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Révolution du football mondial   : Infantino coincé dans une éprouvette 

Avec l’exploit de Villarreal à Munich et le bras de fer exaltant entre le Real et Chelsea, cette soirée de Ligue des champions a rappelé que le football n’avait nullement besoin de grande révolution.  

C’était une soirée pour se rappeler que le football, celui qui rassemble les foules et traverse les époques, n’est pas prêt de mourir ni de disparaître. Il n’est pas non plus prêt d’ennuyer, même si la nostalgie naturelle du passionné lui fera souvent penser que tout était mieux avant, et il n’aura pas complètement tort. Mais voilà, le terrain finit toujours par prendre le dessus sur tout le reste et tout ce que l’on déteste. Mardi soir, les deux quarts de finale retour de Ligue des champions n’étaient a priori pas les plus passionnants, ils sont pourtant devenus des monuments. Le Bayern, monstre sacré et Rekordmeister attendu comme un rouleau-compresseur pour effacer son faux pas à l’aller, est tombé à la maison face à Villarreal, 7e de Liga. Plus au sud, au stade Santiago-Bernabéu, Chelsea a cru parvenir à réaliser l’impossible avant de se faire rattraper par l’irréalité et le Real Madrid au cours d’un scénario irrationnel. Deux sensations, une conclusion : le foot n’a pas besoin de grandes révolutions. Loin des paillettes de la Ligue des champions, dont il avait l’habitude d’animer les cérémonies des tirages au sort à une époque pas si lointaine, Gianni Infantino, président la FIFA, était à Guingamp le week-end dernier pour assister à la victoire de Toulouse et éteindre une nouvelle polémique provoquée par une énième idée farfelue. « Il n’y aura pas de changement de règlement » , assurait-il au micro de beIN Sports, pour clore le débat sur une possible extension de la durée des matchs. Le dirigeant italo-suisse n’était pas dans les tribunes à Madrid mardi soir, où la deuxième période de la prolongation entre le Real et Chelsea a donné du crédit à son envie de lancer « une vraie réflexion sur le temps effectif » . Infantino n’a pas toujours tout faux, mais il est rarement dans le vrai, lui comme ses copains de la FIFA, de l’UEFA et de toutes les organisations et instances où des bureaucrates aiment réfléchir au foot d’aujourd’hui et surtout à celui de demain. Les propositions lunaires imaginées par ces têtes « pensantes » ne peuvent même plus être listées tant elles sont nombreuses (des mi-temps de 30 minutes, des buts à l’extérieur de la surface qui comptent double, les nouvelles compétitions, le Mondial tous les deux ans, des changements illimités, etc.) Depuis la création du jeu, celui-ci a connu de nombreuses évolutions et toutes ne sont pas bonnes à jeter – la suppression de la règle du but à l’extérieur pourrait par exemple trouver son public -, mais les grandes réformes imaginées à la FIFA & Cie risquent, à terme, de dénaturer un sport qui n’a pas perdu ses lettres de noblesse. Le foot n’a pas non plus besoin d’une Superligue européenne, où les meilleurs, donc les plus riches, s’affronteraient chaque semaine ni d’un nouveau format de C1 incompréhensible avec un calendrier surchargé. La routine parfois ennuyeuse de la phase de poules est une mise en bouche nécessaire avant les grandes soirées du printemps. Ce qui est rare est précieux, personne n’a envie d’assister à un cinquième ou sixième Chelsea-Real Madrid en moins d’un an au mois d’avril. Mardi soir a également rappelé que les plus forts avaient le droit de perdre contre les plus petits, ce qui reste l’essence même de ce sport. 

R. S.

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