Énergie : Les cours du gaz en hausse
Les menaces de grève dans le secteur gazier en Australie alimentent une nouvelle hausse des cours du gaz sur les marchés spots. Le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence sur le marché européen du gaz a franchi hier, une nouvelle fois, le seuil des 40 euros le mégawattheure (MWh). En cours de séance, le TTF a pris plus de 13% à 39,045 euros. La semaine dernière les cours s’était déjà envolés à la suite d’un appel à la grève sur les plateformes offshore de gaz naturel liquéfié de Woodside dans l’Ouest australien. Les cours du gaz européen « augmentent à mesure que le risque de grève des travailleurs australiens du GNL (gaz naturel liquéfié) augmente », explique Edward Moya, analyste chez Oanda. « Si les pourparlers échouent, environ 10% des exportations mondiales de GNL seront menacées », affirme-t-il. Son concurrent américain Chevron est lui aussi confronté à une menace de grève des personnels de ses plateformes offshore. Les investisseurs craignent en conséquence que les acheteurs asiatiques en mal de GNL se reportent sur le marché européen, faisant ainsi grimper la demande et les prix. En parallèle, si les stocks « ne sont pas une préoccupation pour le moment » selon l’analyste, l’Europe s’étant employée à retrouver des niveaux solides avant l’hiver, une fin d’été chaude pourrait cependant créer un nouveau pic de demande de gaz en lien avec les climatisations.
Il faut cependant noter que le marché européen du gaz reste très sensible au moindre mouvement qui peut susciter des craintes sur l’approvisionnement. Au mois de juin dernier, les cours s’étaient envolés notamment en raison de la baisse de la production en Norvège, à cause de la maintenance de plusieurs installations. Ce qui dénote d’une tendance lourde liée à la persistance de la précarité de l’approvisionnement du marché européen.
Le pétrole plombé par la Chine
Côté marché pétrolier, les cours ont poursuivi leur baisse dans le sillage de la publication en Chine d’une série d’indicateurs économiques décevants.
Vers 15H20 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en octobre, perdait 1,50% à 84,92 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en septembre, cédait 1,73% à 81,08 dollars. La Chine étant le premier importateur mondial de brut, la santé de son économie est en effet un moteur majeur de la demande de pétrole. Les ventes au détail chinoises, principal indicateur de la consommation des ménages, ont seulement progressé de 2,5% sur un an le mois dernier, selon des chiffres officiels du Bureau national des statistiques (BNS). Ce chiffre moins fort qu’attendu par les analystes est un nouveau signe d’une consommation atone dans le pays. La production industrielle a également ralenti en juillet (+3,7% sur un an), contre 4,4% un mois plus tôt. Après cette série d’indicateurs décevants, la Chine a même suspendu mardi la publication mensuelle de ses chiffres détaillés de chômage chez les jeunes, après un niveau record ces derniers mois. La veille, la chute en Bourse du promoteur Country Garden, l’un des plus grands groupes immobiliers de Chine, avait déjà ravivé les inquiétudes des investisseurs sur la santé économique du pays en proie à une crise de l’immobilier d’une ampleur inédite.
Samir Benisid