Économie

Gaz naturel : L’AIE table sur une reprise de la demande en 2026

Après un ralentissement marqué en 2025 causé par la tension des marchés qui a poussé les prix à la hausse, des équilibres plus favorables se dessinent à l’horizon pour le secteur gazier mondial, bien que d’importantes incertitudes persistent selon le dernier rapport trimestriel de l’Agence internationale de l’énergie. L’organisme basé à Paris et qui défend les intérêts des pays consommateurs de pétrole et de gaz prévoit une reprise de la croissance de la demande mondiale de gaz naturel en 2026, après une période de contraction cette année. Cette évolution s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe où les fondamentaux du marché sont restés tendus durant le premier semestre 2025, résultat d’une combinaison de facteurs défavorables incluant la baisse des exportations russes de gaz par pipeline vers l’Union européenne, une croissance relativement modeste de la production de gaz naturel liquéfié et des besoins accrus de stockage en Europe.

Dans ce contexte d’incertitude macroéconomique élevée, la croissance de la demande mondiale de gaz naturel devrait ralentir significativement, passant de 2,8% en 2024 à environ 1,3% en 2025, selon les projections de l’AIE. Cette augmentation limitée cette année devrait être presque entièrement portée par l’Amérique du Nord et l’Europe, tandis que la croissance de la consommation dans la région Asie-Pacifique, où de nombreux marchés se montrent sensibles aux prix élevés, devrait chuter à son rythme annuel le plus faible depuis la crise énergétique de 2022. Toutefois, l’horizon 2026 s’annonce plus prometteur avec une accélération attendue de la croissance de la demande mondiale autour de 2%, stimulée par une augmentation considérable de l’offre de gaz naturel liquéfié qui devrait assouplir les fondamentaux du marché et favoriser une croissance plus forte de la demande en Asie.

L’année 2026 marquera un tournant décisif avec une hausse prévue de 7% de l’approvisionnement en GNL, soit 40 milliards de mètres cubes, représentant la plus forte augmentation depuis 2019 grâce à la mise en service de nouveaux projets aux États-Unis, au Canada et au Qatar. Cette vague d’approvisionnement s’accompagne d’un contexte géopolitique particulièrement volatil, notamment au Moyen-Orient, région dont les tensions ont alimenté la récente volatilité des prix selon Keisuke Sadamori, directeur des marchés énergétiques et de la sécurité à l’AIE, qui souligne que « le contexte des marchés gaziers mondiaux évolue alors que nous entrons dans la seconde moitié de cette année et regardons vers 2026 ».

L’analyse des performances régionales révèle des disparités importantes. En Europe, la consommation de gaz naturel a augmenté de 6,5% en glissement annuel au premier semestre 2025, principalement soutenue par le secteur électrique dans un contexte de production d’électricité réduite par l’éolien et l’hydraulique. Cette situation, bien qu’elle ne doive pas être interprétée comme une tendance structurelle, illustre le rôle clé que jouent souvent les centrales à gaz pour assurer la sécurité d’approvisionnement électrique dans les marchés avec des parts plus élevées d’énergies renouvelables variables. À l’inverse, la demande chinoise de gaz naturel a diminué d’environ 1% en rythme annuel, les importations de GNL du pays chutant de plus de 20%. En Amérique du Nord, la demande a progressé de 2,5% par rapport à la même période l’année précédente, cette croissance étant concentrée au premier trimestre lorsque des conditions météorologiques plus froides ont stimulé l’usage gazier dans les bâtiments. 

Samira Ghrib

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