, exigent le renforcement des cadres juridiques pour y faire face ». Un constat qui révèle la sophistication croissante des techniques employées par les fraudeurs, qui exploitent désormais l’ensemble de l’écosystème numérique pour contourner les dispositifs de surveillance traditionnels. L’utilisation d’objets connectés miniaturisés, la coordination via les messageries instantanées et la diffusion virale des sujets d’examens sur les plateformes sociales constituent autant de défis inédits pour les autorités éducatives et judiciaires.

La riposte annoncée s’articule autour d’une approche multidimensionnelle combinant modernisation technologique et renforcement des capacités humaines. Ben Boudiaf a insisté sur l’importance de « la coopération entre les instances judiciaires, éducatives et sécuritaires dans un cadre global et intégré », marquant une rupture avec les approches sectorielles antérieures. Cette coordination renforcée vise à créer une synergie opérationnelle entre tous les acteurs impliqués dans la sécurisation des examens, depuis la conception des sujets jusqu’à leur correction, en passant par leur stockage et leur acheminement vers les centres d’examen. Le magistrat a également appelé à « renforcer les compétences des cadres judiciaires et sécuritaires à travers des programmes de formation spécialisés, leur permettant de faire face aux nouvelles méthodes de ces infractions », reconnaissant ainsi la nécessité d’une montée en compétences pour appréhender la dimension technique de ces nouvelles formes de criminalité.

L’arsenal juridique algérien a déjà été adapté pour répondre à ces évolutions, comme l’a rappelé le procureur de la République adjoint près le tribunal de Sidi M’hamed, Ouada Tourki, précisant que « le législateur algérien a modifié, en 2020, le code pénal, afin d’y introduire des dispositions pénales relatives à la publication et à la fuite des sujets d’examens et de concours ». Cette révision législative témoigne de la volonté des pouvoirs publics de criminaliser spécifiquement les nouvelles formes de fraude liées au numérique, comblant ainsi un vide juridique qui permettait aux fraudeurs d’échapper aux poursuites. Ces dispositions renforcent significativement les moyens d’action du parquet dans la lutte contre les réseaux organisés de triche et les individus qui exploitent les failles technologiques du système d’examen. Du côté éducatif, le représentant de la direction de l’éducation Alger-Centre, Samir Saadi, a révélé que « le ministère de l’Education a mis en place un arsenal de mesures préventives et dissuasives avec l’implication de plusieurs corps de sécurité ainsi que des partenaires juridiques pour faire partie intégrante de ces mesures ». Cette approche préventive complète le volet répressif en agissant en amont pour décourager les tentatives de fraude et renforcer la culture de l’intégrité académique.

Les recommandations adoptées à l’issue de cette journée d’étude dessinent les contours d’une stratégie technologique ambitieuse. Les participants ont préconisé « la nécessité de doter les centres d’examens et de concours de dispositifs électroniques de détection de la triche » et de « fournir des systèmes de brouillage des communications », transformant ainsi les centres d’examen en véritables forteresses technologiques. Cette modernisation s’accompagne d’une exhortation aux « établissements du secteur de l’enseignement supérieur et de l’éducation nationale à adopter une stratégie globale de lutte contre la triche », étendant la démarche à l’ensemble du système éducatif algérien.

La dimension éthique et religieuse n’a pas été négligée dans cette approche globale, les participants recommandant « d’impliquer les mosquées dans l’organisation de séminaires religieux pour expliquer que la triche est contraire aux principes de notre religion ».

Chokri Hafed

admin

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