À la UneÉconomie

L’État veut mettre de l’ordre dans le marché

Face à l’augmentation constante des prix des produits de première nécessité et aux perturbations du marché, le ministère du Commerce intérieur et de la Régulation du marché  a lancé une offensive sur plusieurs fronts pour rétablir l’ordre dans les circuits commerciaux et protéger le pouvoir d’achat des citoyens.

Le ministère du Commerce et de la Régulation du marché intérieur, dirigé par Tayeb Zitouni, a récemment instauré une mesure de plafonnement des prix pour cinq produits de large consommation sur l’ensemble du territoire national. Confronté à des hausses jugées « injustifiées » et « spéculatives », l’État a fixé des limites claires et les prix ont été fixés et plafonnés:  la pomme de terre à 100 dinars le kilo, la banane à 400 dinars, les pommes entre 350 et 450 dinars selon la qualité, la viande ovine locale à 2500 dinars, et même la tasse de café à 30 dinars. Cette initiative fait suite à des augmentations vertigineuses qui avaient choqué la population, avec des prix atteignant parfois des sommets inédits : près de 1000 dinars pour le kilo de bananes, 1300 dinars pour les pommes, ou encore plus de 3000 dinars pour la viande de mouton. Le non-respect de ces plafonds expose les contrevenants à de lourdes sanctions.

« Cette démarche exceptionnelle vise à organiser le marché jusqu’à la mise en place de mécanismes de concurrence réelle et de régulations strictes », précise l’Association de protection des consommateurs (Apoce). Les directions du commerce dans les wilayas, comme celles d’Alger et de Timimoun, ont déjà commencé à mettre en œuvre ces mesures avec fermeté, prévenant que les contrevenants s’exposent à « la saisie des marchandises et à la proposition de fermeture de leurs commerces ».

 Parallèlement, la direction du commerce de la wilaya d’Alger a imposé de nouvelles obligations aux boulangers. Désormais, tous les établissements, qu’ils soient enregistrés au registre du commerce ou simplement détenteurs d’une autorisation, doivent assurer la disponibilité du pain ordinaire tout au long de la journée, y compris en soirée et tous les jours de la semaine. Cette mesure vise à garantir un approvisionnement régulier de cette denrée essentielle pour les citoyens. Les autorités n’hésiteront pas à sanctionner les contrevenants, allant jusqu’à proposer la fermeture des boulangeries qui ne respecteraient pas ces consignes.

Lutte contre le commerce informel du « cabas »

Le troisième volet de cette offensive concerne le phénomène du « commerce du cabas », cette pratique d’importation informelle de produits, notamment depuis la France, via des voyageurs qui contournent les circuits officiels. Le ministère du Commerce a annoncé que tous les produits introduits illégalement seront désormais systématiquement saisis lors des contrôles dans les commerces algériens. Cette initiative s’inscrit dans une double perspective : protéger l’économie nationale en luttant contre la fraude fiscale, mais aussi préserver la santé des consommateurs face à des produits qui échappent aux contrôles sanitaires. Les autorités ont notamment relevé des cas préoccupants de denrées alimentaires importées dont les dates de péremption auraient été falsifiées, ou qui présenteraient des étiquetages suspects. Une vaste opération nationale a été lancée à travers les 58 wilayas pour traquer ces produits douteux. Des saisies importantes ont déjà été effectuées, concernant notamment des contrefaçons de marques connues comme Nutella.

Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie plus large initiée depuis plusieurs mois par le ministère, particulièrement visible depuis la période du Ramadan, saison traditionnellement marquée par une forte activité commerciale. L’objectif affiché est multiple : assainir les circuits de distribution, lutter contre les pratiques spéculatives, garantir la transparence du marché et protéger tant l’économie nationale que le pouvoir d’achat des citoyens. Les autorités cherchent également à encourager la régularisation des importations par des canaux légaux, tout en facilitant les procédures douanières pour les importateurs en règle.

Le défi reste d’importance : trouver un équilibre entre le contrôle des circuits commerciaux, la satisfaction des besoins des consommateurs et la protection d’un marché national.

Sabrina Aziouez

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *