Attaf souligne les défis auxquels fait face la région : La situation « n’augure rien de bon »

Le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines, Ahmed Attaf, a lancé un avertissement sérieux concernant l’état préoccupant de la situation régionale et internationale lors de sa visite officielle à Tunis mercredi. En marge de cette visite, qui s’inscrit dans le cadre du renforcement des relations bilatérales entre l’Algérie et la Tunisie, le chef de la diplomatie algérienne a dressé un tableau sans complaisance de la situation géopolitique actuelle. À l’issue de l’audience que lui a accordée le président tunisien Kaïs Saïed, Ahmed Attaf, qui s’est rendu à Tunis en qualité d’envoyé spécial du président de la République Abdelmadjid Tebboune, a fait part de sa préoccupation quant aux développements sur la scène internationale et régionale. « Nonobstant les relations algéro-tunisiennes, la situation aux niveaux régional, continental et international n’augure rien de bon », a-t-il déclaré sans ambages. Le ministre a poursuivi son analyse en déplorant que « le système des relations internationales contemporaines, dans ses volets politique et économique, connaît un délitement préoccupant, devant le mépris croissant des règles et lois internationales, la neutralisation du rôle des organisations internationales dont les Nations unies et les coups subis par le multilatéralisme face à la recrudescence de l’unilatéralisme, de la loi du plus fort et du non-droit ». Cette situation internationale instable a des répercussions directes sur le Moyen-Orient et le continent africain, comme l’a souligné Ahmed Attaf. « Face à ces développements, le Moyen-Orient, à l’instar de notre continent africain, a été et demeure la région la plus durement touchée. D’ailleurs, la cause palestinienne traverse aujourd’hui une période critique dans son histoire et fait face à un défi existentiel par excellence, où l’on assiste à des tentatives de liquider cette cause au lieu de chercher les moyens de la résoudre conformément à la légalité internationale », a-t-il martelé. Concernant la situation spécifique en Afrique, le ministre n’a pas hésité à exprimer ses inquiétudes : « L’Afrique est elle aussi en proie à une régression préoccupante à tous les égards, notamment sur les plans sécuritaire, politique et économique. Il suffit de rappeler le nombre inquiétant des foyers de conflits, de crises et de guerres qui secouent tous les coins et recoins du continent, notamment dans la région sahélo-saharienne. » C’est dans ce contexte international et régional troublé que M. Attaf a souligné l’importance de la coordination algéro-tunisienne, qu’il a qualifiée de « nécessité absolue ». Il a tenu à rappeler que cette coordination « n’a jamais été interrompue avec nos frères tunisiens », comme en témoigne « la convergence de nos positions tant en ce qui concerne la cause palestinienne que des développements de la situation dans notre voisinage régional et dans les espaces de notre appartenance commune ». Sur un ton plus positif, le ministre a évoqué l’excellence des relations bilatérales entre les deux pays voisins. « Les relations algéro-tunisiennes vivent aujourd’hui leur plus belle époque, à la faveur de l’attention constante et particulière qui leur a été accordée par les deux dirigeants de nos deux pays frères », s’est-il réjoui. Il a également souligné que sa visite s’inscrivait « dans le cadre de la volonté de consolider les traditions de concertation et de coordination bilatérales, qui unissent depuis toujours les deux dirigeants de nos deux pays frères ». Ahmed Attaf a par ailleurs indiqué avoir tenu une séance de travail avec son homologue tunisien, Mohamed Ali Nafti, au cours de laquelle ils ont passé en revue « tous les dossiers relatifs à la coopération bilatérale » et examiné « les moyens de mettre en œuvre les hautes instructions relatives au renforcement des relations algéro-tunisiennes et à la réalisation davantage d’acquis au mieux des intérêts de nos deux peuples frères ».

Lyes Saïdi