Réunion demain du JMMC: L’Opep+ déterminée à maintenir sa politique de production
L’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole et ses alliés (OPEP+) semblent résolus à maintenir le cap sur leur stratégie actuelle de production. La réunion prévue demain lundi du Comité Ministériel de Suivi Conjoint (JMMC) ne devrait pas entraîner de modifications notables dans les plans de l’organisation, malgré la pression exercée par le président américain Donald Trump, qui exhorte l’OPEP et l’Arabie saoudite à augmenter leur production pour faire baisser les prix du pétrole. Selon l’agence de presse britannique Reuters qui cite des sources internes à l’organisation, il est peu probable que la réunion recommande une hausse plus importante que celle déjà prévue. « Le groupe a un plan clair et il entend s’y tenir », a affirmé un délégué de l’OPEP+ à Reuters. D’autres membres ont indiqué qu’il était encore trop tôt pour se prononcer définitivement, mais l’attitude prudente du cartel laisse peu de place à une modification de dernière minute. L’Arabie saoudite, leader de facto de l’OPEP, reste fidèle à sa ligne directrice : privilégier une approche pragmatique pour assurer la stabilité des marchés à long terme. Lors du Forum économique mondial de Davos, le ministre saoudien de l’Économie, Faiçal Alibrahim, a défendu cette position, affirmant que « la priorité absolue du royaume demeure la stabilité à long terme du marché énergétique mondial ». Une réponse indirecte aux demandes de Washington, qui voit dans la hausse des prix du brut une menace pour sa reprise économique et sa politique énergétique.
Depuis le début de l’année, les cours du pétrole ont connu une hausse notable, atteignant près de 83 dollars le baril à la mi-janvier, en grande partie en raison des sanctions américaines imposées à la Russie. Cependant, les menaces de Trump d’imposer de nouveaux tarifs douaniers à ses voisins, le Canada et le Mexique, ont suscité des inquiétudes quant à l’impact économique, provoquant une légère baisse des prix sous les 77 dollars le baril vendredi dernier.
L’OPEP+ continue de contrôler sa production, maintenant un volume de 5,85 millions de barils par jour en retrait du marché, soit environ 5,7 % de l’offre mondiale. Cette politique, amorcée depuis 2022, vise à soutenir les prix en réponse à une demande fluctuante et à une concurrence accrue des producteurs non membres de l’organisation. En décembre dernier, l’OPEP+ a prolongé sa dernière phase de réduction de production jusqu’au premier trimestre 2025, retardant ainsi une augmentation prévue jusqu’en avril. Selon ce plan, les coupes de 2,2 millions de barils par jour commenceront à être levées progressivement à raison de 138 000 barils par jour chaque mois jusqu’en septembre 2026. Face à la pression de Washington, certains observateurs estiment que l’OPEP+ pourrait répondre en maintenant son programme de relèvement progressif, sans pour autant accorder une accélération soudaine. « Le groupe n’a probablement qu’à confirmer son intention de remettre sur le marché les volumes initialement prévus en avril pour répondre aux attentes de Trump », analyse John Evans, expert en courtage pétrolier chez PVM. Le véritable enjeu pour l’OPEP+ dépasse les revendications immédiates des États-Unis. La transition énergétique mondiale, les besoins croissants des économies émergentes et les investissements massifs nécessaires à la production future dictent la prudence. L’organisation prévoit une augmentation de la demande de 17 % d’ici 2050, ce qui nécessitera des investissements cumulés de 17 000 milliards de dollars dans l’industrie pétrolière, soit en moyenne 640 milliards de dollars par an, principalement en exploration et en extraction. Pour l’Opep+, maintenir un prix du baril à un niveau soutenable est une condition sine qua non pour garantir ces investissements. Toute baisse excessive des prix risquerait d’entraver ces plans, menaçant la capacité de l’OPEP à répondre aux besoins futurs. D’autant plus que la demande, notamment alimentée par les besoins énergétiques croissants du secteur de l’intelligence artificielle et des infrastructures technologiques, ne montre aucun signe de ralentissement. Le cartel entend préserver son influence sur le marché pétrolier mondial, tout en assurant la stabilité du marché et une transition maîtrisée vers les prochaines phases d’augmentation de production. Les regards se tourneront vers mars, date à laquelle l’organisation prendra sa décision finale quant à la mise en œuvre de la hausse prévue en avril. Pour l’heure, la ligne de conduite reste inchangée : prudence, stabilité et préservation des intérêts des producteurs.
Samira Ghrib