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La décision n’aura aucun impact sur l’approvisionnement en gaz du marché européen : L’Algérie ferme ses vannes sur le Maroc

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a ordonné dimanche dernier, à la compagnie nationale Sonatrach de rompre ses relations commerciales avec l’Office marocain de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), mettant fin au contrat du Gazoduc Maghreb Europe (GME) qui alimentait l’Espagne en passant par le Maroc. Autrement dit, le royaume chérifien ne bénéficie plus du gaz algérien depuis hier. Cette décision attendue est motivée, selon un communiqué de la présidence de la République, par «les pratiques à caractère hostile du Royaume marocain à l’égard de l’Algérie, des pratiques qui portent atteinte à l’unité nationale». Ladite décision intervient après consultation du Premier ministre, ministre des Finances, du ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, du ministre de l’Energie et des Mines. Ainsi, le président de la République a donné des instructions à la société nationale Sonatrach à l’effet de cesser toute relation commerciale avec la société marocaine et de ne pas renouveler ledit contrat, ajoute ce communiqué. Ceci dit, ce contrat d’exploitation, qui assurait le transport du gaz naturel algérien vers l’Espagne, via le Maroc, a expiré dimanche à minuit, l’Algérie continuera à honorer ses engagements avec son partenaire espagnol, à travers le gazoduc Medgaz et l’utilisation de méthaniers. Aussi, l’arrêt de l’exploitation du GME, qui acheminait autour de 10 milliards de mètres cubes (m3) par an de gaz produit à Hassi R’mel vers l’Espagne, n’aura pas d’incidence sur les volumes destinés à la péninsule ibérique grâce à l’augmentation des capacités de transport du Medgaz reliant Béni Saf (Ain Témouchent) à Almeria en Espagne, qui passeront de 8 à 10,5 milliards m3 par an avant la fin de l’année. Plus explicite, le Président de la République a expliqué «nous avons convenu avec les amis espagnols de les approvisionner en gaz naturel exclusivement via le gazoduc Medgaz», précisant qu’en cas d’imprévus, «l’approvisionnement se fera à bord de méthaniers». Sachant que cette décision annoncée alors par le président de la République a été transmise, déjà, aux partenaires espagnoles, qui se sont montrés rassurés par les garanties fournies par l’Etat algérien. Le gazoduc Medgaz permettra à l’Algérie de s’acquitter, largement, de ses engagements, comme l’ont assuré bon nombre d’experts expliquant que l’augmentation des capacités de ce gazoduc, combinée au recours aux capacités importantes de l’Algérie en matière de Gaz naturel liquéfié (GNL), lui permettent de renoncer au GME, indique-t-on. En basculant vers Medgaz, « l’Algérie offrira à ses partenaires européens un choix commercial plus sûr et moins coûteux », estiment-ils. Il s’agit d’une décision murement réfléchie qui a permis à la partie algérienne de présenter des assurances à son partenaire espagnol. Rappelons que fin septembre, le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, José Manuel Albares Bueno, en visite de travail à Alger, avait indiqué avoir reçu « des garanties » de la part des autorités algériennes sur l’approvisionnement de l’Espagne en gaz. « L’Algérie est un partenaire économique de premier ordre pour l’Espagne, et a toujours été un partenaire fiable qui a honoré ses engagements. J’ai également été rassuré aujourd’hui quant à la continuité de l’approvisionnement (en gaz) », avait indiqué M. Albares Bueno à l’issue d’une audience que lui a accordée le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune. De son coté, le ministre algérien de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, a affirmé récemment à l’issue d’une rencontre tenue avec la troisième vice-présidente du gouvernement espagnol et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique, Teresa Ribera Rodriguez, que l’Algérie était « prête à discuter avec les responsables espagnols des conditions de livraisons gazières supplémentaires ». Mis en exploitation en 1996, le GME acheminait du gaz algérien à partir de Hassi R’mel vers l’Espagne, sur 1.400 km, en traversant le territoire marocain.

F. Bedjaoui

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