Culture

Merzak Allouache revient une comédie grinçante : « Première ligne » dans les salles après l’Aïd

Merzak Allouache s’apprête à retrouver le public algérien avec « Première ligne », sa nouvelle comédie satirique qui sortira dans quatorze salles nationales après l’Aïd El Adha.

Ce 19e long métrage du cinéaste, présenté samedi à la Cinémathèque d’Alger devant un public conquis, confirme une fois de plus son talent pour croquer notre société avec un mélange savant de tendresse et d’ironie mordante. L’histoire, entièrement écrite par Allouache et produite par le Centre Algérien de Développement du Cinéma, nous emmène sur la plage mythique d’El Djamila où deux familles d’un même quartier populaire se livrent une guerre impitoyable pour décrocher les meilleures places au soleil. D’un côté, les Bouderbala menés par Zohra, interprétée avec brio par Fatiha Ouared, qui partent aux aurores avec leurs cinq enfants pour s’installer face à la mer. De l’autre, les Kadouri incarnés notamment par Bouchra Roy et Hichem Mesbah, qui débarquent plus tard dans la matinée et grâce à leurs moyens financiers, corrompent les plagistes pour s’approprier les meilleurs emplacements.

Cette situation apparemment anodine devient le détonateur d’une escalade hilarante orchestrée par deux plagistes véreux campés avec justesse par Brahim Derris et Nabil Asli. Le microcosme social que dépeint Allouache en quatre-vingt-six minutes révèle les petites lâchetés et les grands arrangements qui régissent les rapports humains, transformant une simple journée à la plage en véritable comédie de mœurs.

Le réalisateur enrichit sa trame principale avec l’arrivée de Lounès, l’amant secret de Zohra joué par Idhir Benaïbouche, et du mari trompé Mokhtar incarné par Kader Affak, créant des rebondissements dignes du meilleur vaudeville. Les participations remarquées d’Hacène Benzerari en patron de grande surface et de Rabie Ouadjaou en imam du quartier apportent une profondeur supplémentaire à cette galerie de portraits où chacun révèle ses failles et ses contradictions.

Au-delà du divertissement, « Première ligne » aborde avec finesse des problématiques contemporaines comme l’emploi des jeunes et l’émancipation féminine, tout en questionnant les rapports de classe et les compromissions du quotidien. Allouache signe là une œuvre accessible qui fait mouche sans jamais sombrer dans la facilité, prouvant qu’on peut faire rire tout en faisant réfléchir.

Cette coproduction algéro-française a déjà séduit la critique internationale, du Toronto International Film Festival au Festival de la Mer Rouge de Djeddah, en passant par les Journées de Carthage et le festival montréalais « Vues d’Afrique ». Les échanges nourris qui ont suivi la projection algéroise témoignent de la capacité du film à toucher son public et à susciter le débat. Avec cette sortie nationale programmée après les fêtes religieuses, le cinéma algérien s’offre une belle carte de visite, portée par un réalisateur qui continue d’interroger notre époque avec un regard à la fois complice et impitoyable.

Mohand Seghir

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