Adhésion de l’Algérie au BRICS : Des atouts non négligeables
De sa visite en Chine, le Président Abdelmadjid Tebboune aspire certes à recevoir des assurances quant à l’adhésion de l’Algérie aux Brics mais bien au delà de cette intégration parmi les cinq puissants membres qui forment cette organisation des groupes d’économie émergente. Abdelmadjid Tebboune qui a été triomphalement reçu au mois de juin dernier par le président russe reçoit le même accueil de la part de son hôte Xi Jinping. C’est dire combien les deux pays, la Russie et la Chine, membres influents au sein du groupe des BRICS, entendent fortifier les liens amicaux qu’ils entretiennent depuis longtemps avec l’Algérie qu’ils considèrent comme un ami loyal et un partenaire fiable. Le nombre de protocole d’accords signés avec les deux pays reflète la profondeur et la solidité des relations bilatérales. Lors de la visite du Président Tebboune en Russie, huit accords ont été signés entre la Russie et l’Algérie dans les domaines de la Justice, des Télécommunications, de l’Agriculture, de la Culture, des Ressources en eau, et de l’exploration de l’espace à des fins pacifiques. Lors de la dernière visite d’État du Président Tebboune une quinzaine d’accords viennent d’être signés avec l’Empire du milieu. L’intégration de l’Algérie dans le groupe des BRICS semble d’ores et déjà chose entamée et n’est qu’une question de formalité qui se fera lors du Sommet des Brics qui se tiendra en août en Afrique du Sud, pays avec lequel l’Algérie entretient également de bonnes relations historiques. Si la position géostratégique de notre pays est un atout pouvant jouer en sa faveur et le favoriser pour accéder aux Brics, la situation économique ainsi que ses ressources naturelles, minières et énergétique font de l’Algérie un parfait candidat. C’est d’ailleurs ce que confirment des experts et des universitaires qui rappellent les différents « atouts et cartes » susceptibles de jouer en faveur de l’Algérie et « pouvant lui permettre de rejoindre le groupe des BRICS notamment sa position au sein de l’Afrique et ses moyens économiques ». Ces mêmes experts et universitaires intervenant lors d’une Journée d’étude organisée par l’Institut nationale d’études de stratégie globale (Inesg) sous le thème: « Les BRICS et les enjeux du système international », ont estimé, mardi à Alger, que l’adhésion à cette organisation est « une ambition stratégique » qui va lui permettre de bénéficier de son soutien. Pour le professeur M’hand Berkouk « l’adhésion de l’Algérie au BRICS Est une ambition stratégique et importante ». « Ce groupe défend les mêmes valeurs auxquelles l’Algérie aspire, notamment la préservation de la souveraineté des Etats et la garantie de l’indépendance de la prise de décision. Cette organisation offre aussi des financements sans imposer de conditions aux pays », expliquera le spécialiste des questions géopolitiques. « Le monde connaît aujourd’hui de profondes transformations. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère de multipolarité. L’intégration de l’Algérie dans les Brics est conforme à la doctrine de notre politique étrangère qui refuse les interférences dans les affaires internes. Nous avons une opportunité de rejoindre un espace international plus flexible et qui répond à nos attentes », ajoutera-t-il. Pour l’économiste El Houari Tigharsi, ce sont les potentialités financières et la disponibilité des ressources de l’Algérie qui sont mises en avant, cela lui permettra d’être membre dans cet espace. Il citera, entre autres, les ressources énergétiques et minières, la position de l’Algérie en tant que puissance régionale et économique en Afrique, ainsi que ses relations historiques avec les Etats membres du Brics. Tigharsi a évoqué, également, dans sa communication, d’autres « atouts et cartes dont dispose notre pays pour faire partie de ce bloc, en particulier les capacités financières (des réserves de change de 66 milliards de dollars, un très faible endettement extérieur de 1,65 % du PIB et la valeur des exportations plus de 60 milliards de dollars en 2022 ». Pour cet expert, l’adhésion à ce groupe permettra à l’Algérie de lever des fonds, d’accéder aux marchés des Etats membres, de développer ses infrastructures, ainsi que de faciliter la réalisation de grands projets d’exploitation des ressources minières, notamment avec la Chine.
Une alternative au système multilatéral actuel
En abordant à son tour la question de l’intégration de l’Algérie au groupe des BRICS, l’universitaire Abderrahmane Ben Saad rappellera les avantages de l’adhésion de l’Algérie à cette organisation. Ben Saad considère l’entrée de l’Algérie au sein des BRICS comme « une alternative au système capitaliste et multilatéral » et indiquera à cet effet que le groupe des BRICS Représente le deuxième bloc économique le plus important dans le monde, après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Il fera observer que 20 pays souhaitent rejoindre les pays du Brics et estime que « ce nombre confirme réellement le poids et l’avenir du BRICS au niveau mondial ». Les raisons pour lesquelles les pays cherchent à rejoindre cette organisation sont principalement dues à la volonté d’obtenir des financements et d’attirer des investissements par le biais de ses deux institutions financières à savoir le Fonds de réserves d’urgence (CRA) et la Nouvelle banque de développement (NBD), selon cet universitaire. « Deux organismes financiers qui vont prendre de l’ampleur et même surpasser le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) », affirme-t-il. Ben Saad fera savoir que la volonté des pays de faire partie des Brics s’explique aussi par « la volonté de ces Etats d’affronter collectivement les crises économiques mondiales et de parvenir à instaurer un équilibre dans les relations internationales ». Pour sa part, l’économiste Djoudi Bouras qui a présenté
une communication sur le thème « Nouvelle trajectoires de la mondialisation, entre fragmentation et polarisation », a noté que le groupe des BRICS est animé par une volonté de fonder un « monde plus juste et équitable » qui défend la stabilité, la paix et un nouvel esprit multilatéral ». Le groupe des BRICS représente, selon cet économiste, un « nouveau pôle de croissance » et un « véritable catalyseur du changement ».
Samir Benisid