Le gouvernement espagnol cède au chantage du Makhzen : L’indignité de Madrid !
Alors que le monde a les yeux rivés sur le conflit russo-ukrainien, que le monde est en ébullition se preparant à une grave crise économique et humanitaire sans précèdent et la crainte d’un déclenchement d’une troisième guerre mondiale, l’Espagne par la voix de son président du gouvernement allume une nouvelle mèche capable d’embraser encore plus la région du Maghreb.
Inconscient, motivé ou désabusé, Pedro Sanchez aura réussi à fissurer son propre gouvernement en prenant unilatéralement la décision de se ranger du côté de l’occupant marocain en dépit des efforts de l’ONU et de la communauté internationale à propos de la question du Sahara occidental. Une décision qui risque d’ailleurs d’affecter les relations algéro-espagnoles. D’ailleurs l’Algérie a promptement réagit à ce parti pris et a rappelé son ambassadeur pour consultations.
« Très étonnées par les déclarations des plus hautes autorités espagnoles relatives au dossier du Sahara occidental, les autorités algériennes, surprises par ce brusque revirement de position de l’ex-puissance administrante du Sahara occidental, ont décidé le rappel de leur ambassadeur à Madrid pour consultations avec effet immédiat ». C’est ce qu’indique, hier, un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger. D’ailleurs, ce « brusque » revirement de position opéré par Madrid à propos de la question sahraouie surprend tout le monde y compris la classe politique espagnole.
Un revirement que le Gouvernement de Pedro Sanchez n’arrive même pas à assumer, tant le communiqué qu’il a publié à ce propos et laconique.
Dans un communiqué, le parti populaire interpelle en toute urgence le président du gouvernement, Pedro Sanchez, pour «expliquer l’envoi d’une lettre au roi Mohamed VI dans laquelle il soutient l’autonomie du Sahara proposée par le Maroc, la considérant comme la plus sérieuse, réaliste et crédible pour résoudre le conflit». Jugeant «intolérable que ce changement d’une position politique traditionnellement consensuelle», le PP ironise sur « la manière dont Pedro Sanchez comprend la politique de l’Etat» estimant que « l’image extérieure de l’Espagne est à nouveau à son niveau le plus bas de l’histoire de la démocratie ». Il «exige de connaître le contenu de la lettre envoyée au roi du Maroc» afin de faire une évaluation plus éclairée, anticipant que ce que la lettre offre au Maroc » et rappelle que «cette décision a aussi des implications pour notre politique énergétique dans laquelle l’Espagne dépend de l’Algérie pour l’approvisionnement en gaz» et se demande «si le Premier ministre a informé l’Algérie de cette décision, en espérant qu’elle ne sera pas le fruit d’une improvisation de plus ». En décidant de soutenir les thèses marocaines, le gouvernement espagnol aura ainsi cédé au chantage du Makhzen, habitué à recourir à l’immigration clandestine et au narcotrafic pour faire pression sur l’Espagne sur le dossier sahraoui. En mai dernier, le Makhzen qui ne lésine sur aucun moyen, encourage sournoisement une massive migration de sujets marocains qui ont rejoint l’enclave espagnole de Ceuta. « En deux jours, jusqu’à 12.000 migrants ont traversé la frontière de l’enclave espagnole, engloutissant » la ville de 80.000 habitants » rapportent les services de sécurité espagnols. Tout récemment, ce sont quelque 3700 migrants qui ont tenté de franchir l’enclave espagnole de Melilla, selon des médias espagnols locaux. Une situation qui a d’ailleurs poussé le Parlement européen à adopter une résolution dans laquelle il a « rejeté l’utilisation par le Maroc des mineurs non accompagnés, comme moyen de pression politique sur un Etat membre de l’Union européenne (UE) ».
Le Maroc dont les traditionnelles pratiques corruptrices aura-t-il eu raison de la volonté du gouvernement de Sanchez ? C’est ce que veulent savoir les formations politiques composant le gouvernement Sanchez qui risque de partir en éclat. L’on se rappelle du scandale qui a éclaboussé le palais royal espagnol poussant le roi Juan Carlos Ier à abdiquer car impliqué dans plusieurs scandales, notamment avec Mohammed VI, le roi du Maroc, qui lui a offert une parcelle de terrain près de la ville de Marrakech.
Bien que le Makhzen espère capitaliser sur cet énième manœuvre pour détourner l’opinion publique marocaine et calmer la rue qui gronde, cette démarche ne risque pas de se dresser contre la légitimité des revendications du peuple sahraoui à l’indépendance et à son droit à l’autodétermination.
D’ailleurs, en cédant au chantage du Makhzen, le gouvernement Pedro Sanchez s’est mis dans une situation qui le fragilise. Le fait est que Sanchez a réussi à se faire réélire à la tête du gouvernement espagnole au prix d’une coalition avec Podemos, parti de gauche espagnol issu du mouvement des indignés. Et bien entendu Podemos a toujours soutenu le Sahara occidental. Une position qui a d’ailleurs été réaffirmée par Yolanda Díaz, deuxième vice-présidente du gouvernement et ministre du Travail, issue de Podemos et qui a immédiatement pris ses distances avec la distance de Sanchez.
Le revirement du gouvernement espagnol est d’ailleurs considéré comme une indignité, dans la mesure que jamais l’Espagne n’avait soutenu ouvertement les thèses marocaines, se contentant d’une neutralité négative. D’ailleurs, le gouvernement Sanchez s’aliène l’ensemble de la classe politique, de la société civile et l’opinion publique espagnole qui souhaitent, au contraire voir leur gouvernement s’impliquer plus dans le soutien à la cause sahraouie. Selon un récent sondage, 70,7% des Espagnols estiment que le Sahara occidental « devrait être reconnu comme un territoire totalement libre indépendant. Aussi, 54,4% estiment que l’Espagne doit soutenir les Sahraouis dans leur lutte et leur guerre contre l’occupant marocain.
Azzedine Belferag