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Rentrée scolaire à Annaba : Le diktat des cours particuliers

Les cours particuliers ont repris pour des milliers d’élèves à travers toutes les wilayas du pays. 

Quelques jours après la rentrée, les cours particuliers affichent déjà complet dans la wilaya d’Annaba.Les cours particuliers ou de soutien, qu’importe la dénomination, sont entrés dans les mœurs pour devenir la règle après avoir été l’exception. Le phénomène s’est développé au fil des ans pour en transformer l’éducation en un véritable  marché, bien que les débuts eurent été timides. Les cours de soutien étaient, au départ, réservés essentiellement aux classes d’examens, BEM et BAC en l’occurrence. Mais depuis, le phénomène a pris de l’ampleur. Désormais, les cours privés couvrent tout le parcours scolaire, depuis le cycle du primaire jusqu’au lycée en passant par le moyen. Bien que  les enseignants qui y sont engagés ne sont certes pas majoritaires, ils constituent tout de même une catégorie importante de l’effectif de l’éducation nationale à travers le pays. C’est pour dire qu’au fil du temps, grand nombre d’enseignants ont eu toute la latitude de se constituer en groupes, pour exercer dans des locaux aménagés pour la circonstance. Situés pour les uns dans des  quartiers aisés de la ville pour et des quartiers moyens pour les autres. Entre les uns et les autres, il y’a ceux qui ont aménagé des pièces au sein de leurs domiciles, pour en faire des salles de cours.  Les  tarifs des cours, dénotent du quartier et par conséquence du statut social des élèves et de leurs parents. Des tarifs qui restent hors de portée des petites bourses, notamment pour les matières scientifiques, bien évidemment. Pour de nombreux enseignants, les revenus mensuels ont triplé ou quadruplé, atteignant jusqu’à 600 000 DA pour certains ! sans tenir compte du salaire qu’ils perçoivent auprès de l’éducation nationale. Ces mêmes enseignants, qui n’ont pas lâché pour autant leurs postes dans les établissements publics, sont en train de creuser le fossé séparant les familles nanties, qui ont les moyens de payer pour assurer à leurs enfants le maximum de chances de réussite, et les familles aux revenus modestes, qui se contentent des prestations que leur procure l’enseignement public. Les dépenses scolaires  ne finissent pas avec l’achat des fournitures et manuels scolaires, pour la rentrée scolaire. Les frais des cours privés restent la hantise des parents d’élèves contraints de se soumettre à un diktat, imposé au nom de la réussite convoitée. Autrefois, les cours de soutien étaient réservés aux élèves en difficulté, dont la plupart sont issus de classes sociales défavorisées. Or, ces dernières années,  les cours particuliers ne sont plus destinés en priorité à des élèves en difficulté, mais plutôt à une ‘’ élite ‘’d’élèves, dont les parents aisés ne font pas paradoxalement confiance dans l’enseignement privé agréé par l’Etat. Et cela reste une exception, du fait que,  dans la plupart des cas, les cours privés sont dispensés dans des garages ou des hangars sommairement équipés. Cependant, dans tous les cas de figure, le phénomène des cours privés, qualifié de  ‘’grave dérive’’  par des cadres du ministère de l’Éducationnationale, est en train de s’imposer, sans que les autorités ne soient en mesure de trouver la parade. Bien que des tentatives de riposte aient été entreprises ici et là, cela a été vain.  Dans un autre contexte, tout le collectif des enseignants relevant du ministère de l’Éducation nationale, brandit à chaque fois, la menace de grève, pour revendiquer une augmentation de salaires et l’amélioration des conditions de travail. Lors de toutes les grèves engagées à ce jour, des enseignants ‘assurent des cours en privé, en parallèle.  C’est à se demander où veulent en venir ces enseignants qui imposent aux parents  de potaches en première année élémentaire, de passer par les cours de soutien pour améliorer leur scolarisation ?!

Sofia Chahine

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