Culture

Un programme de réformes ambitieuses dans le secteur de la culture : Une révolution silencieuse

L’Algérie connaît depuis le début de l’année 2025 une transformation radicale de son secteur culturel et artistique, portée par une série de réformes législatives d’une ampleur inédite.

Cette modernisation du cadre juridique, conduite par le ministère de la Culture et des Arts, s’inscrit dans la vision stratégique des plus hautes autorités du pays et témoigne d’une volonté politique forte de faire de la culture un véritable levier de transformation économique et sociale dans l’Algérie nouvelle. Cette révolution silencieuse se matérialise par la promulgation de décrets exécutifs et de décisions réglementaires qui redessinent entièrement l’architecture institutionnelle du secteur culturel. L’objectif affiché est clair : créer un environnement propice à la créativité, valoriser la condition de l’artiste et positionner la culture comme un secteur économique à part entière, capable de générer de la richesse et de l’emploi tout en préservant l’identité nationale. Au cœur de cette réforme figure la restructuration complète de l’industrie cinématographique algérienne. Le décret exécutif N° 25-196 du 13 juillet dernier, publié au Journal officiel N° 49 du 28 juillet, a procédé à la réorganisation du Centre national du cinéma et de l’audiovisuel, désormais rebaptisé Centre national du cinéma. Cette transformation ne relève pas d’un simple changement de dénomination mais constitue une refonte totale de la mission et des prérogatives de cette institution stratégique. Le nouveau Centre national du cinéma devient l’outil structurel principal de mise en œuvre de la politique nationale cinématographique, conformément aux conclusions des Assises nationales du cinéma organisées les 19 et 20 janvier sous le haut patronage du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Cette réforme répond aux revendications des professionnels du secteur qui réclamaient depuis longtemps une simplification des procédures administratives et une centralisation des services. Le Centre se voit désormais confier la mission d’organiser et d’accompagner l’activité cinématographique dans son ensemble, de délivrer les autorisations et visas nécessaires, d’accompagner les projets d’investissement et de gérer les aides publiques destinées aux œuvres cinématographiques. Cette centralisation transforme le Centre en guichet unique pour toutes les démarches liées à l’industrie cinématographique, facilitant considérablement l’accès des professionnels aux différents services administratifs et techniques. Cette mesure pragmatique devrait permettre de fluidifier les processus de production et d’encourager l’investissement privé dans le secteur, créant ainsi les conditions d’un véritable essor de l’industrie cinématographique nationale.

Parallèlement à cette restructuration, le décret exécutif N° 25-198 crée pour la première fois une Autorité de médiation, de déontologie et d’éthique de l’activité cinématographique. Cette instance nationale inédite répond à un besoin crucial de régulation d’un secteur en pleine expansion. Elle sera chargée d’élaborer une charte déontologique et d’en assurer le respect, de jouer un rôle de médiation entre les professionnels du secteur, de promouvoir une concurrence loyale et de protéger les droits des acteurs de la filière cinématographique.

Cette autorité indépendante constitue une avancée majeure dans la professionnalisation du secteur, contribuant à améliorer les performances, garantir la qualité des activités cinématographiques et promouvoir l’industrie du cinéma sur des bases éthiques solides. Elle témoigne de la maturité d’un secteur qui se dote d’instruments d’autorégulation modernes et efficaces.

Dans une logique de démocratisation de l’accès aux moyens de production culturelle, le décret exécutif N° 25-199 du 13 juillet révolutionne l’organisation économique du secteur en définissant les modalités de création et de gestion des coopératives artistiques. Ce texte juridique pionnier, premier du genre à encadrer ce type d’institutions culturelles, vise à permettre une dynamique économique durable dans la production culturelle, par et pour les passionnés et professionnels du monde de la culture et des arts. Cette innovation législative constitue un véritable acquis historique pour les artistes de tous horizons, consolidant les fondements du travail solidaire et professionnel tout en offrant un cadre légal garantissant la transparence et accompagnant les mutations numériques et économiques contemporaines. Les coopératives artistiques fournissent aux créateurs un espace professionnel durable qui protège leurs droits et renforce leur production culturelle et artistique, tant sur le plan matériel que moral. L’effort de démocratisation culturelle se poursuit dans le domaine de la lecture publique avec la publication, dans le Journal officiel N° 52 du 17 août, d’un arrêté interministériel daté du 24 juillet 2025 prévoyant la création de quinze nouvelles bibliothèques dans plusieurs wilayas du pays. Cette initiative s’inscrit dans un programme national ambitieux visant à doter chaque commune d’au moins une bibliothèque, dans le cadre d’un réseau national couvrant l’ensemble du territoire national.

Cet élargissement du réseau des bibliothèques publiques vise à généraliser les espaces de lecture, encourager la pratique de la lecture et renforcer les bibliothèques publiques en tant que pilier essentiel de la promotion de l’action culturelle. L’ensemble de ces mesures législatives et réglementaires, par leur diversité et leur ampleur, matérialise une vision intégrée visant à établir une base juridique renouvelée pour le secteur culturel et artistique. Cette refonte globale répond aux exigences contemporaines de la gouvernance tout en relevant les défis actuels du secteur, offrant aux artistes et créateurs un cadre professionnel souple et efficace, adapté aux réalités du XXIe siècle.

Mohand Seghir

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *