Culture

Musique : Le maestro libanais Ziad Rahbani n’est plus

Le monde arabe a perdu l’une de ses figures culturelles les plus emblématiques avec le décès samedi matin à Beyrouth du musicien libanais Ziad Rahbani, emporté par une crise cardiaque à l’âge de 69 ans. Fils de l’icône Feyrouz et du compositeur Assi Rahbani, cet artiste visionnaire laisse derrière lui un héritage artistique incommensurable qui a profondément marqué la musique et le théâtre libanais et arabe contemporains. Dès ses débuts au début des années 1970, Ziad Rahbani s’est imposé comme l’un des plus audacieux novateurs de la scène culturelle libanaise, révolutionnant la chanson et le théâtre par son ton acerbe et son regard lucide sur la société. Sa première œuvre théâtrale « Sahriyé », créée alors qu’il n’avait que 17 ans, marquait déjà l’émergence d’un talent exceptionnel et d’une voix libre qui ne cesserait jamais de questionner son époque. L’artiste défunt s’est particulièrement distingué par ses pièces théâtrales qui reflétaient la réalité libanaise avec un style satirique et intelligent, ses œuvres se caractérisant par leur audace et leur analyse profonde de la société. Cette démarche artistique courageuse faisait de lui une conscience libre et engagée que certains ne voulaient pas entendre mais que d’autres n’oublieront jamais. Sa contribution à la musique moderne a été tout aussi révolutionnaire, introduisant des éléments du jazz occidental dans les mélodies orientales traditionnelles, créant ainsi un style musical unique qui a influencé toute une génération d’artistes arabes. Cette fusion innovante entre Orient et Occident témoignait de sa vision artistique avant-gardiste et de sa capacité à transcender les frontières culturelles. Au-delà de sa propre carrière, Ziad Rahbani a également marqué l’œuvre de sa mère Feyrouz en composant et arrangeant de nombreuses chansons qui ont jalonné une nouvelle phase de sa carrière artistique. Parmi ces créations figurent des titres devenus cultes comme « Ana Indi Hanin », « Al Bosta », « Sallim Li Alayh » ou encore « Kifak Inta », qui témoignent de sa capacité à renouveler le répertoire de la diva libanaise tout en respectant son univers artistique. Sa filmographie comprend également la composition de la musique du film algérien « Nahla » du regretté réalisateur algérien Farouk Beloufa, produit en 1979, qui mettait en lumière la résistance dans le sud du Liban. Cette collaboration internationale illustrait sa volonté de porter son art au-delà des frontières libanaises et d’aborder les questions politiques et sociales de la région. Pianiste accompli, compositeur visionnaire et dramaturge provocateur, Ziad Rahbani était également reconnu pour ses commentaires politiques incisifs qui faisaient de lui une figure intellectuelle respectée. Son décès, confirmé par l’Agence nationale d’information libanaise et qualifié de « perte nationale » par les autorités, marque la fin d’une époque pour la culture arabe contemporaine et laisse un vide immense dans le paysage artistique régional.

Mohand Seghir

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