Le Sahel est « le nouvel épicentre du terrorisme mondial »
Le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, M. Ahmed Attaf, a souligné, vendredi à New York, dans une allocution prononcée lors d’une réunion ministérielle de l’Union africaine (UA) pour débattre des menaces terroristes, l’importance de l’adoption d’une nouvelle approche de lutte contre le terrorisme en Afrique, devenu une menace majeure pour le continent. Le chef de la diplomatie algérienne a d’ailleurs souligné le défi que représente la propagation du terrorisme dans la Sahel, étant devenu l’épicentre du terrorisme mondial. « Le terrorisme est devenu la menace numéro un pour la paix et la sécurité en Afrique. Les développements récents ont clairement démontré que, si cette menace a considérablement diminué dans d’autres parties du monde, elle a augmenté de façon exponentielle sur notre continent, en particulier dans la région du Sahel », a déclaré M. Attaf.
Le MAE a tenu à préciser que la région du Sahel, qui est confrontée à des défis de développement complexes, étant l’une des plus pauvres du monde, était récemment devenue comme un « arc de feu » qui s’étend de la mer Rouge à l’océan Atlantique. Une zone qui abrite actuellement la plus forte concentration de conflits armés et de situations de crise qui continuent à infliger des souffrances insupportables aux populations civiles. Cette région « est devenue la plus touchée et l’épicentre mondial du fléau du terrorisme. En 2022 seulement, elle a enregistré plus de 43% des décès dus au terrorisme dans le monde », a-t-il enchaîné. Il a aussi souligné que les pays et les peuples de la région du Sahel « sont confrontés à des groupes terroristes qui sont considérés comme parmi les plus dynamiques et les plus meurtriers au monde, des groupes lourdement armés et équipés d’armes sophistiquées, des groupes qui ont étendu leur contrôle sur de vastes zones géographiques où ils agissent comme les autorités locales de facto, et des groupes armés capables de déployer des stratégies militaires incroyablement habiles ». « Pour faire court, en Algérie, nous avons cessé d’utiliser l’appellation de +groupes terroristes+ pour décrire ce qui pourrait être qualifié avec exactitude et réalisme +d’armées terroristes+ », a-t-il fait savoir. Face à cette situation alarmante, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a appelé à « accorder la priorité à la lutte contre les facteurs de prolifération qui ont déclenché et nourri l’expansion de cette menace croissante ». En plus de ces facteurs, a-t-il poursuivi, « la résurgence du phénomène des changements de gouvernement inconstitutionnels a encore compliqué la situation en termes d’affaiblissement des institutions publiques, d’aggravation du paysage sécuritaire déjà précaire et d’ajout de plus en plus de charges et d’obstacles au développement économique déjà fragile ».
« Tirant les leçons de son expérience amère mais réussie dans la lutte contre ce fléau, l’Algérie est fermement convaincue qu’une approche à deux volets est indispensable pour lutter à la fois contre les manifestations du terrorisme et ses causes profondes dans la région du Sahel et au-delà », a-t-il souligné. « Face à une menace en constante évolution, nous avons certainement besoin d’une nouvelle approche, d’un nouvel engagement et d’une action audacieuse. Le statu quo n’est plus une option, ni une position confortable », a-t-il encore dit. A cet égard, « l’Algérie a appelé à la tenue d’une conférence internationale sur le développement au Sahel ainsi qu’à la création d’un nouveau modèle d’opérations de paix mieux adapté aux contextes de lutte contre le terrorisme », a rappelé M. Attaf.
Il a également estimé que le prochain sommet d’Abuja devrait servir à tirer la sonnette d’alarme sur la situation critique créée par l’expansion de la menace terroriste en Afrique. Il devrait viser à relancer l’intérêt mondial et à redonner de l’élan à la lutte internationale contre le terrorisme et l’extrémisme violent, a encore précisé M. Attaf. Et de conclure: « Avec la participation de tous les Etats membres de l’UA, nous devons faire entendre clairement notre voix: ce à quoi l’Afrique est confrontée n’est pas une menace locale, mais plutôt une menace mondiale, une menace qui ne connaît pas de frontière ni de nationalité, une menace à laquelle personne ne peut être considéré comme immunisé ». M. Attaf a, en outre, prévenu que « le temps est de la plus haute importance. Si rien n’est fait maintenant, la menace de ce fléau et ses implications se feront sentir bien au-delà de la région et du continent africain ». La réunion ministérielle de l’UA sur la menace terroriste en Afrique a été convoquée par la République fédérale du Nigéria et le Bureau des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme (BNOCT).
R.N.