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Les messages de Tebboune

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé vendredi soir que l’Algérie entrera en 2026 dans une phase de modernisation électronique complète du pays et de l’Armée nationale populaire, tout en réaffirmant l’engagement de l’État à maintenir son caractère social malgré les défis économiques, lors d’une allocution devant les cadres et personnels de l’ANP au siège du ministère de la Défense nationale. Le chef de l’État a également évoqué les transformations géopolitiques régionales, la lutte contre le narcotrafic et la récupération de près de 30 milliards de dollars de fonds détournés durant la période de la « Issaba ».

Dans une page spéciale diffusée par la Télévision algérienne et consacrée à sa visite de jeudi au ministère de la Défense nationale, le président Tebboune a dessiné les contours d’une vision stratégique globale mêlant puissance militaire, développement économique et positionnement diplomatique. Cette intervention intervient dans un contexte marqué par des mutations rapides aux niveaux régional et international, et alors que l’Algérie s’apprête à franchir le cap des 50 millions d’habitants dans les trois prochaines années. Au cœur de son allocution, le président de la République a placé la modernisation technologique comme priorité absolue pour l’année à venir. « L’Algérie entrera en 2026 dans une phase de modernisation électronique complète du pays et de l’ANP afin de renforcer ses capacités défensives », a-t-il déclaré, établissant un lien indissociable entre puissance économique et puissance militaire. Selon le chef suprême des Forces armées, « puissance économique et puissance militaire vont de pair » et « l’État qui veut préserver sa souveraineté et l’indépendance de ses positions doit avoir une économie forte et une armée forte ». Cette vision s’inscrit dans une reconnaissance appuyée du rôle de l’institution militaire dans l’édification de l’Algérie nouvelle.

Une armée « redoutable » face aux guerres hybrides

Le Président Tebboune a, à l’occasion, salué hautement « les sacrifices et le professionnalisme du Haut commandement de l’ANP dans l’accomplissement de ses nobles missions de défense de notre pays, de sa souveraineté et de l’intégrité de son territoire ». Ces efforts ont permis, a-t-il dit, de « franchir des étapes considérables dans le processus d’édification de l’Algérie nouvelle et victorieuse » et d' »avancer d’un pas sûr et confiant sur la voie du renforcement des vecteurs de l’essor stratégique de notre pays, grâce au dévouement, à la loyauté et à l’abnégation de ses enfants qui resteront fidèles au message de nos glorieux aïeux et ne ménageront aucun effort pour réaliser le rêve de nos valeureux martyrs, ceux des résistances populaires et de notre glorieuse Révolution de libération nationale, mais aussi les martyrs du devoir national qui ont préservé l’État algérien et son caractère républicain ». Le chef de l’État a particulièrement mis en avant les capacités d’adaptation de l’ANP aux nouvelles formes de conflictualité. « L’Armée nationale populaire est désormais redoutable, car elle a su s’adapter aux guerres hybrides et cybernétiques et à l’intelligence artificielle », a-t-il affirmé, saluant le « niveau de professionnalisme atteint par l’ANP et la place qu’elle occupe à l’échelle internationale ». L’institution militaire constitue aujourd’hui « une école supérieure de patriotisme, de défense farouche de notre liberté et de l’intégrité du territoire national, et de fidélité au message du 1er Novembre 1954 », a-t-il ajouté. Le président de la République a évoqué le rôle majeur de l’ANP dans le développement national à travers l’industrie militaire, ce qui en fait l’objet de l’admiration de plusieurs dirigeants africains ayant visité l’Algérie. Le chef de l’État a par ailleurs réaffirmé que « le climat favorable à l’investissement qui prévaut aujourd’hui en Algérie et l’afflux d’investisseurs nationaux et étrangers découle de la stabilité sécuritaire assurée par l’Armée nationale populaire et les Forces de sécurité ».

Troisième économie africaine

Sur le plan économique, le président de la République a dressé un bilan positif des réalisations nationales, mettant en avant les réalisations qui font la fierté de l’Algérie à tous les niveaux et dans tous les domaines. Il a salué le « franc succès » de la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine accueillie récemment par l’Algérie, « un événement où s’est concrétisée la volonté sincère de l’Algérie de contribuer à une intégration économique forte du continent africain ». Le président Tebboune a rappelé que l’économie algérienne fait l’objet des éloges des institutions financières et économiques internationales, notamment après la réalisation du taux de croissance le plus élevé du bassin méditerranéen. « Malgré des pronostics défavorables, l’économie algérienne a progressé dans le classement de la Banque mondiale, devenant la troisième économie en Afrique », a-t-il précisé, ajoutant que l’Algérie deviendra bientôt un pays producteur de phosphate avec une moyenne annuelle de 10 millions de tonnes. Il a également annoncé que « 17.000 projets d’investissement sont actuellement au niveau du guichet unique », qu’il a qualifié d' »ennemi juré de la corruption et de la bureaucratie ». Dans le même contexte, le président de la République a rappelé son engagement à renforcer les capacités de l’industrie nationale et à porter à 13% sa contribution au revenu national, soulignant que le développement touche aujourd’hui directement les citoyens, notamment les jeunes. Le président de la République a, à cet égard, réaffirmé sa volonté de promouvoir le rôle de la jeunesse dans la gestion des affaires publiques et sa contribution au développement de l’économie nationale, à travers l’encouragement de la création des start-up, avec pour objectif d’atteindre « 20.000 start-up ».

