Importation de viandes rouges : Les éleveurs se rebiffent
Les pouvoirs publics ont décidé de recourir à l’importation de viande rouge pour rééquilibrer le marché et pousser les prix à la baisse, afin de préserver le pouvoir d’achat. Une décision qui satisfait la population, mais qui fait réagir les éleveurs qui affichent leur mécontentement.
Le marché de la viande rouge connaît un déséquilibre entre offre et demande ce qui a provoqué une hausse inédite des prix. Pour face à cette hausse des prix qui grève le pouvoir d’achat des ménages, les pouvoirs publics ont décidé de recourir à l’importation de viande rouge pour rééquilibrer le marché et pousser les prix à la baisse, afin de préserver le pouvoir d’achat. Une décision qui satisfait la population, mais qui fait réagir les éleveurs qui affichent leur mécontentement. Les professionnels de cette filière ont mis en avant la nécessité de préserver les intérêts des producteurs locaux et d’atténuer les retombées négatives éventuelles sur le marché local. Dans le cadre du programme national visant à maîtriser la forte augmentation des prix des viandes rouge et blanche, une démarche a été lancée pour étendre la disponibilité des viandes rouges importées. L’objectif est de permettre aux consommateurs d’acheter ces viandes, dont le prix a été plafonné à 1.300 DA, tout en assurant un contrôle rigoureux sous la houlette des services du ministère du Commerce. L’impératif est d’éviter toute fraude, manipulation des prix ou substitution de viande locale. Or, cette décision a suscité un mécontentement palpable parmi les éleveurs de la wilaya d’Annaba. Leur frustration a été clairement exprimée au sein de la Coopérative agricole Erochd, en dénonçant une chute des prix des viandes rouges locales dépassant les 50%. Ils estiment que cette baisse aurait des « conséquences préjudiciables » pour les éleveurs qui indiquent que les éleveurs supportent des coûts à la production de 2.200 DA par kg de viande. Ils mettent également en avant des perturbations majeures dans l’approvisionnement en aliments pour le bétail au sein des structures d’élevage, en raison des « dysfonctionnements », au niveau de l’Office national d’aliment de bétail (ONAB). Les éleveurs affichent aussi leur crainte de voir leur activité disparaître si les raisons profondes qui alimentent la crise dans la filière ne sont pas prises en charge. Pour le consommateur la donne est tout autre. Selon des chefs de familles apostrophés dans un point de vente au centre de la ville d’Annaba, la décision de l’État ne pouvait pas mieux tombée. Au rayon boucherie, les supérettes et de nombreux commerçants proposent de la viande fraîche sans os, importée du Brésil, à 1.200-1.300 dinars le kg. Indéniablement, la clientèle n’hésite pas à acheter quelques kg, pour se permettre de remettre la viande rouge au menu. Ces nouveaux tarifs des viandes rouges se répercutent sur ceux de la volaille, qui après avoir atteint les 550 DA/kg, connaît une certaine mévente, face à la concurrence des viandes rouges importées. Par ailleurs, afin de veiller à la disponibilité de la viande rouge, dans les boucheries du chef-lieu de la wilaya, des équipes de la direction du Commerce, ont été mobilisée pour vérifier la conformité des pratiques commerciales et s’assurer que les commerçants respectent la barre des prix. Les agents ont passé les communes d’Aïn Berda, de Chorfa, de Sidi Amar, et d’El-Hadjar au crible. Les consommateurs se sont montrés intéressés par cette viande importée en raison de son prix abordable par rapport aux produits locaux. Certains commerçants ont tenté de tirer profit de cette situation en augmentant les prix pour réaliser des marges bénéficiaires plus élevées. Cependant, les autorités ont mis en place des mesures strictes, imposant une amende, la saisie des produits, voire la fermeture du magasin en cas de non-respect des prix fixés. Les citoyens peuvent également signaler à la direction du Commerce en cas de non-respect des consignes, afin que des mesures appropriées soient prises. Il est à souligner que les viandes rouges importées du Brésil et ont été mises en vente à la fin du mois de novembre. Malgré cette offre de viande importée, certains citoyens expriment leur préférence pour la qualité et le goût des produits locaux. Ils sont prêts à acheter moins de viande à un prix plus élevé plutôt que de faire des concessions sur les qualité.
Sofia Chahine