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Politique économique, subvention, partenariats : Tordre le cou aux idées reçues

Le président de la République a tordu le cou à certaines idées reçues sur le climat des affaires en Algérie.  Des politiques économiques, à la révision du système des subventions en passant par la lutte contre la bureaucratie et la corruption, Abdelmadjid Tebboune assène des vérités dans l’entretien qu’il a accordé à l’hebdomadaire français « Le Point ». L’Algérie est loin d’être un pays à l’arrêt. Malgré quelques blocages et le besoin pressant de réformes, l’Algérie est un pays ouvert aux investisseurs, pour peu que ceux-ci soient effectifs, créent de la valeur ajoutée et de l’emploi et que les acteurs économiques prennent en considération la demande sociale exprimée. C’est ainsi que le Président Tebboune remet en cause la vision tronquée du Doing Business. « La logique du Doing business instaure certains paramètres pour capter les investissements directs étrangers. Parce que les opérateurs investissent là où il y a le minimum d’État. Certains pays l’acceptent, à défaut d’avoir d’autres moyens de création d’emplois, devenant presque des protectorats d’autres pays, où on peut, par exemple, prohiber l’action syndicale », indique le Chef de l’Etat. Celui-ci tient d’ailleurs à mettre en avant le fait que l’Algérie est différente de par ses exigences et les opportunités qu’elle offre aux investisseurs. « En Algérie, c’est impossible. Il y a une demande d’État et de protection sociale assez forte. Ce n’est pas très attractif. Mais quand il s’agit d’investir dans les hydrocarbures, cela ne gêne personne. Ajoutez à cela un pays solvable non endetté et qui compte 45 millions de consommateurs ». Et c’est d’ailleurs dans ce contexte qu’il fait un pied de nez à la vision du partenariat promue en Occident, notamment en France. Il fait le point sur certains projets de partenariat algéro-français et ajoute que les relations « ne se construisent pas de souverain à suzerain, mais d’égal à égal ». « Vous avez des intérêts que nous reconnaissons, que vous défendez, et nous avons des intérêts que nous devons défendre. Il faut sortir du mythe que les investisseurs français ont été malheureux en Algérie », assène-t-il.

Et c’est justement à cette image d’investisseurs et d’acteurs économiques « malheureux » en Algérie que le président de la République s’attaque. Il réfute l’idée selon laquelle les procès pour corruption des oligarques du régime bouteflikéen auraient induit des blocages, un traumatisme au sein des milieux d’affaires, des banques et de l’administration. Abdelmadjid Tebboune dira sans ambages que des garanties ont été données aux opérateurs économiques et que la justice algérienne n’accuse personne à la légère. «Nous avons déjà fait plus que le nécessaire pour les rassurer. Nous avons réuni, à deux reprises, les patrons algériens ; nous avons pris des mesures dans les lois de finances. S’ils ont des choses à se reprocher, je n’y suis pour rien. La justice a pris tout son temps pour juger ceux qui ont indûment touché à l’argent public, on n’accuse personne à la légère », dira le Président. En termes plus clairs, les acteurs qui n’ont rien à se reprocher n’ont rien à craindre et peuvent travailleur en toute sérénité. Il faut rappeler dans ce contexte que le Chef de l’État a donné des instructions fermes pour mettre fin au phénomène des dénonciations anonymes. Il a exigé que les dénonciations d’actes de corruption et de faits délictueux soient le fait de personnes identifiées, que des mesures soient prises pour protéger les dénonciateurs intègres.  Il faut également noter que le président de la République s’est engagé face aux opérateurs économiques de revoir les dispositions réglementaires, notamment le code de commerce pour dépénaliser l’acte de gestion. La question devrait d’ailleurs être tranchée par le prochain Parlement.

Enfin, Abdelmadjid Tebboune évoquera la question des subventions. Il réaffirme que « l’Algérie sera un État social ad vitam aeternam, parce que c’est une exigence de ceux qui se sont sacrifiés pour ce pays ». Il estime cependant que le système des subventions doit être révisé. « L’État social reste un principe valable pour les classes moyennes et démunies, mais les plus riches ne doivent plus être concernés par les subventions ». Et de préciser que « le projet est en cours d’élaboration, j’attends l’élection des assemblées – Parlement et assemblées locales – pour entamer une réflexion nationale, notamment avec les syndicats, le Conseil national économique et social et environnemental et les élus ».

Samira Ghrib

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