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Madjer condamné dans l’affaire « El Balagh » et « El Balagh Erriadhi » : L’arbre qui cache la forêt

L’ancienne gloire du football national et star mondiale, Rabah Madjer, qui vient d’être condamné à six mois de prison ferme par la justice algérienne a eu le « malheur » de se faire choper. 

En continuant de bénéficier indûment de commandes publicitaires de l’Anep pour ses deux journaux El Balagh et El Balagh Erriadhi alors qu’ils avaient cessé de paraître, il est poursuivi pour « fausses déclarations ».  Et si Madjer et ses journaux n’étaient que cet arbre qui cache la forêt laquelle grouille de cas similaires sévissant encore mais juste bien « dissimulés » continuant à siphonner l’aide étatique dispensée via l’ANEP ?

Une question qui vaut mille et une pages et pourrait même générer l’ire de certains antagonistes. Sauf qu’il s’agit de dilapidation des deniers publics, de détournement de l’aide consentie par l’Etat à la presse et du devenir de toute la presse écrite algérienne.

Des listes d’ « heureux » lauréats admis par certains cercles sont confectionnées en catimini privant les plus professionnels de cette manne publicitaire.  

Mais qui a permis à ces journaux jadis affublés du nom péjoratif de presse « jaune » de profiter à profusion de la commande publique car maintenus sur les tablettes de l’ANEP en dépit de leur non parution ou encore leur non diffusion et leur manque de professionnalisme flagrant ? Les récents bouleversements géopolitiques et macroéconomiques qui se sont imposés depuis la guerre d’Ukraine ont contraint l’Algérie de se doter d’une presse d’excellence, capable de prendre part à la guerre médiatique, de décortiquer l’actualité et de contribuer à l’essor du pays et à le défendre contre toutes velléités hostiles. Sommes-nous donc bien outillés pour ce genre d’entreprise ? Pas si sûr si l’on se penche d’un peu plus près sur la situation de précarité de nombreux journaux, de leur manque de professionnalisme et de leur incapacité à riposter pour défendre les intérêts de la nation. 

Mais alors, qui détient réellement les clés de la distribution de la manne publicitaire ? Qui procède à l’attribution ou non de la publicité et sur quelle base ? Autant de questions qui restent indéfiniment sans réponse et relèveraient même du tabou. Ce manque de transparence dénoncé par l’ancien P-DG de l’ANEP, Larbi Ouanoughi qui a vainement tenté de remettre de l’ordre dans la maison ANEP en imposant des critères d’octroie de la manne publicitaire aux différents journaux délaissés depuis a laissé place à une véritable main mise sur le secteur. Certains titres bénéficiant de la publicité ont trouvé la parade en s’arrêtant au niveau de l’imprimerie étatique où ils « délaissent » leur « tirage » prédestiné pour la déchetterie. Le cas Madjer ne doit pas se limiter à punir un homme mais à inspirer les responsables du secteur afin de barrer le chemin aux aventuriers et faire appel aux professionnels tout en dépassant les clivages et les différences. En l’absence d’un code déontologique et d’une loi sur l’information et la publicité, il devient vital d’assainir le secteur de toutes les « opérations occultes » touchant la publicité pour paraphraser un ancien magistrat car cela relève de l’action de salubrité publique. 

Azzedine Belferag

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