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Poutine reconnaît l’indépendance des séparatistes : La tension monte en Ukraine

Les tensions montent en Europe de l’Est. Le président russe Vladimir Poutine a dénoncé lundi les élargissements successifs de l’Otan. Il a dénoncé l’attitude de l’Ukraine qui ambitionne de rejoindre l’alliance atlantique et a annoncé la décision de la Russie de reconnaître les séparatistes pro-russes en Ukraine. Une décision vivement critiquée par l’Occident qui a décidé de prendre une série de sanctions contre Moscou. 

Le président russe Vladimir Poutine a décidé lundi de reconnaître l’indépendance des séparatistes prorusses d’Ukraine, et a signé dans la foulée des accords « d’amitié et d’entraide » avec ces territoires.

« Je juge nécessaire de prendre cette décision qui était mûre depuis longtemps : immédiatement reconnaître l’indépendance de la République populaire de Donetsk et de la République populaire de Lougansk », a dit le président russe dans une allocution télévisée. Il a demandé au Parlement russe « d’approuver cette décision puis de ratifier les accords d’amitié et d’entraide avec les deux républiques ». Il a signé dans la foulée les accords avec les dirigeants de ces deux territoires, parrainés depuis huit ans par la Russie dans la guerre qui les opposent à Kiev. Le contenu n’a pas été dévoilé. Cette décision ouvre la voie à un appel à l’aide à la Russie de la part de ces territoires en tant qu’Etats souverains et donc l’entrée de forces russes dans ces régions.

Dans son discours long de 65 minutes, Vladimir Poutine a passé en revue l’histoire des relations russo-ukrainiennes depuis des siècles et exposé une thèse selon laquelle l’Ukraine est une nation créée de toute pièce à l’époque soviétique avec des territoires essentiellement pris à la Russie. « L’Ukraine contemporaine a été entièrement et totalement crée par la Russie bolchévique et communiste », a-t-il dit, lui qui a déjà écrit un long article exposant cette idée et sa théorie selon laquelle l’Ukraine et la Russie ne sont en fait qu’un pays et qu’un peuple. Durant l’allocution, il est apparu visiblement remonté voire menaçant à l’égard des autorités ukrainiennes, accusées de s’en prendre aux Russes et russophones du pays, les accusant une fois encore d’orchestrer « un génocide qui touche quatre millions de personnes ». Il a aussi évoqué un scénario selon lequel l’Ukraine pourrait se doter de l’arme nucléaire, car elle en a, selon lui, les capacités techniques du fait de son héritage soviétique. Puis, Poutine a dénoncé une fois de plus les élargissements successifs de l’Otan, que Moscou considère comme une menace. Et selon lui, l’entrée de l’Ukraine dans l’Alliance atlantique serait « une question de temps », aggravant encore le danger qui pèse sur la Russie, car les Etats-Unis pourraient déployer des armes offensives en territoire ukrainien. Il a répété aussi ses exigences à l’égard de l’Occident: la fin de la politique d’élargissement de l’Otan, l’absence de déploiement militaire menaçant la Russie et le retrait des infrastructures militaires de l’Alliance d’Europe de l’Est. Celles-ci ont été rejetées. « Quand le niveau de la menace croît autant, la Russie a le droit d’adopter les mesures nécessaires » pour assurer sa sécurité, a-t-il martelé. Les pays occidentaux qui ont vivement dénoncé la décision russe ont annoncé des sanctions qui visent notamment le gazoduc North Stream et des banques.

Soupçonné aussi par Kiev de vouloir « ressusciter l’URSS », M. Poutine s’est défendu de chercher à « reconstituer un empire ». Le Kremlin a assuré qu’il restait « ouvert » à la diplomatie.

Dans la nuit de lundi à mardi, M. Poutine a ordonné à son armée de « maintenir la paix » dans ces régions, suscitant la crainte d’une escalade dans ce conflit qui a débuté après l’annexion de la Crimée, faisant plus de 14.000 morts. Mardi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Andreï Roudenko a dit que la Russie ne prévoyait pas de déploiement « pour l’instant », mais qu’elle le ferait en cas de « menace ».

Le chancelier allemand Olaf Scholz a annoncé la « suspension » du processus d’autorisation du gazoduc Nord Stream II dont la mise en service apparaît très hypothétique désormais. Washington, qui avait multiplié les pressions sur Berlin, a « salué » cette décision. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé des sanctions visant trois hommes d’affaires dits proches du Kremlin et cinq banques russes. L’Union européenne planchait aussi sur des sanctions économiques. La Maison Blanche, qui a interdit toute transaction par des personnes américaines avec les régions séparatistes, devait aussi en prendre.

R.I. avec agences

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