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Le sénat américain bloque les fonds destinés à la coopération militaire avec le Maroc : Le camouflet !

Après l’annulation de la vente de Drone MQ-9B et après avoir mis son veto à l’ouverture d’un consulat américain à Dakhla, le Sénat américain vient de décider de bloquer les fonds aux manœuvres militaires conjointes avec le Maroc tant que ce dernier ne s’engage pas de manière concrète dans un accord de paix avec le Sahara occidental.

Le Makhzen multiplie les échecs diplomatiques. Isolé de la scène africaine, pressé de respecté la légalité internationale, le palais royal voit ses manœuvres destinées à imposer une politique du fait accompli au Sahara occidental, déboutées l’une après l’autre.

Le Sénat américain a, en effet, décidé mercredi dernier de procéder au blocage des fonds destinés à l’appui de la participation marocaines aux manœuvres militaires conjointes et multilatérales tant que le Royaume du Maroc ne décide pas à mener des actions en vue de la concrétisation d’ «un accord de paix avec le Sahara occidental ».

«Aucun fonds de la loi budgétaire pour l’exercice 2022 ne sera mis à la disposition du Secrétaire d’Etat à la défense pour soutenir la participation des forces militaires du Royaume du Maroc à tout exercice bilatéral ou multilatéral à moins que le Secrétaire ne certifie aux commissions de défense du Congrès que le Royaume du Maroc a pris des mesures pour soutenir un accord de paix avec le Sahara occidental », est-il indiqué dans le projet du budget fédéral adopté par le Comité des forces armées au sein du Sénat américain.

Cet énième camouflet n’est en fait que le dernier épisode d’une série de gifles infligées au Makhzen, non seulement par le Congrès américain, mais aussi par l’Union européenne et les instances africaines.

L’empressement du Makhzen de s’engager dans un accord tripartite avec l’ex-président américain Donald Trump et l’entité sioniste prévoyant une officialisation des relations entre le Maroc et l’entité sioniste contre une pseudo-reconnaissance d’une prétendue marocanité du Sahara occidental a démonté ses limites. Et depuis l’avènement de l’administration Biden, le palais royal subit le retour de flammes d’une politique à courte vue basée sur la spoliation, le mensonge et la provocation.

Dès son arrivé l’administration Biden a marqué une rupture avec les décisions de Trump sur le dossier du Sahara occidental, en renvoyant son dossier dans son contexte naturel et légal, celui de traitement d’une question de décolonisation dans le cadre des dispositifs de l’ONU.  Le secrétaire d’État US Antony Blinken avait d’ailleurs insisté sur la nécessité de nommer un émissaire de l’ONU au Sahara occidental, afin de relancer le processus devant aboutir à un référendum d’autodétermination au Sahara occidental. Et c’est d’ailleurs sous la pression de Washington que le Makhzen a dû accepter la nomination de Staffan de Mistura à ce poste au mois d’octobre en cours.

L’isolement

De son côté, le Congrès américain a bloqué toutes les décisions de Trump dans le cadre de l’accord tripartite. Il a ainsi bloqué, au mois de juin dernier le projet de vente de drones MQ-9B au Maroc, et a décidé d’allouer. La semaine dernière, le sénat américain avait décidé, dans le cadre du budget 2022, de réallouer les fonds qui avaient été destinés par Trump à l’ouverture d’un consulat à Dakhla à la recherche d’une solution politique pour le Sahara occidental. Un camouflet pour le palais royal qui cherchait à imposer une situation de fait, d’autant que l’annulation de ce projet entrainera à coup sûr la fermeture de nombreuses autres boites postales consulaires que le Makhzen a cherché à multiplier pour imposer le fait accompli dans les territoires occupés du Sahara occidental.

La récente décision du congrès US intervient aussi au moment où le Maroc accumule les échecs et se voit de plus en plus isolé sur le plan régional et continental. Il faut rappeler dans ce sens que le Tribunal de l’Union européenne a rendu le 29 septembre dernier, deux arrêts annulant deux accords commerciaux entre l’UE et le Maroc élargi au Sahara occidental occupé.

Cette dernière déconvenue intervient aussi au moment où la diplomatie marocaine subit des camouflets sur le continent africain. La discrétion et le silence assourdissant du MAE marocain, Nacer Bourita à Kigali lors du Sommet Afrique-Europe n’est que l’un des symptômes du discrédit de la diplomatie du Makhzen. Un discrédit qu’illustre d’ailleurs l’humiliation de l’expulsion d’une délégation marocaine des travaux de la 5e session de la Conférence des Etats parties du Traité de Pelindaba, tenue au siège du Parlement Panafricain en Afrique du Sud. Une expulsion qui a été motivée par cette nouvelle tentative du royaume marocain de « perturber le travail des Etats africains et de semer la zizanie et la diversion parmi les pays du continent » mais aussi de créer la discorde au sein des institutions africaines, d’autant que le soutien actif du Makhzen à l’intégration de l’entité sioniste en tant que membre observateur de l’UA suscite la colère en Afrique. Une expulsion que certains observateurs considèrent comme un prélude de l’exclusion simple et définitive du Maroc des instances de l’UA.

Chokri Hafed

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