Les œuvres de Nacer-Eddine Dinet exposée à Médéa : Un dialogue entre tradition et modernité

L’art du début du XXe siècle retrouve une nouvelle jeunesse grâce à l’exposition « De l’inspiration de l’histoire, des lettres qui dessinent et des couleurs qui racontent », inaugurée lundi au musée national des Arts et des Traditions populaires de Médéa. Cette manifestation culturelle, fruit d’une collaboration entre l’institution médinoise et le musée national Nacer-Eddine Dinet de Boussaâda, offre au public une plongée fascinante dans l’univers pictural du célèbre peintre français naturalisé algérien. Une vingtaine de toiles de Nacer-Eddine Dinet (1861-1929), né Etienne Dinet, sont ainsi accessibles au public jusqu’à la fin juillet. Ces œuvres témoignent de la passion singulière d’un artiste occidental pour la culture algérienne, particulièrement celle de Boussaâda, où il s’établit définitivement à la fin du XIXe siècle. Leila Bouaza, directrice du musée national Nacer-Eddine Dinet de Boussaâda, souligne que l’artiste « a le mieux peint et représenté la réalité du quotidien des habitants de la ville de Boussaâda où il s’est établi à la fin du 19è siècle ».

L’exposition révèle la dimension profondément humaine de l’art de Dinet, qui transcende le simple exotisme orientaliste de son époque. Les toiles présentées racontent chacune une histoire authentique, des scènes du vécu quotidien des habitants de cette oasis qui a su séduire tant de visiteurs étrangers. Leila Bouaza explique que Dinet « a réussi à immortaliser, à travers la magie de son pinceau et son style particulier, aussi bien les scènes de joie, de tristesse, les expressions de chagrin, que les moments de piété, de prière et de recueillement ». Cette authenticité artistique trouve sa source dans une collaboration exceptionnelle entre l’artiste et Slimane Benbrahim, guide touristique qui l’accompagna pendant plus de trente ans. Ensemble, ils créèrent de nombreux ouvrages littéraires, dont « Tableaux de la vie arabe », « Le Printemps des cœurs », « L’Orient vu de l’occident » et « Le Désert », œuvres dont Dinet transforma certains sujets en créations picturales. Cette synergie intellectuelle et artistique illustre la profondeur de l’intégration culturelle de l’artiste dans la société algérienne de son temps.

L’exposition de Médéa ne se contente pas de présenter les œuvres traditionnelles mais inaugure une démarche novatrice avec l’introduction de l’intelligence artificielle dans la présentation muséale. Le musée national Nacer-Eddine Dinet présente son projet d’exposition virtuelle des œuvres de l’artiste, une initiative qui vise à « faire découvrir aux visiteurs la collection du peintre et les plonger dans l’ambiance de cette époque ». Leila Bouaza justifie cette approche en précisant que « le recours à l’intelligence artificielle est un choix dicté par la transformation numérique et technologique que connait le monde et qui est en mesure de contribuer à reconquérir le public perdu au cours des dernières années, en le réconciliant avec les allées des musées ». Une conférence consacrée à l’intelligence artificielle et son apport au patrimoine sera organisée en marge de l’exposition, complétée par un atelier de peinture destiné aux enfants. Samia Younsi, directrice du musée national des Arts et des Traditions populaires de Médéa, inscrit cette initiative dans une démarche plus large de « renforcement des échanges culturels et des expériences entre les établissements museaux, ainsi que la mise en valeur et la promotion des collections appartenant aux différents établissements culturels du pays ». Mohand S.