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Industrie automobile: Tebboune fixe ses objectifs

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présidé lundi une réunion du Conseil des ministres consacrée à l’examen de projets de loi stratégiques et à l’état d’avancement de l’industrie automobile nationale. Cette séance s’inscrit dans la volonté affichée des autorités de faire de ce secteur une véritable locomotive industrielle, tout en tirant les leçons des erreurs du passé.

Concernant l’industrie automobile, le Chef de l’État a d’emblée « salué les concessionnaires sincères qui œuvrent à asseoir une véritable industrie automobile, rompant ainsi avec l’histoire sombre de certains fraudeurs qui opéraient dans ce secteur avant 2019 ». Cette déclaration fait référence aux pratiques douteuses qui avaient entaché le secteur automobile algérien, notamment les importations de véhicules déguisées en montage local et les détournements de devises. Pour éviter la répétition de ces dérives, le président Tebboune a posé un cadre institutionnel strict. Il a « affirmé que les agréments relatifs à la construction et à l’importation de véhicules relevaient de la compétence exclusive du Conseil des ministres ». Cette centralisation des décisions vise à garantir une meilleure supervision et un contrôle rigoureux des acteurs du secteur.

L’approche adoptée par les autorités privilégie résolument l’intégration industrielle locale. Le président a « insisté sur la nécessité absolue d’impliquer les entreprises algériennes de sous-traitance qualifiées dans différentes spécialités de l’industrie automobile comme condition sine qua non ». Cette exigence s’accompagne d’un « ordre d’ouverture du secteur aux entreprises industrielles nationales dans le domaine de l’électricité automobile, des pièces de rechange et autres ».

L’ambition affichée dépasse le simple assemblage de véhicules pour viser une transformation structurelle de l’économie nationale. Le Chef de l’État a précisé que « l’objectif stratégique consiste à asseoir les bases d’une véritable industrie mécanique émergente à travers les projets de construction automobile en cours de réalisation, afin d’atteindre une contribution au produit intérieur brut (PIB) d’au moins 12% ».

Cette vision s’appuie sur une dynamique déjà enclenchée sur le terrain. L’industrie automobile algérienne connaît effectivement un développement remarquable avec l’implantation de plusieurs constructeurs. Fiat a mis en service son unité d’Oran en décembre 2023, tandis que des marques chinoises comme Chery, Jetour, JAC, Geely ou encore le coréen Hyundai s’inscrivent également dans cette démarche. Un protocole d’accord principal a été conclu entre le ministère de l’Industrie et treize constructeurs automobiles, tant étrangers que locaux, avec pour objectif l’intégration progressive de composants produits localement et l’accompagnement des fabricants nationaux.

Pour structurer cette filière en plein développement, le ministère a récemment mis en place deux commissions dédiées à la structuration de la filière des pièces détachées. La première commission d’orientation définit la stratégie globale et assure la coordination entre les acteurs économiques, tandis que la seconde, axée sur les études et l’ingénierie, se charge des aspects techniques, notamment la définition des normes et standards de qualité. Cette approche méthodique vise à créer un écosystème automobile durable et compétitif en Algérie.

Blanchiment d’argent : la riposte de Tebboune

En préambule de cette réunion, le Conseil des ministres a approuvé deux projets de loi d’importance majeure relatifs à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, ainsi qu’à la protection des personnes physiques dans le traitement des données à caractère personnel. Le président Tebboune a souligné que « l’Algérie avait instauré des règles et des mécanismes de contrôle rigoureux en matière de lutte contre toutes les formes de corruption, et ce, après avoir franchi des étapes importantes dans la lutte contre toutes les formes de criminalité, notamment celles liées aux aspects financiers, ainsi qu’en matière de protection des personnes ». Une réponse claire à la récente introduction de l’Algérie dans la lite de l’UE ppur les pays à risque en matière de blanchiment et qui ne peut être interprétée que comme une tentative européenne de faire pression sur l’Algérie.

Rappelons dans ce contexte que l’Algérie a entrepris d’importantes réformes de son dispositif juridique qu’elle a musclé pour s’adapter aux exigences du GAFI avec lequel elle coopère. Ces mesures s’inscrivent dans une démarche globale de modernisation du cadre législatif et réglementaire, visant à renforcer la transparence et la gouvernance dans tous les secteurs d’activité. Par ailleurs, face aux risques saisonniers, le Chef de l’État a « ordonné d’élever au maximum le niveau de vigilance dans les semaines à venir en prévision de la hausse des températures » et de « faire preuve d’une extrême prudence lors des opérations de récolte ». Il a également insisté sur la mobilisation de tous les moyens et la coordination des efforts dans un cadre proactif pour parer d’éventuels incendies.

Samir Benisid

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