BDL : Un volume important de créances non-performantes
La problématique liée à la prévalence des créances performantes dans les banques publiques vient à nouveau d’être soulignée par la Cour des comptes. Dans son rapport annuel récemment publié et qui évalue les performances dans plusieurs secteurs au titre de l’exercice 2021, la Cour des comptes a mis en avant une importante prévalence des créances non-performantes sur l’encours total des crédits accordés par la Banque de développement local (BDL). Le rapport souligne ainsi que la BDL a enregistré un « volume de créances non performantes d’un montant de 364,29 Mrds de DA, représentant 33,5% de l’encours total brut des crédits à la clientèle ». Et de souligner que la banque « ne recouvre qu’une infime partie de ces impayés, d’où l’incidence négative sur sa situation financière et ses résultats d’exploitation ».
« Le contrôle de la Cour des comptes, portant sur les conditions de recouvrement des créances commerciales, a révélé une hausse continue de la proportion des impayés dans l’encours total brut des crédits à la clientèle tout au long de la période 2019 à 2021, en raison d’une augmentation des créances non performantes. Les encours de crédit accordés aux dispositifs aidés et aux entreprises privées affichent des taux élevés d’impayés, respectivement de 70,88% et 18,87% des encours correspondants, à fin 2021 », ajouté l’organe soulignant ainsi l’impact des impayés induits par les dispositifs d’aides à la création de PME et d’accompagnement des porteurs de projets. La Cour des comptes estime aussi que « cette situation est favorisée par les déficiences liées aux conditions de fonctionnement des services de recouvrement dont les tâches et les responsabilités ne sont pas suffisamment définies et formalisées à la lumière de la nouvelle organisation mise en place, au cours de la période 2016 – 2020, et des changements qui sont intervenus par la suite dans l’administration interne ». La Cour des comptes ajoute que « le volet recouvrement des créances n’est pas bien organisé, ni suffisamment intégré au système d’information de la banque, d’où les difficultés de la direction de recouvrement des créances à utiliser les données comptables générées par la base de données aux fins de maximiser le recouvrement ». Elle estime cependant que les mesures prises par la Banque d’Algérie, à la suite de la pandémie de la COVID-19, ont contribué à une amélioration sensible des résultats financiers de la banque de 2020 et 2021, « mais ces mesures temporaires seraient insuffisantes pour parer aux faiblesses structurelles internes qui risquent d’être amplifiées du fait de l’aggravation des créances classées nécessitant un provisionnement significatif ». Dans ce contexte, la Cour des comptes recommande le renforcement de l’organisation et des procédures internes en matière de gestion et de suivi des créances impayées et l’accélération de l’automatisation des tâches et des pratiques de recouvrement des créances.
Il est utile de rappeler que la BDL est l’une des deux banques publiques qui doivent faire l’objet d’un processus d’ouverture du capital via la Bourse d’Alger, avec pour objectif final la refonte de leur gestion et leur modernisation. Une ouverture qui devrait intervenir pour la BDL au cours du premier semestre 2024. En prévision de cette échéance, la BDL a fait l’objet d’un audit.
Sabrina Aziouez