Comment les barons de la spéculation opèrent !
Les autorités viennent de porter un coup sévère aux réseaux de spéculation qui gangrènent l’économie nationale. Dans une opération retentissante menée par le Pôle pénal économique et financier de la Cour d’Alger, deux importateurs véreux ont été placés en détention provisoire pour avoir orchestré un système criminel sophistiqué de fraude fiscale et de manipulation des prix. Le Parquet de la République près le Pôle pénal économique et financier du tribunal de Sidi M’hamed vient en effet de dévoiler une affaire retentissante qui illustre parfaitement les méthodes criminelles utilisées par les barons de la spéculation pour s’enrichir illicitement. « Conformément aux dispositions de l’article 11 du Code de procédure pénale, le Parquet de la République près le Pôle pénal économique et financier informe l’opinion publique qu’à la suite d’informations faisant état d’importation illégale de bananes via le port d’Annaba par des opérateurs économiques, ayant recours à des manœuvres frauduleuses en vue d’augmenter les prix et d’en tirer des profits illicites, une enquête préliminaire a été ouverte », indique le communiqué officiel. Les deux suspects, véritables barons de la spéculation, avaient mis en place un réseau criminel d’une redoutable efficacité basé sur la création de sociétés écrans, l’utilisation de faux registres de commerce, la falsification de documents officiels et l’imitation de sceaux de l’État. Ces pratiques leur permettaient d’obtenir des avantages indus et d’échapper au fisc, causant des pertes considérables aux finances publiques. L’enquête, déclenchée par des informations faisant état d’importations suspectes de bananes, a mis au jour des méthodes criminelles particulièrement élaborées. Cette investigation a permis de « découvrir un réseau criminel qui se livrait à la création de sociétés fictives, à l’usage de faux registres de commerce, à la falsification de documents de commerce et à l’imitation de cachets de l’État en vue de l’obtention d’avantages indus et à l’évasion fiscale, occasionnant ainsi d’énormes pertes au Trésor public ». Les méthodes employées révèlent une organisation criminelle sophistiquée exploitant les failles du système économique national. « A l’issue de l’enquête préliminaire, deux membres de ce réseau ont été déférés devant le Parquet de la République et une information judiciaire a été ouverte pour constitution d’une association de malfaiteurs en vue de préparer des infractions de spéculation illicite, évasion fiscale, blanchiment d’argent et de produits criminels, en utilisant les facilités offertes par l’exercice d’une activité professionnelle dans le cadre d’une organisation criminelle structurée, faux et usage de faux en écritures de commerce et imitation de sceaux de l’État », précise le procureur. Les fraudeurs exploitaient les facilités offertes par leur activité professionnelle pour blanchir l’argent sale et réaliser des profits illicites en manipulant artificiellement les prix. Cette affaire illustre parfaitement les mécanismes utilisés par les spéculateurs pour détourner les dispositifs légaux à leur profit. En créant des sociétés fictives et en falsifiant des documents commerciaux, ces réseaux criminels parviennent à échapper aux contrôles tout en bénéficiant d’avantages fiscaux réservés aux entreprises légitimes. Le placement en détention provisoire de ces deux opérateurs marque une étape importante dans la lutte contre la spéculation qui frappe de plein fouet le pouvoir d’achat des Algériens. L’affaire des bananes en est l’exemple le plus frappant : le prix de ce fruit avait atteint des sommets vertigineux, dépassant les 800 dinars le kilogramme, avant que les autorités n’interviennent pour le plafonner à 450 dinars. Cette hausse artificielle était directement liée aux manœuvres frauduleuses de ces importateurs peu scrupuleux. Les autorités judiciaires ne comptent pas s’arrêter là. L’instruction se poursuit pour démanteler entièrement ce réseau et identifier tous ses complices. Cette offensive judiciaire s’inscrit dans une stratégie plus large de lutte contre les crimes économiques et financiers qui portent atteinte à l’économie nationale. Elle envoie un signal fort aux spéculateurs : l’impunité, c’est fini.
Amar Malki