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Crise ukrainienne : Moscou et Pékin font front commun

Au bout de deux semaines de conflits en Ukraine, l’inversement des équilibres géopolitiques se fait plus concret. Alors que le front de l’Otan qui s’est opposé à l’offensive militaire russe en Ukraine commence à se fissurer face aux impératifs de la real politique, on assiste à un rapprochement sans précédent entre Pékin et Moscou lesquels affichent la convergence de leurs positions concernant plusieurs questions, la dernière étant la présence de la laboratoires biologiques US en Ukraine.  Le ministre chinois des Affaires étrangères a demandé mardi aux Etats-Unis de publier tous les détails concernant leurs laboratoires biologiques en Ukraine, exhortant les parties concernées à assurer leur sécurité. Les agences de presse chinoises mettent en avant le fait que plusieurs rapports démontreraient que « ces laboratoires biologiques stockent d’importantes quantités de virus dangereux découvertes par la Russie au cours d’opérations militaires ». Lors d’une conférence de presse qu’il a animée, le porte-parole du ministère des affaires extérieures de la Chine, Zhao Lijian, a accusé les  Etats-Unis, en tant que partie qui connaît le mieux les laboratoires, devraient «publier des informations spécifiques pertinentes dès que possible, notamment sur les virus emmagasinés et les recherches effectuées». Les activités bio-militaires américaines en Ukraine ne sont que la partie émergée de l’iceberg », a-t-il expliqué. Sous différents noms, le Département américain de la défense contrôle 336 laboratoires biologiques dans 30 pays, at-il ajouté. 

Une question évoquée hier par la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, laquelle a indiqué que les découvertes récentes faites lors d’opérations militaires confirment les craintes de Moscou quant à l’existence de programmes de développement d’armes biologiques en Ukraine et en lien avec les États-Unis. Et d’ajouter que les propos de la vice-secrétaires d’État US Victoria Nuland sont pour démontrer que ces craintes ne sont pas sans fondement.  Lors de l’audition parlementaire de la diplomatie américaine, Victoria Nuland, a affirmé que «l’Ukraine dispose d’installations de recherche biologique ». «Donc nous travaillons avec les Ukrainiens sur les manières d’éviter que ces matériaux liés à la recherche puissent tomber aux mains des forces russes si elles devaient s’en approcher», a-t-elle ajouté. 

En face, le front atlantiste commence à se fissurer. Entre la Pologne qui exige une couverture de l’Otan avant l’envoi de tout avion de combat en Ukraine, et l’Otan, la Grande-Bretagne et mêmes les États-Unis qui refusent tout implication militaire direct dans le conflit, c’est la real politique qui semble prendre le dessus. Sur le plan économique, cela se fait sentir de manière plus pressante.  Alors que les Etats-Unis ont accentué les sanctions économiques à l’encontre de la Russie en annonçant mardi la rupture de l’importation du gaz et du pétrole russe et le Kremlin ne s’est pas fait attendre pour réagir. L’annonce d’un prochain boycott des exportations et importations de et vers une liste de pays qui reste à déterminer fait réfléchir certains pays européens qui craignent pour leurs approvisionnements énergétiques. La Hollande a déjà fait part de son rejet de toute idée de se passer du gaz russe. Idem en Allemagne. Pour le gouvernement d’Olaf Scholz, il faudra une période de transition avant de pouvoir remplacer les hydrocarbures russes alors que l’Allemagne importe de Russie plus de la moitié de son gaz et de son charbon et environ un tiers de son pétrole. Mieux encore, Olaf Sholz estime aujourd’hui qu’il n’est plus nécessaire de laisser au président français Emmanuel Macron seul le privilège d’entretenir des canaux de dialogue avec Valdimir Poutine et vient d’engager lui aussi une ligne de dialogue avec le Kremlin. 

Salim Abdenour 

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