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Abdelhamid Hemdani, ministre de l’Agriculture : « Il y a des visées à caractère politique derrière la spéculation »

La lutte contre la spéculation est, aujourd’hui, la priorité du Gouvernement. Ainsi, un plan d’action a été mis en place en coordination entre le ministère du Commerce et de la promotion des exportations et le ministère de l’Agriculture et du Développement rural pour suivre ce phénomène et de trouver des solutions.

Un phénomène dont les ressorts semblent étranges et derrière lequel se cachent des acteurs aux motivations politiques. C’est dans ce contexte que le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a indiqué jeudi que les considérations objectives ne peuvent à elles seules expliquer certaines hausses des prix. Invité à s’exprimer sur les ondes de la Radio algérienne, Abdelhamid Hemdania indiqué qu’il est tout à fait étranger de voir des prix « passer du simple au double de 48 heures, d’autant qu’il n’y a aucun problème de disponibilité de l’offre pour les produits concernés ! ». M. Hemdani a également expliqué que certains facteurs objectifs ne peuvent expliquer à eux seuls la hausse des prix. Il évoque ainsi l’exemple de l’impact de la sécheresse qui n’a réduit que de 5% la production agricole et ne peut aucunement causer une aussi importante augmentation des prix ». Le ministre révèlera ainsi que la commission de suivi mise en place en coordination avec le département de Kamel Rezig a ouvert des enquêtes lesquelles ont prouvé l’existence sur le terrain de stocks illicites et de personnes qui pratiquent illégalement le stockage de produits tandis qu’il y a une demande sur le marché.Des pratiques qui ont également une motivation politique a estimé le ministre. Pour M. Hemdani, « pratiquer la spéculation sur un produit comme la pomme de terre que l’Algérie produit à l’ordre de 5 millions de tonnes annuellement et qui exporte vers d’autres pays comme la Russie ne peut pas avoir d’autres objectifs que de toucher à l’ordre public, car nous sommes justement au stade de l’excédent avec des quantités de ce produits qui sont en train d’être récoltés pour une couverture de consommation de la vingtaine de jours à venir en plus des quantités qui sont en stock ». M. Hemdani qui s’est félicité du classement de leader de l’Algérie par la FAO comme le seul pays africain et du monde arabe à avoir consolidé sa sécurité alimentaire a assuré les agriculteurs de l’accompagnement constant de l’Etat qui a mis à leur disposition des mécanismes et des dispositifs  pour continuer sur le même effort.

Il est utile de rappeler dans ce contexte le président de la République a indiqué la semaine dernière au cours de la traditionnelle rencontre avec les médias que des acteurs aux motivations politiques se cachaient derrière la spéculation. Il avait également précisé que les spéculateurs seraient désormais soumis à de lourdes sanctions pouvant aller jusqu’à 30 ans d’emprisonnement. Le projet de loi dédié doit justement être présenté demain en Conseil des ministres.

Réduction des importations

Sur un autre volet et abordant la feuille de route de son ministère, M. Hemdani a fait savoir que « le ministère de l’Agriculture a ciblé un certains nombre de points dans le cadre du projet de rationalisation des dépenses publiques et dans le cadre de la réduction des importations, et en prenant en compte l’existence de certaines filières qui affectent de manière significatives la balance des paiement  tels que les céréales, le maïs et les huiles, nous avons fixé des objectifs et les moyens de leur consolidation sur le terrain », précisant qu’« à l’horizon 2024, l’Algérie ambitionne de produire 40% des besoins en maïs, de gagner la bataille du blé dur en réalisant son autonomie, à réduire les importations des huiles avec notamment le lancement d’une des filières oléagineuse qui est le Colza ».

Dans ce cadre, M. Hemdani qui a assuré que « l’Algérie a les moyens d’atteindre 30% des besoins nationaux en ces produits, a souligné les mesures incitatives prises au profit des investisseurs dans le cadre des facilitations d’accès au foncier et la débureaucratisation de l’acte économique pour atteindre justement la réduction des dépenses à l’importation d ces produits de deux milliards de dollars à l’horizon 2024. Et de préciser que « l’on et déjà, cette année, à 400 millions de dollars de gain ».Abordant les contraintes liées aux difficultés d’irrigation, le ministre de l’Agriculture a soutenu que « cette feuille de route a été établie après de large consultations avec des institutions techniques qui ont évalué le potentiel technique et le potentiel hydrique estimé à 2 900 hectares dans le Sud du pays avec  un potentiel sol et eau autour de 500 mille hectares qu’on ambitionne de mettre en valeur dans les quatre à cinq années à venir dans le cadre de cette feuille de route ».  Un premier portefeuille de près  de 200 000 hectares  est déjà prêt et commence déjà à attirer des investisseurs, a-t-il rappelé à ce sujet tout en précisant que sur les 200 dossiers déposés, 70 ont été retenus dont une cinquantaine sont déjà installés sur leurs parcelles.

Kamel Nait Ameur

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