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Salaires de la Fonction publique : Le Gouvernement joue l’apaisement

La nouvelle grille des salaires de la Fonction publique suscite l’ire des syndicats. Face au mécontentement affiché par les fonctionnaires, le Gouvernement joue l’apaisement en s’expliquant sur les motifs de ses choix et sur l’impact d’une mesure qui est en fait la dernière d’une batterie de dispositions destinées à améliorer les revenus des ménages. Et dans cette campagne de communication, quelque peu tardive, c’est le ministère des Finances qui prend sur  lui la charge de sensibiliser les travailleurs au bien-fondé des mesures prises. 

C’est ainsi que Directrice des Systèmes de paie à la Direction générale du budget, relevant du ministère des Finances, Nacera Moussaoui, a eu intervenir pour la deuxième fois en quatre jours pour apporter des éclaircissements quant à la nouvelle grille des salaires et lever quelque peu la confusion provoquée. 

Hier, la responsable du ministère des Finances a choisi de s’exprimer sur les ondes de la Radio algérienne et a annoncé lors de la matinale de la Chaîne I que « la nouvelle grille indiciaire de la fonction publique sera effective à partir du mois de mai ». Au-delà de cette annonce, Mme Moussaoui a tenu à souligner que la revalorisation qui découle de la nouvelle grille induit une hausse des revenus plus importante qu’il n’y paraît dans la mesure où elle ne doit pas être perçue comme une hausse isolée dans l’absolu, mais qu’elle est intimement liée à la baisse de l’IRG,  et que c’est ainsi qu’elle a été conçue. 

Elle rappelle que le travail pour la révision de la grille indiciaire des salaires, suite aux instructions du président de la République, a été lancé au mois de novembre dernier, au moment où la loi de finances 2022 qui a prévu une baisse de l’IRG sur les salaires était débattue. Et c’est dans ce contexte que la revalorisation des salaires à travers la révision de cette grille devait obéir à divers facteurs directs et indirects, en prenant en compte l’impact financier de cette revalorisation sur le budget de l’État au regard de la baisse des recettes induites par la baisse de l’IRG. Mme Moussaoui a expliqué dans ce sens que la revalorisation des salaires ne doit pas être perçue dans l’absolu mais dans le cadre d’un processus continue qui engage les dépenses de l’État pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages, à travers les transferts sociaux et le maintien des subventions voire leur hausse afin de limiter l’impact de l’inflation mondiale sur le marché nationale, la revalorisation des retraites, la suppression de l’IRG pour les salaires de moins de 30.000 DA et la baisse de l’IRG pour l’ensemble des salaires depuis le 1er janvier 2022.

Une hausse de 16% des salaires

Elle explique ainsi que l’effet cumulé de la baisse de l’IRG et de la révision de la grille indiciaire des salaires, induit une augmentation du revenu des fonctionnaires estimée à une moyenne de 5.600 dinars. La même responsable assure d’ailleurs que la hausse des salaires qui découle de la révision de la grille indiciaire touchera non seulement les salaires de base mais touche les primes et les indemnités mensuelles et non mensuelles lesquelles sont calculées selon le salaire de base. Mme Moussaoui dira à ce sujet que « toute augmentation qui touche les salaires sera répercutéeautomatiquement sur ces primes et indemnités ». Et d’ajouter que cela représente une hausse allant de 12 à 16% des salaires.  « Une hausse qui n’est pas à sous-estimer », indique la responsable du ministère des Finance, notamment « au regard de la situation actuelle de l’économie mondiale ». 

L’autre facteur mis en avant par la directrice des Systèmes de paie à la Direction générale du budget, relevant du ministère des Finances est le souci de ne pas creuser les inégalités salariales. C’est dans ce sens qu’elle justifié le fait que le Gouvernement ait opté pour une révision de la grille indiciaire, comme « demandé par le président de la République » et non pour une revalorisation du point indiciaire. Nacéra Moussaoui qui a expliqué que « la révision de la grille a concerné deux volets , soit l’ajout de 50 points à l’indice de base de toutes les catégories des fonctionnaires , puis  des points supplémentaires selon les échelons et les catégories, pour respecter le principe de la rémunération selon les qualifications qui régit la fonction publique, sans pour autant creuser les inégalités ». 

Elle explique aussi qu’une revalorisation du point indiciaire, telle que réclamée par les syndicats, « creuserait au contraire les inégalités salariales en garantissant des augmentations salariales plus importantes pour certaines catégories de salariés par rapports aux autres, au lieu de les atténuer comme cela a été le cas avec la révision de la grille indiciaire qui a fait bénéficier de la même hausse toutes les catégories de 1 à 7 ».  Et d’ajouter qu’il fallait aussi prendre en compte l’impact financier de la mesure sur le budget de l’État. À ce propos justement, Mme Moussaoui indiquera que « 220 milliards de dinars par année sont mobilisés pour financer la hausse des salaires de 2,7 millions de fonctionnaires dont 2,4 couverts par le budget de l’Etat et 360.000 fonctionnaires couverts par les caisses des collectivités locales, avec un soutien financier du Trésor public pour les collectivités locales en position financière difficile ». Toujours au chapitre des mesures visant à protéger le pouvoir d’achat des catégories fragiles , la directrice  des Systèmes de paie à la Direction générale du budget, relevant du ministère des Finances a cité « l’Allocation chômage qui a nécessité la mobilisation de 140 milliards de dinars ». 

Au chapitre des retraites, la même responsable a fait savoir que « l’augmentation qui a touché les grilles indiciaires sera automatiquement répercutée sur les retraites ». Enfin, pour Mme Moussaoui, « il faut considérer cette augmentation dans la dimension globale des augmentations directes et indirectes qui ont été annoncées durant ces derniers mois ». 

Kamel Nait Ameur

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