Souveraineté alimentaire : Des experts plaident pour le développement des filières stratégiques
Des experts ont souligné hier lors d’une journée d’étude sur la sécurité alimentaire, organisée par l’Institut National d’ Etudes de Stratégies Globales (INESG la nécessité de développer une agriculture nationale axée sur les produits stratégiques. Consacrer davantage de surfaces aux productions de base notamment les céréales, les oléagineux et le sucre dans l’objectif de substituer progressivement la production locale aux importations a été parmi les principales recommandations des experts. Dans ce sens, le professeur d’économie agricole à l’Institut agronomique méditerranéen de Montpellier, Omar Bessaoud, qui est intervenu par visioconférence, a affirmé que la sécurité et la souveraineté alimentaires passent par l’optimisation des surfaces destinées à la production des produits de base afin d’améliorer les rendements, tout en tenant compte de l’aspect environnemental. « Cette démarche nécessite des investissements publics et un encadrement technique au profit des exploitants agricoles et plus d’incitations financières pour développer les projets agricoles locaux », a souligné M. Bessaoud.
Cet agro-économiste a insisté par ailleurs sur l’intérêt de promouvoir davantage les agricultures familiales et les productions vivrières, en mettant en avant le rôle des petits exploitants et leur familles dans l’approvisionnement du monde rural. Pour sa part, le politologue français, Bertrand Badie, qui est également intervenu par vision conférence a insisté aussi sur le développement des cultures de large consommation. A cet égard, il a dénoncé un « néolibéralisme » qui, a-t-il dit, impose aux pays du Sud de s’aligner sur un système agricole unique dont les conséquences sont souvent « désastreuses » sur l’environnement (surexploitation des sol, extinction de l’agriculture familiale et de l’agriculture locale, disparition de certains espèces animales et végétales). Pour sa part, l’ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, a évoqué la famine dans les pays du Sahel aggravée, selon lui, par le conflit en Ukraine. Il a estimé que les populations de ces pays « n’ont pas besoin de ratio alimentaire mais de programmes de co-développement leur permettant de cultiver leur propre terre et de développer leurs filières stratégiques ».
R.E.