Économie

Gaz naturel: L’Algérie consolide sa position sur le marché européen

Le rapport mensuel du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) révèle une dynamique contrastée sur le marché gazier mondial au premier semestre 2025, marquée par une performance remarquable de l’Algérie qui tire son épingle du jeu dans un contexte indécis. Selon les données du GECF pour le mois de juin, les importations cumulées de gaz naturel par pipeline vers l’Union européenne ont atteint 71 milliards de mètres cubes durant les six premiers mois de 2025, enregistrant une baisse de 10% par rapport à la même période de l’année précédente. Dans ce contexte de contraction générale, l’Algérie se distingue comme le seul fournisseur à avoir maintenu une trajectoire positive avec une croissance de 2% de ses exportations gazières vers l’Europe, consolidant ainsi sa position stratégique sur ce marché crucial.

Cette performance algérienne contraste avec la situation de tous les autres pays fournisseurs qui ont vu leurs exportations vers l’Europe diminuer. Le rapport souligne particulièrement qu’en juin 2025, aucun des cinq principaux pays exportateurs de gaz par pipeline vers l’UE n’a enregistré de croissance annuelle, à l’exception notable de l’Algérie qui a maintenu sa progression. Les exportations algériennes ont progressé de manière équilibrée vers ses deux marchés principaux, l’Italie et l’Espagne, bénéficiant chacun d’une hausse de 2% des livraisons par rapport à l’année précédente.

Sur le plan global, le GECF projette une croissance de 2% de la consommation mondiale de gaz en 2025, portée principalement par l’augmentation de la demande en Amérique du Nord et en Asie. Cette tendance positive masque cependant des évolutions régionales divergentes. En juin 2025, la consommation de gaz naturel de l’UE a reculé de 0,8% sur un an pour s’établir à 16,5 milliards de mètres cubes, sous l’effet d’une demande plus faible dans les secteurs résidentiel et industriel. À l’inverse, la consommation américaine a progressé de 0,6% pour atteindre 68,5 milliards de mètres cubes, soutenue par une demande accrue dans les secteurs résidentiel, commercial et industriel. En Chine, la demande apparente de gaz a augmenté de 1,2% en mai 2025 pour s’établir à 36,4 milliards de mètres cubes.

Du côté de la production, le GECF anticipe une hausse mondiale de 2% en 2025, tirée principalement par l’augmentation de la production au Moyen-Orient. Les États-Unis maintiennent leur tendance haussière avec une production qui a atteint 89,8 milliards de mètres cubes en juin 2025, soit une progression de 3,1% sur un an, soutenue par la croissance de la consommation domestique. À l’opposé, la production européenne a chuté de 5,9% sur un an en mai 2025 pour tomber à 14,3 milliards de mètres cubes, principalement en raison de la baisse de production norvégienne. Dans la région Asie-Pacifique, l’offre a progressé de 2,3% sur un an, portée par la croissance constante de la production chinoise.

Le marché du gaz naturel liquéfié (GNL) a connu une dynamique particulièrement favorable en juin 2025, avec des importations mondiales qui ont bondi de 9,4% sur un an pour atteindre 34,8 millions de tonnes, marquant la plus forte croissance annuelle depuis novembre 2022. Cette augmentation a été principalement menée par l’Europe, bénéficiant d’une demande plus forte de reconstitution des stocks, d’une production domestique plus faible et d’une réduction des importations de gaz par pipeline due aux activités de maintenance en Norvège. Les flux de GNL américains ont continué de privilégier l’Europe grâce à des prix de cession nets plus attractifs, tandis que le déclin des importations de GNL en Asie-Pacifique s’est modéré. Les prix spot sur les marchés gaziers européens et asiatiques ont fortement augmenté en juin 2025, alimentés par les tensions géopolitiques accrues au Moyen-Orient. Les prix spot du TTF ont atteint en moyenne 12,30 dollars par MMBtu, en hausse de 6% sur un mois et de 14% sur un an, tandis que les prix spot du GNL en Asie du Nord-Est ont atteint en moyenne 12,96 dollars par MMBtu. Cette évolution des prix, conjuguée à la demande croissante de gaz pour le refroidissement durant les mois d’été, pourrait continuer d’exercer une pression à la hausse sur les cours dans les prochains mois.

Samira Ghrib

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