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Dr. Hamzou Hossam, professeur à l’École supérieure des sciences politiques : « L’Occident veut faire durer le conflit en Ukraine »

L’offensive russe en Ukraine va-t-elle d’aboutir sur un conflit qui va s’inscrire dans la durée ?   Pour le professeur à l’École supérieure des sciences politiques d’Alger, Dr Hamzou Hossam, l’offensive russe qui devait se limiter à une opération spéciale prend, au fil des heure, les allures d’un conflit qui s’inscrit dans la durée suite à la décision des pays occidentaux de soutenir militairement l’armée ukrainienne. Il souligne à ce propos que « la Russie n’acceptera jamais des armes de l’Alliance Atlantique à ses frontières.

Invité à s’exprimer sur les ondes de la Radio algérienne, le docteur en sciences politiques a estimé qu’il était d’abord nécessaire de se pencher sur les causes profondes du conflit afin de mieux l’appréhender.  Il a ainsi expliqué qu’il faut revenir jusqu’à 2014 pour avoir une vue d’ensemble sur la nature du conflit qui a pour soubassement la volonté des pays occidentaux à leur tête les Etats-Unis de faire du monde une unité stratégique globale tout en encerclant tout pays qui tenterait de préserver ses spécificités et sa souveraineté. 

« Aussi, vouloir faire croire que le prolongement du conflit est synonyme d’égalité militaire entre la Russie et l’Ukraine est faux car jusqu’à présent l’Armée russe n’a pas voulu aller dans ses actions au-delà du caractère spécial de l’opération », fait-il remarquer notant par contre que « du côté européen et occidental, cette stratégie d’appuyer en armes l’armée ukrainienne vise à faire durer le conflit dans l’objectif d’imposer à l’armée russe une guerre d’usure ». Ce qui a d’ailleurs, explique-t-il, contrarié les plans russes qui visaient au début à imposer à l’Ukraine des négociations où elle dicterait ses volontés stratégiques. Cependant, prévient Dr Hamzou Hossam, « l’extension du conflit à d’autres pays n’est pas pour l’instant sur les tablettes mais tout indique que les choses pourraient évoluer vers cette éventualité en cas d’attaque contre la Russie par un autre pays que l’Ukraine ». L’enseignant à l’ENSSP fera remarquer d’ailleurs que « la volte-face du président ukrainien qui d’abord accepté de négocier avant de se rétracter indique clairement l’implication d’une main américaine qui a influé sur la décision  de ce dernier ». Les Américains, ajoute-t-il, sachant leur incapacité à affaiblir militairement la Russie veulent faire durer le conflit pour l’affaiblir sur le plan politique et économique.

Rappelant que la Russie compte aussi protéger les populations des deux républiques Lougansk et Donetsk qui sont deux régions stratégiques pour le territoire russe mais l’on peut aussi déceler des calculs géostratégiques,  Dr Hamzou Hossam soulignera par ailleurs l’existence d’un côté invisible du conflit qui est, explique-t-il, « l’existence d’une dualité entre des pays comme la Russie et la Chine qui conteste la vision unipolaire des Etats-Unis qui oeuvre à éloigner et isoler la Russie du continent européen ».

Évoquant les sanctions dont essentiellement l’exclusion de la Russie du système interbancaire SWIFT, l’expert fera remarquer que « la perte sera réciproque et que Vladimir Poutine qui prévoyait cette éventualité avait commencé dès le début des années 90  par se débarrasser de la dette externe voire même interne de son pays outre la création d’un fond de guerre pour parer à ce genre de crise pour une durée de plusieurs années ». La décision d’aller à la guerre, fera-t-il remarquer, ne se fait pas sans réflexion ou prévision des impacts possibles. Cette sanction sera aussi destructrice pour les économies européenne à l’instar de la France dont les investissements en Russie sont énormes par son statut de premier investisseur mondial en Russie.

Dr Hamzou Hossam affirmera ainsi que « ces sanctions sont un indicateur que les pays européens ont perdu depuis hier leur souveraineté stratégique devant les Etats-Unis qui les ont en réalité dictées dans son  duel contre la Russie ». Preuve de cette emprise américaine sur les décisions souveraines des pays européens, le refus au début de l’Allemagne au début de la guerre en Ukraine d’appliquer ces sanctions en les qualifiant de bombe atomique économique, affirme Dr Hamzou Hossam qui a également fait remarquer que « les implications de cette crise sur les prix du gaz et des céréales fera que les pays consommateurs seront rudement touchés outre les pays producteurs de pétrole mais qui n’ont pas d’autosuffisance alimentaire qui ne pourront pas bénéficier de l’augmentation de son prix qui intervient parallèlement à l’explosion des prix des produits alimentaires ». 

Akli Amor

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