Annaba : L’université Badji Mokhtar accélère l’usage de l’anglais
La faculté des technologies adopte définitivement la langue de Shakespeare.
L’université Badji Mokhtar d’Annaba franchit un cap historique avec l’adoption généralisée de l’anglais dans l’enseignement technologique. À partir de la rentrée universitaire 2025-2026, la faculté de technologie basculera officiellement vers cette langue, marquant une étape décisive dans la modernisation de l’enseignement supérieur. Cette transition, qui s’inscrit dans les directives du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, verra ses premiers fruits dès juin 2026 avec la diplomation de la toute première promotion ayant suivi intégralement son cursus de licence en anglais.
Cette révolution pédagogique ne s’improvise pas. Le département de technologie avait anticipé cette mutation en appliquant progressivement cette orientation depuis l’année universitaire 2023-2024, permettant ainsi une transition en douceur vers ce nouveau paradigme linguistique. L’enseignement en anglais sera généralisé au niveau de la troisième année de licence, selon les précisions fournies par une source du département. Les enseignants ont consenti des efforts considérables pour relever ce défi linguistique et pédagogique. Ils ont entièrement repensé leurs cours et travaux dirigés en anglais, s’assurant ainsi de maintenir l’excellence académique tout en répondant aux standards internationaux. Cette métamorphose s’accompagne du lancement de la plateforme « Study in Algeria » par le ministère, spécialement conçue pour attirer les étudiants internationaux et proposer certains cursus de master dans cette langue universelle.
L’ouverture internationale de la faculté se reflète déjà dans sa composition estudiantine, avec 44 étudiants étrangers de diverses nationalités, témoignant de l’attractivité croissante de cet établissement. Le doyen Samir Ben Moussa souligne cette dynamique d’internationalisation qui positionne progressivement l’université d’Annaba comme un acteur incontournable de l’enseignement supérieur régional.
La préparation de cette transition s’organise méthodiquement à travers la formation intensive des enseignants et le renforcement des cours de soutien en anglais pour les étudiants au sein du centre d’enseignement des langues étrangères « Citam ». Ces mesures préparatoires visent à garantir le succès de cette mutation initiée depuis 2023, dans l’esprit du programme ambitieux du ministre Kamel Baddari. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie nationale plus large. Le ministère de l’Enseignement supérieur a défini des objectifs précis, notamment la formation de 80% des enseignants en sciences et technologies et de 100% de ceux en sciences humaines, sociales et médicales. Un plan global prévoit la formation de 58 000 enseignants à travers le territoire national, démontrant l’ampleur de cette transformation du paysage universitaire algérien.
L’université d’Annaba propose trois programmes de formation pour accompagner cette transition : l’inscription en licence d’anglais dans les universités spécialisées, l’inscription dans des centres d’enseignement intensif des langues, ou encore le suivi de formations en ligne via la plateforme d’e-learning ministérielle. Cette décision rencontre un accueil favorable de la part des étudiants et enseignants, qui y voient une opportunité d’accéder directement aux références scientifiques originales sans recourir aux traductions. Comme le soulignent les acteurs de terrain, « maîtriser parfaitement l’anglais aujourd’hui constitue un choix irréversible pour atteindre le niveau d’excellence souhaité à l’université Badji Mokhtar ». Cette transformation représente l’avenir de l’université algérienne et une chance unique d’élever le niveau académique, de stimuler la recherche scientifique et de hisser l’enseignement supérieur national vers les sommets internationaux.
Sofia Chahine
