Ouverture du débat général à l’Assemblée générale de l’ONU : La réforme du multilatéralisme en question
La réforme du système multilatéral a été au cœur du débat général ouvert hier à l’occasion de la 78e Assemblée générale de l’ONU.
Les priorités de la semaine de haut niveau de l’AG de l’ONU ont été fixées. Les dirigeants mondiaux sont invités à se pencher sur les défis de l’heure, liés au changement climatique, aux Objectifs de développement durable et à la réforme du multilatéralisme et des institutions financières internationales. Un ordre du jour que les médias mainstream tentent d’occulter pour faire de l’AGUN une tribune pour l’Otan qui cherche encore à rallier des soutiens contre la Russie concernant l’Ukraine. Toutefois à l’ouverture des débats, le Secrétaire général de l’ONU a donné le ton. Antonio Guterres, a exhorté les dirigeants mondiaux à réformer les institutions multilatérales, parmi lesquelles le Conseil de sécurité et l’architecture financière internationale, sur la base des réalités économiques et politiques actuelles.
“Le monde a changé. Ce n’est pas le cas de nos institutions. Nous ne pouvons pas résoudre efficacement les problèmes tels qu’ils se présentent si les institutions ne reflètent pas le monde tel qu’il est“, a-t-il affirmé. “La gouvernance mondiale est figée dans le temps. Ne cherchez pas plus loin que le Conseil de sécurité des Nations unies et le système de Bretton Woods. Ils reflètent les réalités politiques et économiques de 1945“, a déclaré Guterres. Guterres a averti que le monde se rapproche d’une “grande fracture“ dans les systèmes économiques et financiers et que les relations commerciales sont accompagnées de tensions géopolitiques croissantes.
Il a expliqué que ces institutions reflétaient la réalité politique et économique de 1945, lorsque de nombreux pays présents aujourd’hui à l’Assemblée générale étaient sous le contrôle de l’occupation : « Le monde a changé, mais nos institutions n’ont pas changé ». « Nous ne serons pas en mesure de résoudre efficacement les problèmes si les institutions ne reflètent pas le monde tel qu’il est », a ajouté le chef de l’ONU. Il a souligné la nécessité de réformer le Conseil de sécurité et de repenser la structure financière internationale, avant d’expliquer que « l’alternative à la réforme n’est pas de maintenir la situation telle qu’elle est. L’alternative est une fragmentation accrue. Soit la réforme, soit la rupture ». Abordant les problèmes urgents auxquels le monde est confronté, du changement climatique aux guerres, en passant par les menaces nucléaires, les catastrophes naturelles, les inégalités et la faim, Guterres a déclaré : “Si nous ne nourrissons pas ceux qui ont faim, nous alimentons les conflits“. “Malgré notre longue liste de défis mondiaux, ce même esprit de détermination peut nous guider. Soyons déterminés dans l’apaisement des divisions et forgeons la paix », a-t-il ajouté.
« Le changement climatique n’est pas seulement un changement climatique. Le changement climatique change la vie sur notre planète et affecte tous les aspects de notre travail. Il tue des personnes et détruit des sociétés. Dans le monde entier, nous assistons non seulement à une accélération des températures, mais aussi à une accélération de la montée du niveau de la mer et au déclin des masses ». Tout cela ne représente qu’un début, selon le secrétaire général, qui a souligné que les derniers mois d’été ont été les plus chauds jamais enregistrés. Il a rappelé que tous les records sont battus, que les économies et les vies sont détruites et que des pays entiers sont au bord de l’effondrement.
Le chef de l’ONU a évoqué aussi un certain nombre de défis sécuritaires auxquels le monde est confronté. Il a souligné la série de changements anticonstitutionnels dans toute la région africaine du Sahel, puis parlé du « Soudan (qui) glissait vers une guerre civile globale, alors que des millions de personnes fuyaient et que le pays courait le risque de se diviser ». En Afghanistan, 70 % de la population a besoin d’une aide humanitaire, les femmes et les filles étant systématiquement privées de leurs droits. Au Moyen-Orient, il a affirmé que « les actions unilatérales se multiplient et sapent les perspectives d’une solution à deux Etats, qui est la seule voie vers la paix ».
Antonio Guterres a commencé son discours, notons-le, en évoquant la ville libyenne de Derna, qui a été frappée par des torrents et des inondations la semaine dernière, tuant des milliers de personnes. M. Guterres a déclaré que « Derna dépeint tristement l’état de notre monde: un flot d’inégalités, d’injustice et une incapacité à faire face aux défis », « Alors que les tensions géopolitiques et les défis internationaux s’accentuent, nous semblons incapables de travailler ensemble pour relever les défis », a ajouté le secrétaire général de l’ONU. Dans ce contexte, il a souligné la nécessité, dans le monde multipolaire, d’institutions multilatérales efficaces, mais a déclaré que la gouvernance internationale vivait encore dans le passé. Il a cité comme exemple le Conseil de sécurité des Nations unies et les institutions financières de Bretton Woods, dont la Banque mondiale.
Lyes Saïdi