Combat contre les stupéfiants visant à « anéantir l’avenir du pays »

Cette orientation en faveur de la jeunesse s’inscrit dans une volonté plus large de préserver la société face aux menaces qui la visent. Le président Tebboune a salué le rôle de l’ANP et des différentes institutions sécuritaires dans la lutte contre le fléau des stupéfiants qui vise à « saper les fondements de la société, notamment la jeunesse », en tentant d' »inonder l’Algérie de drogues pour anéantir l’avenir du pays et son principal pilier : la jeunesse ».

Cette mobilisation sécuritaire s’accompagne d’une lutte déterminée contre la corruption à tous les niveaux.

30 milliards de dollars récupérés de la « Issaba »

Le président Tebboune a souligné la détermination de l’État à « poursuivre la lutte contre la corruption » et à « récupérer les biens détournés au temps de la Issaba », faisant état de la récupération de près de « 30 milliards de dollars » de fonds et biens immobiliers détournés. Cette somme considérable témoigne de l’ampleur du phénomène durant la période antérieure et de la volonté des autorités d’assainir l’environnement économique national. Sur l’avenir du pays à la lumière des projections selon lesquelles il devrait atteindre 50 millions d’habitants dans les trois prochaines années, le président de la République a insisté sur la nécessité de créer de nouvelles richesses, de conforter la stabilité nationale et de poursuivre les efforts visant à garantir la sécurité alimentaire, l’autosuffisance en produits de base, ainsi que l’accès au logement et à l’emploi. Dans ce cadre, le président de la République a assuré que l’État ne renoncera pas à son caractère social, malgré les répercussions financières croissantes, et œuvrera à l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens par le biais de nouvelles augmentations dans les salaires et certaines allocations. Au volet international, le président de la République a estimé que « les transformations rapides qui s’opèrent aux niveaux régional et international nous imposent, plus que jamais, de réaffirmer notre détermination à relever les défis et à remporter les enjeux, à travers une prise de conscience élevée et une mobilisation sans faille au service des intérêts suprêmes du pays ».

Des engagements diplomatiques constants

Après avoir réaffirmé que les frontières nationales sont sécurisées grâce à la puissance et à la vigilance de l’Armée nationale populaire, le président de la République a assuré que « l’Algérie n’a pas atteint le point de non-retour dans ses relations avec certains pays du Sahel », soulignant « l’importance de préserver les relations de voisinage et de tenir compte des relations de coopération historiques ». Concernant la situation en Libye, le président de la République a affirmé une nouvelle fois que l’Algérie ne s’immisce pas dans les affaires intérieures de la Libye et ne nourrit aucune convoitise dans ce pays frère, appelant à préserver l’unité nationale libyenne par l’organisation des élections.

Le président de la République a, par ailleurs, souligné que « la cause palestinienne a trouvé, pour la première fois, un fervent défenseur au Conseil de sécurité, grâce aux positions honorables de l’Algérie » qui exigent une indépendance politique et économique. Il a, dans ce contexte, appelé de ses vœux la mise en œuvre effective de l’accord de cessez-le-feu à Gaza pour mettre fin au génocide commis contre le peuple palestinien, rappelant que la seule solution à la question palestinienne demeure la création de l’État palestinien sur les frontières de 1967 avec El-Qods pour capitale.

Un projet israélien de bombardement du Club des Pins en 1988

Il a dans ce sens évoqué pour la première fois un projet israélien de bombardement du club des Pins en 1988. « C’est ici que l’État palestinien a été proclamé, avec tous les dangers qu’il y avait à l’époque. Vous, les officiers de l’armée, êtes au courant des menaces qui étaient ourdies contre l’Algérie, y compris le bombardement de club des pins », a déclaré le chef de l’État devant les cadres de l’ANP.  « Mais, a-t-il ajouté, l’Algérie n’a pas reculé, parce que nous n’avons aucun intérêt, sauf notre conscience vis-à-vis d’un peuple qui se bat contre la colonisation. Nous n’avons pas d’autre but. »

Concernant la question du Sahara occidental, le président de la République a souhaité que ce dossier trouve son dénouement aux Nations unies et que le peuple sahraoui jouisse de son droit à l’autodétermination, assurant que l’Algérie n’abandonnera pas le peuple sahraoui. Le président de la République a, d’autre part, indiqué que les relations avec la Tunisie « sont excellentes », se disant confiant en la capacité de ce pays frère à sortir de la conjoncture économique qu’il traverse. Le président de la République s’est également félicité des bonnes relations bilatérales que l’Algérie entretient avec les pays du Golfe, « à l’exception d’un seul pays », réaffirmant que l’Algérie « rejette toute ingérence dans ses affaires internes ». Cette allocution présidentielle dessine ainsi les contours d’une stratégie globale articulant modernisation militaire et technologique, développement économique endogène, préservation du modèle social, lutte contre les fléaux transnationaux et positionnement diplomatique fondé sur les principes de non-ingérence et de soutien aux causes justes.

Salim Amokrane

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