Alors que le problème de disponibilité persiste sur le marché : La pièce détachée automobile hors de prix
Le stockage illégal des pièces chez des revendeurs non identifiés sur les réseaux sociaux, ajouté au ralentissement des importations, a crée une situation tel que certains commerçants affichent des prix dépassant tout entendement en ce début de l’année 2023.
La pièce de rechange automobile enregistre, quasiment chaque mois, une hausse des prix inexpliquée sur le marché. Alors que l’année 2023 ne fait que commencer, les magasins de la pièce de rechange affichent une augmentation des tarifs sur plusieurs dispositifs, notamment ceux liés à la sécurité, alors qu’il s’agit d’un ancien stock, importé durant les années 2021 et 2022. Lors de notre tournée dans le Grand-Alger, des propriétaires de magasins n’hésitent pas à arguer que le ralentissement des importations est le principal facteur de cette hausse. « Je ne peux pas vendre des pièces à perte. Nos stocks s’épuisent de plus en plus et il y a une forte demande sur le marché. Tout ce qui est lié à l’automobile a augmenté, y compris les accessoires. Pourquoi pas la pièce détachée ? Allez-y voir combien ça coûte chez les fournisseurs et vous comprendrez tout », se défend ce commerçant qui, lui-même, n’affiche pas les prix sur sa vitrine, ce qui, au demeurant, constitue une infraction au code du commerce. A Bab Ezzouar comme à Semmar ou encore à Gué de Constantine et Jolie-Vue (Kouba), les prix des pièces qui étaient récemment cédées entre 3 000 et 5 000 dinars se sont envolés pour doubler. Idem pour les pneumatiques dont les prix ont enregistré une forte hausse. « Il n’y a que les copies chinoises qui gardent encore la cote. La pièce d’origine garantie est non seulement rare à trouver, mais elle est hors de notre portée. Comment voulez-vous que je l’achète ? A quel prix je dois la céder au client ? », s’interroge un autre commerçant basé à Kouba. Celui-ci nous explique que « les prix des pneus, toutes dimensions confondues, et des batteries, ont enregistré durant l’année 2022 une hausse sensible. Mais, là, nous faisons face à une pénurie sur certaines dimensions de pneus d’origine. Ce qui explique cette hausse. Pourtant le pneu fabriqué en Algérie est non seulement de bonne qualité, mais il est proposé dans toutes les dimensions à des prix raisonnables. Parfois, c’est l’exigence des clients qui poussent les vendeurs à afficher des prix dépassant tout entendement. C’est le cas pour la batterie. Une batterie d’une petite citadine qui était cédée à 4 000 dinars est passée à 9 000 dinars ». Les commerçants que nous avons rencontrés dans le Grand-Alger sont unanimes quant à la nécessité de libérer les importations pour réduire la forte tension sur la pièce de rechange et l’envolée des prix. « L’Etat devra revoir cette filière et l’organiser. N’importe quel commerçant s’érige en professionnel de la pièce de rechange alors qu’il s’agit d’un métier qui exige des connaissances et une morale. Allez-y voir ce qui se passe sur les réseaux sociaux ! Un simple feu d’une voiture, qui est cédé à 20 000 dinars chez la maison-mère, est à 55 000 dinars. C’est presque trois fois le prix et vous n’aurez droit même pas à une facture pour justifier vis-à-vis de la compagnie d’assurance », tempête ce vendeur qui, visiblement, trouve des difficultés à faire face à cette situation kafkaïenne. « Qui sont ces marchands qui dirigent ces boutiques en ligne ? Personne ne les connait. Ils se cachent derrière des pages Facebook et détiennent des stocks de pièces de rechange pour en faire de la spéculation au moment où les automobilistes trinquent », nous explique encore ce commerçant. Il est vrai que le problème de disponibilité des pièces de rechange touche toutes les marques, notamment à cause de la hausse des prix des composants en Europe et en Asie, pourvoyeurs majeurs de la pièce pour l’Algérie. Mais, le ralentissement de l’activité de l’importation a créé un climat tel que les vendeurs et les revendeurs abusent de cette situation pour stocker la marchandise pour, ensuite, la revendre à des prix exorbitants. Si les professionnels de la filière, autrefois organisée, ne s’expriment pas, pour le moment, les automobilistes, eux, trouvent d’énormes difficultés à acquérir ces pièces à des prix raisonnables, notamment celles liés à la sécurité. Entre temps, les revendeurs de tous bords placent la barre très haut, allant jusqu’à afficher des prix inexpliqués.
Riad Lamara