Subventions, financement de l’économie, investissements : Rectifier les attitudes économiques illogiques
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a insisté hier sur la nécessité de rectifier la trajectoire des politiques économique. Lors du discours qu’il a prononcé à l’installation des membres du Conseil national économique, social et environnemental, le Président Tebboune a souligné la nécessité de se défaire du syndrome hollandais. Il indique que l’Algérie d’aujourd’hui « a hérité d’un modèle économique qui suscite le désespoir à chaque fois que le prix du baril baisse », et qu’il est nécessaire de se défaire de cette dépendance et de toutes les dépendances. Addiction aux importations, gestion des subventions directes et indirectes, prédominance des contributions publiques dans le financement de l’économie et faiblesse du rôle du secteur privé, Tebboune veut tout changer et inverser le cours des choses. Mais refuse les solutions clé en main. Il réitère ses positions concernant le refus catégorique de recourir à l’endettement extérieur et au FMI. « Et si elle devait y recourir, elle le ferait via l’endettement intérieur », lance-t-il. Car les ressources existent déjà à l’intérieur de l’Algérie. Il suffit d’un modèle économique qui tire le meilleur de ces ressources sous-exploitées.
90 milliards USD dans l’informel
C’est ainsi qu’Abdelmadjid Tebboune indique que le secteur informel compte des ressources estimées à approximativement 10.000 milliards de dinars soit l’équivalent de 90 milliards de dollars, tout en soulignant la nécessité de récupérer cet argent. Une mission qui incombe, explique-t-il, au CNESE dont l’une des missions est la recherche de solutions et la présentation de recommandations pour remettre ce gigantesque matelas financier dans les circuits formels.
Et le modèle financement de l’économie est une autre problématique sur laquelle le président de la République met le doigt, dans la mesure où il est caractérisé par la prédominance des contributions budgétaires et les financements bancaires publics et a appelé les opérateurs privés « à contribuer au financement des projets d’investissement » et à ne pas compter uniquement sur les banques publiques. »Malheureusement, le secteur privé est financé à 85% par les fonds publics et les banques publiques, l’investisseur demande désormais un financement public pour la réalisation d’un petit hôtel sans toutefois donner de garanties », a-t-il rappelé avant d’appeler les opérateurs économiques « à ne pas compter sur l’Etat dans le financement de leurs projets », soutenant que le rôle de l’Etat consiste en réalité « à orienter et à accompagner l’investissement ». Il a dans ce contexte vivement appelé les opérateurs privés algériens à aller investir les marchés africains notamment dans le cadre de la Zlecaf.
3,3 milliards de dollars perdus dans le gonflage de pneus
Cependant, il soulignera que la conditionnalité pour le faire est de s’inscrire dans une logique industrielle et de production réelle et de se départir de certains comportements négatifs comme le fait de se limiter de la pseudo-transformation de produits importer pour les réexporter, et le recours à l’usage des exonérations fiscales et les subventions à certains produits alimentaires pour tirer profit de la valeur ajoutée aux dépends du Trésor public. Il dénoncera ainsi « la recherche de l’argent facile, la dépendance à la rente, le gaspillage, et le recours de certains opérateurs privés à l’exportation de produits subventionnés par l’Etat », soulignant la nécessité d’éviter les importations inutiles.
Rappelant que 3,2 milliards de dollars ont été « gaspillés pour rien » dans des opérations de montage automobile en Algérie pour sortir des voitures locales vendues à des prix dépassant ceux des voitures importées, le chef de l’Etat s’est interrogé « comment se fait-il qu’un pays qui compte 100 universités et 12 Ecoles, avec 250.000 universitaires diplômés chaque année, puisse recourir à l’importation de matériels en kits pour la fabrication de réfrigérateurs et de télévision ». Il a également cité les exportateurs de sucre qui importent plus qu’ils ne le devraient. « Pourquoi importer en double pour ensuite exporter le surplus? », s’est-il encore interrogé.
Enfin, le président de la république Abdelmadjid Tebboune a réaffirmé la volonté de l’Etat de poursuivre la lutte contre la bureaucratie qui freine tous les efforts de développement de l’économie nationale. Un développement économique qui passe, ajoute-t-il, par l’implantation de nos produits dans les marchés africains via le libre-échange et l’investissement dans l’optique de réduire la facture des importations qui annonce-t-il sont passées de 60 à 31 milliards de dollars et à développer les exportations hors-hydrocarbureslesquelles devraient atteindre la barre haute des 4 milliards d’ici à la fin de l’année.
Akli Amor