Banque d’Algérie: Une application mobile pour réserver le droit de change !
Une application mobile permettra bientôt aux Algériens de réserver leur droit de change depuis leur smartphone et d’imprimer leur reçu sans se déplacer en agence. Le vice-gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Benbahane, a annoncé mercredi le lancement imminent de cette plateforme numérique, une première dans le secteur bancaire national qui vise à fluidifier l’accès aux devises pour les voyageurs.
Dans une déclaration à la Radio nationale, le responsable a précisé que « la BA s’apprête à lancer une application numérique permettant aux citoyens de payer, directement depuis leurs comptes bancaires, les frais liés au nouveau droit de change pour voyage à l’étranger, avec la possibilité d’imprimer le reçu de paiement à distance, sans avoir à se déplacer à la Banque ». L’application se trouve actuellement « dans sa phase finale en prévision de son lancement officiel » et « permettrait, à l’avenir, d’obtenir une carte devise ». Cette innovation « s’inscrit dans le cadre de la numérisation de tout le processus de réservation du droit de change, en vue de le simplifier et d’en assurer la fluidité au profit des citoyens », a expliqué M. Benbahane. Cette annonce intervient dans le contexte du démarrage opérationnel du nouveau système de réservation du droit de change, lancé dimanche dernier simultanément dans la succursale de la Banque d’Algérie à Zighoud Youcef dans la capitale et dans « l’ensemble des succursales de la BA et des banques concernées à travers le territoire national ». Le vice-gouverneur a assuré que « tous les moyens humains et logistiques nécessaires avaient été mobilisés pour assurer le succès de cette opération », soulignant qu’elle fait l’objet d’un « suivi rigoureux par les responsables de la BA, en vue de permettre aux citoyens d’obtenir leur allocation touristique en devise au niveau des aéroports, ports et postes frontaliers dans les meilleures conditions ».
L’infrastructure déployée révèle l’ampleur exceptionnelle du dispositif mis en place par la Banque centrale. M. Benbahane a détaillé l’ouverture de « guichets dédiés à la réservation du droit de change au niveau des postes frontaliers, des aéroports et des ports », chiffrant précisément cette capacité d’accueil à « 40 guichets aux aéroports, 17 aux ports, près de 24 aux postes frontaliers terrestres, et 4 guichets à la gare ferroviaire de Souk Ahras, tous approvisionnés en devise destinée aux citoyens ». Cette couverture territoriale s’accompagne d’une disponibilité maximale puisque « ces guichets sont ouverts 24 heures sur 24 au niveau des points de sortie », avec la garantie d’une adaptation en temps réel des capacités : « la possibilité d’ouvrir d’autres guichets supplémentaires si besoin est, afin d’assurer la fluidité du service ».
Les règles de fonctionnement du nouveau système imposent des contraintes temporelles strictes qui conditionnent l’accès aux devises. Concernant « le règlement de la contre-valeur de droit en dinars », M. Benbahane a précisé que « le citoyen doit effectuer le paiement en monnaie nationale auprès de la banque compétente, au plus tard trois jours ouvrés avant la date du voyage », justifiant cette obligation par la nécessité de permettre « à la BA de garantir la disponibilité des liquidités en devise ». Cette planification anticipée vise à éviter les ruptures de stock qui ont longtemps caractérisé le marché des changes en Algérie.
Le système prévoit également des mécanismes de remboursement en cas de modification des projets de voyage. « En cas d’annulation du voyage, quelle qu’en soit la raison, ou de réduction de la durée du séjour à l’étranger », a indiqué le vice-gouverneur, « le bénéficiaire doit restituer le montant en devises à la BA dans un délai ne dépassant pas cinq jours, afin de récupérer son équivalent en dinars algériens ». Cette clause de récupération traduit la volonté des autorités monétaires de maintenir un contrôle strict sur les flux de devises tout en préservant les droits des usagers.
Parmi les mesures administratives du dispositif figure l’exigence d’un justificatif de paiement de la taxe carburant, une mesure qui a suscité des interrogations. M. Benbahane a clarifié que « cette taxe concerne exclusivement les citoyens voyageant avec leur propre véhicule, qui doivent s’en acquitter auprès des guichets de la Direction des impôts, répartis sur le territoire national ». Cette précision délimite le champ d’application de cette obligation fiscale aux seuls voyageurs motorisés, excluant de facto les autres modes de transport.
L’ouverture du système à d’autres établissements bancaires fait l’objet d’une approche sélective basée sur des critères techniques rigoureux. « Concernant l’association d’autres banques à l’opération de réservation du nouveau droit de change », a expliqué le responsable, « la BA autorisera toute banque activant dans le domaine du change, sous réserve qu’elle réussisse les tests techniques menés en coordination avec la Direction de l’informatique et la Direction du développement relevant de la Banque centrale ». Cette conditionnalité technique vise à garantir la sécurité informatique et l’interopérabilité des systèmes avant tout élargissement du réseau de distribution.
Le déploiement de ce nouveau dispositif s’inscrit dans une stratégie plus large de modernisation du secteur bancaire algérien, confronté aux défis de la digitalisation et aux attentes croissantes d’une clientèle habituée aux services en ligne. L’enjeu dépasse la simple facilitation administrative pour toucher aux questions fondamentales de gouvernance économique et de gestion des réserves de change dans un contexte de contraintes budgétaires persistantes.
Sabrina Aziouez