Tomate industrielle : Les agriculteurs veulent une révision des aides
Les producteurs de la tomate industrielle réclament la révision des aides que l’État a mises en place pour encourager la filière.
Les professionnels de la filière de la tomate industrielle affichent leur préoccupation quant à la hausse des prix des intrants et la baisse drastique de leurs marges. Certains petits producteurs parlent même de déficit du fait des quantités réduites qu’ils fournissent aux unités de transformation. « Les engrais et les pesticides exigés par l’itinéraire technique de la tomate industrielle sont de plus en plus chers », se sont accordés à dire bon nombre d’agriculteurs de cette filière stratégique. Certains fellahs de la commune de Berrahal dans la wilaya d’Annaba, déplorent les répercussions qui impactent aussi bien la qualité de la récolte que les bénéfices des fellahs. Au-delà, le risque de la réduction des superficies consacrées à la culture de la tomate industrielle plane, au vu des propos alarmants des professionnels de cette filière stratégique. Rappelons que la tutelle a décidé, pour l’amélioration des modalités de paiement des producteurs, de procéder au versement direct des aides dans les comptes des agriculteurs au lieu de compter sur les transformateurs. À noter qu’à l’instar des autres produits stratégiques comme le lait et les céréales, la tomate industrielle bénéficie d’un barème de subvention assez important. La prime dédiée aux agriculteurs de la filière de tomate industrielle est à hauteur de 16.000 DA par hectare cultivé, et de 4 DA supplémentaires sur chaque kilogramme livré aux unités de transformation. A ces subventions s’ajoutent également d’autres aides destinées aux collecteurs et aux transformateurs dans le but d’encourager la production locale et éradiquer l’importation du triple concentré de tomate. Le secteur de l’industrie, de son côté, offre des possibilités aux investisseurs de créer des unités de transformation afin d’améliorer la capacité de valorisation de la tomate. Cette filière qui convient-il de le rappeler a enregistré des « performances records » au cours des dernières années, notamment lors de la dernière campagne qui a donné une production nationale de plus de 23 millions de quintaux. Une récolte réalisée par les cinq pôles principaux de production en Algérie, à savoir Skikda, El Tarf, Guelma, Annaba et Ain Defla, en plus de quelques pôles émergents, tels que Chlef. Grâce à l’augmentation de la production de la tomate industrielle, l’Algérie a réussi à atteindre « une autosuffisance » en matière de double et de triple concentré de tomate. La réduction des importations de ces deux produits, depuis 2018, l’ arrêté définitif de leur importation depuis 2020, a permis une économie en devise de plus de 40 millions de dollars par an. Une embellie qui risque de ne pas durer si, les professionnels de cette filière stratégique décident de réduire les superficies de culture ou de changer carrément de type d’agriculture.
Sofia Chahine