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Des coupes préventives pour stabiliser le marché pétrolier : L’Opep+ ne cède pas !

Les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés signataires de la Déclaration de coopération ont réussi à atteindre leur objectif en enrayant la baisse des cours du baril dans le sillage de la crise bancaire et en envoyant un signal fort au marché.

L’Opep+, qui a pleinement repris le contrôle sur le marché pétrolier, a clairement affiché sa volonté de tout mettre en œuvre pour garantir la stabilité du marché et maintenir des prix planchers susceptibles d’assurer les financements nécessaires pour remédier au désinvestissement qui marqué ces dernières années l’amont pétrolier, afin de préserver les capacités de production et d’offre futures. La décision de plusieurs pays de l’alliance de procéder à des coupes volontaires de production à partir du mois de mai jusqu’à la fin de l’année en cours, et annoncée dimanche à la veille de la réunion du comité ministériel de suivi de l’accord Opep+, a eu un effet immédiat. Les cours sont repartis à la hausse pour s’approcher la barre des 85 dollars pour le Brent, après que ces derniers aient atteint des plus bas de décembre 2021 au cours des derniers jours et peinaient à se redresser. Les deux références mondiales ont décollé d’environ 8% en début de séance, renouant avec leur niveau d’avant les tumultes du secteur bancaire.

L’Irak, l’Algérie, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Oman, le Kazakhstan, le Koweït et le Gabon vont donc procéder à partir du mois prochain à d’importantes réductions, et ce jusqu’à fin 2023. Elles vont de 500.000 barils par jour (bpj) pour Ryad à 8.000 bpj pour Libreville. La Russie a pour sa part prolongé sa mesure de réduction de 500.000 bpj jusqu’à fin 2023. Au total, le volume laissé sous terre sera « d’environ 1,66 million de barils quotidiens », a précisé l’Opep+, une réduction qui viendra s’ajouter à la coupe globale de 2 millions de barils jours décidée lors de la réunion de l’Opep+ le 5 octobre dernier. Bien que les pays consommateurs cherchent déjà à conspuer l’alliance et ses décisions salutaires pour le marché, l’Opep s’attache à la démarche et démontre qu’elle ne cèdera pas aux pressions politiques de Washington qui a épuisé les recours pour infléchir la position de l’Opep.

D’ailleurs, l’alliance, qui tenait hier une réunion technique par visioconférence (JMMC), a pris note de ces « ajustements volontaires » de production. A l’unisson de ses membres, elle a assuré qu’il s’agissait « d’une mesure de précaution visant à soutenir la stabilité du marché pétrolier ». Et d’autres pays pourraient suivre l’exemple, « s’ils le jugent (…) nécessaire », selon le vice-Premier ministre chargé de l’Energie Alexandre Novak, interrogé par la télévision russe Rossiya 24. Il est vrai que le marché est soumis depuis quelques mois à d’importantes fluctuations portées par des facteurs exogènes, en sus du manque de visibilité sur l’évolution des fondamentaux du marché. C’est cette incertitude que cette mesure préventive intervient. Dans ce sens, le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, et lequel a pris part hier à la réunion du JMMC a indiqué à la lumière de l’examen du marché, « malgré des signaux positifs en provenance de Chine, les conditions du marché appellent à la prudence. Les incertitudes autour de la croissance économique mondiale pourraient conduire à un ralentissement de la demande de pétrole. Le marché pétrolier est largement approvisionné alors que les stocks commerciaux sont revenus à leur plus haut niveau depuis deux ans ». « Au terme de nos discussions, certains pays membres de l’OPEP et non membres de l’OPEP dans la déclaration de coopération, ont décidé, de manière préventive et afin d’assurer la stabilité du marché pétrolier, de procéder à une réduction volontaire de leur production qui s’ajoute à celle convenue lors de la 33e réunion ministérielle OPEP et non-OPEP du 5 octobre 2022 », a-t-il ajouté.

Le vice-Premier ministre russe en charge de l’Energie, Alexandre Novak, a également évoqué une la période « de forte volatilité » et « d’incertitude » sur le marché de l’or noir. « La prévisibilité du marché mondial du pétrole est un élément clé pour assurer la sécurité énergétique », -t-il déclaré, cité dans un communiqué.

Notons que le JMMC a décidé se réunir le 04 juin 2023 pour examiner le respect des engagements de baisse de la production des pays de l’OPEP+ et pour évaluer la situation du marché pétrolier international.      

Samira Ghrib

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