Complexe sidérurgique d’El Hadjar : Deux cadres relevés de leurs fonctions
Deux cadres du top management du complexe sidérurgique d’El-Hadjar ont été écartés de leurs postes, apprend-on de source interne.Selon celle-ci, il s’agit du responsable de la sécurité et de la responsable des ressources humaines.
En ce qui concerne les raisons de cette décision, rien n’a filtré, hormis leur présumée implication dans des affaires traitées par laJustice. Toutefois, il s’est avéré que les deux cadres ont été, au mois d’avril dernier, auditionnés par les services de la Gendarmerie nationale. Le premier cadre serait poursuivi pour passation de marchés douteux, occasionnant un déficit financier de 3milliards de centimes. Le grief retenu contre la responsable des ressources humaines serait quant-à lui , lié aux irrégularités dans la gestion de son département, dont la mauvaise gestion du dossier de la permanisation des contractuels, nous dit-on. Il faut souligner que si la nouvelle a étonné quelques métallurgistes, d’autres ont par contre été unanimes à saluer l’assainissement de la gestion du complexe.
Le complexe Sider El Hadjar a, depuis longtemps, été entaché par les scandales. Depuis les marchés non conformes jusqu’aux sabotages en passant par les vols et les détournements, l’entité économique n’a fait qu’évoluer dans un climat de tension et a été touché par diverses enquêtes judiciaires.
Il est utile de rappeler que pas moins de sept enquêtes ont été déclenchées en 2018, dont l’une ayant trait à des marchés conclus dans l’opacité, des contrats douteux accordés de gré à gré, sans le recours au code des marchés publics et l’atteinte à l’économie nationale. Le préjudice serait estimé à plusieurs milliards de centimes.En 2019, un autre scandale vient secouer le complexe d’El Hadjar. Il concerne l’importation de six poches tonneaux, destinées au transport par voie ferrée, de la fonte liquide depuis le haut fourneau vers les différentes unités de transformations. Un contrat de 3 millions de dollarspour des équipements non adaptés aux équipements du complexe. Ce marché a été conclu en 2016 avec une entreprise chinoise, spécialisée dans la fabrication de ces équipements lourds. Le hic dans cette affaire, est qu’une équipe d’ingénieurs du complexe d’El Hadjar, a fait le déplacement jusqu’en Chine, pour vérifier les nouveauxéquipements devant remplacer les poches tonneaux.Aussitôt le marché a été conclu entre les deux parties, pour une installation devant être effectuée en 2017. Expédiées en plusieurs lots, les poches tonneaux ont été installées par des ingénieurs chinois en l’absence des ingénieurs algériens ! Après plusieurs mois d’installation, les essais n’ont finalement pas été concluants, pour des raisons dites techniques et sécuritaires. Mais en réalité,ni la hauteur des poches chinoises, ne convientà celle de la distance de versement au niveau des unités de transformations l’ACO 1 et l’ACO 2, encore moins celle des roues avec les railles menantà ces unités. Bien que des modificationsaient été opérées sur les équipements, ces derniers n’étaient toujours pas compatibles.
Le wali jette un pavé dans la marre
Au-delà de ces incuries dans la gestion du complexe, celui-ci a dû subir plusieurs vols. On rappelle, entre autres, celui de l’année dernière, où plus de 3 km de câbles électriques de haute tension ont été volés, occasionnant un préjudice financier de plus de 100 millions de DA. Un acte qui ,soulignons-le, a provoqué l’arrêt de 20 jours, de la PMA, unité de préparation de matière et agglomérés. Ces faits etbien d’autres ont entachés et continuent d’entacher le mastodonte de la sidérurgie.
Le wali d’Annaba, Djamel Eddine Berrimi,a réagi face à ces multiples évènements en informant, dans une correspondance adresséeen avril dernier, au ministre de l’Industrie, de l’existence d’une affaire de faux et usage de faux, abusde fonction et attribution d’indus privilèges, dansle dossier des demandeurs d’emploi. Les agissements ont traità la manipulation et la falsification de pièces dans les dossiers des postulants, dont de faux certificats de formations et diplômes. Des faitsportés à l’actif de la complicité de cadres et responsables influents au sein de l’entreprise. Une affaire qui ne cesse de faire couler de l’encre, notamment en ce qui concerne les présumés impliqués dans cette affaire scandaleuse.
Sofia Chahine