Corruption au Parlement européen : Les réseaux du « Maroc Gate » mis à nu !
L’eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri est passé mardi aux aveux. Il a fait des révélations fracassantes sur l’existence d’un réseau criminel bien établi qui roule pour le régime marocain et qui à l’œuvre depuis une dizaine d’années.
Au cœur du « Maroc Gate », l’eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri, a livré des informations cruciales aux enquêteurs en charge de l’enquête sur les réseaux de corruption au Parlement européen. Le parlementaire, lié aux services de renseignements marocains, a reconnu avoir touché des pots de vin pour faire tomber les résolutions qui vont à l’encontre des intérêts Maroc. Devant les magistrats du Parquet fédéral de Bruxelles Pier Antonio Panzeri a indiqué qu’un accord conclu prévoyait de « travailler pour éviter des résolutions contre des pays en échange de 50.000 euros, cet accord a été envoyé au Maroc et maintenu avec le temps, à travers notamment l’actuel ambassadeur marocain à Varsovie, Atmun Abderrahim ».Ce dernier était, d’après les enquêteurs, la liaison entre les services secrets marocains et des corrompus au Parlement européen à la solde de Rabat. Mais les révélations ne s’arrêtent pas là. La presse italienne a relayé plusieurs éléments de l’enquête sur le « Maroc Gate ». Réseaux de corruption, chantage, pressions pour faire tomber des résolutions mais aussi imposer des nominations au sein des structures européennes, les éléments à charge ne manquent pas pour accabler le régime marocain et ses ingérences graves dans le fonctionnement des institutions européennes. Des ingérences qui ont d’ailleurs été dénoncées par des partis politiques européens. Ainsi, le journal italien « Il fatto quotidiano » a révélé qu’un plan sur le Parlement européen intitulé « Plan d’action pour le Parlement européen », a été mis en place en 2013 par le régime du Makhzen dans le but de « promouvoir les intérêts du Maroc » au sein de l’institution.Un plan détaillé qui comprend la collecte « d’informations, la promotion et le lobbying ».L’ambassadeur marocain Menouar Alem, qui était chef de la mission du Maroc auprès de l’Union européenne (UE), avait alors proposé une opération détaillée au ministère des Affaires étrangères à Rabat dans laquelle il « avertit » qu’au vu du rapport sur les droits de l’Homme au Sahara occidental occupé, l’eurodéputé britannique Charles Tannock « appelle à la vigilance ».Ce document, qui est une communication « confidentielle » de la mission du Maroc auprès de l’UE, explique bien les outils de la diplomatie parlementaire et traditionnelle du régime marocain vis-à-vis des Etats membres de l’UE pour protéger ses intérêts. »Nos ambassades sont invitées à entretenir des liens réguliers avec les députés européens des pays membres de l’UE ainsi qu’avec les partis dont ils sont membres pour faire connaître régulièrement le partenariat Maroc-UE et anticiper les actions de nos adversaires », selon un autre passage de cette communication, relayé par le quotidien italien.
Corruption alimentée par l’argent de la drogue
Pis encore, le plan makhzeniste prévoit la formation d’une « coalition » parlementaire maroco-européenne qui « pourra fonctionner comme un réseau de pression composé d’eurodéputés, de députés et de conseillers marocains », relate la même source.
Or, d’après les enquêteurs du procureur fédéral de Bruxelles, les ingérences de Rabat vont plus loin. En effet, le Makhzen est accusé de chantage et de pression pour la nomination de membres des commissions de la Chambre européenne qui s’occupaient de dossiers « délicats » concernant le Maroc, à l’image de celle créée pour enquêter sur l’utilisation du logiciel d’espionnage sioniste Pegasus, une affaire dans laquelle Rabat est embourbée.En réaction à ces révélations, le porte-parole du parti espagnol VOX au Parlement européen, Jorge Buxadé, a indiqué que ces pots-de-vin honteux « auraient gravement altéré les votes où les intérêts du Maroc s’affrontent ».Selon le site Voxespana, Jorge Buxadé a adressé une requête à la Commission européenne exigeant « d’évaluer la portée et l’impact des décisions favorables au Maroc, affectées par ce complot et cette corruption dans lesquels il n’y a pas de claire garantie d’impartialité et de transparence » et d’activer un « mécanisme de contestation desdites décisions ».Plus précisément, il fait référence à des votes, des directives et des résolutions qui ont directement nui aux intérêts des Européens, « comme en ce qui concerne l’immigration, la lutte contre le terrorisme, les accords de pêche, la concurrence déloyale envers nos agriculteurs et nos éleveurs, le Sahara occidental ou l’aide au développement ».
De son côté, l’ancien officier de l’armée marocaine, Mustapha Adib, a affirmé que le recours du régime du Makhzen à la corruption des eurodéputés avec l’argent qu’il gagne du commerce du haschich vise à pousser le « vieux continent » à cautionner son occupation illégale du Sahara occidental et à acheter son silence sur la grave situation des droits de l’Homme au royaume et dans les territoires sahraouis occupés ».Dans le même ordre d’idées, M. Adib a fait remarquer que « le recours du Makhzen à la corruption des eurodéputés vise également à acheter le silence de l’Europe sur les violations permanentes des droits de l’homme au Maroc et dans les territoires sahraouis occupés, mais aussi en ce qui concerne (les retards accusés dans) l’organisation du référendum d’autodétermination au Sahara occidental, tel que le réclame les résolutions onusiennes et le droit international ».L’officier a évoqué, d’autre part, l’arrestation de policiers français et hollandais qui travaillaient pour le compte du Makhzen, en Europe, sans que le parlement européen n’en fasse grand écho. Exhortant, enfin, les pays occidentaux à cesser leur hypocrisie et à assumer plutôt leurs responsabilités, M Adib a fait observer que « les Marocains ont à présent besoin d’un soutien pour mener leur révolte, afin de se débarrasser d’un régime moyenâgeux et périmé ».
Chokri Hafed