Le Premier ministre italien aujourd’hui à Alger : Aller au-delà du gaz et du commerce
Les autorités algériennes attendent un soutien actif de l’Italie au développement de l’économie et des industries algériennes. Les secteurs dans lesquels les sociétés italiennes peuvent mettre leur expertise en partage sont nombreux et variés.
C’est certainement tout heureux que le Premier ministre italien, Mario Draghi, rallie aujourd’hui Alger pour participer au quatrième sommet intergouvernemental algéro-italien. Son pays a eu, le week-end dernier, l’engagement ferme de l’Algérie d’augmenter le volume de ses livraisons de gaz en direction de la botte italienne. Cette augmentation prend normalement effet à partir de cette semaine. Selon diverses sources, il s’agit de 4 milliards de m3 de gaz supplémentaires qui seront livrés par Sonatrach à ENI et à ses autres partenaires italiens. L’Algérie a déjà livré à l’Italie depuis le début de l’année 13,9 milliards de m3 dépassant de 113% les volumes prévisionnels. Elle prévoit encore de lui livrer d’ici la fin de l’année 2022, six milliards de m3 supplémentaires de gaz algérien.
Il est certain que l’Italie apprécie à sa juste valeur l’effort déployé par le gouvernement algérien pour assurer sa sécurité énergétique, surtout dans le contexte mondial actuel qui est marqué par une raréfaction du gaz sur le marché. L’économie italienne connaît aussi une reprise actuellement. Elle aura donc besoin de plus d’énergie. D’autant que le contexte particulier. En raison de la guerre en Ukraine, l’Italie a décidé de diversifier ses achats de gaz à l’étranger devenu un impératif pour Rome. Et pour l’Italie, le chemin de cette diversification passe par l’Algérie.
C’est pourquoi on a assisté à un intense ballet diplomatique entre les deux rives de la Méditerranée. Dès le 28 février, le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, était à Alger. Il était suivi le 11 avril par Mario Draghi avant que le président algérien Abdelmadjid Tebboune ne se rende à Rome les 26 et 27 mai pour une visite d’Etat pour y rencontrer son homologue italien, Sergio Matarella. Sans conteste, la décision de l’Algérie de soutenir davantage l’Italie dans cette conjoncture exceptionnellement difficile a pour effet, donc, de renforcer les liens historiques entre Alger et Rome.
De gaz, il en sera certainement question encore lors de du quatrième sommet intergouvernemental italo-algérien dont les travaux s’ouvriront aujourd’hui à Alger. Les autorités algériennes ne voient probablement pas d’objection à augmenter encore, à l’avenir, le volume de ses livraisons de gaz en direction de l’Italie. C’est faisable à la condition d’augmenter ses capacités de production et surtout d’investir dans de nouveaux gisements. Et pour cela, elle a besoin de partenaires et d’importants financements. Dans ce contexte, il faudrait s’attendre à ce que l’Algérie demande à ses partenaires de participer à cet effort.
C’est d’ailleurs en gros le sens du message délivré également aux Allemands par le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, dans un entretien accordé il y a peu au magazine Der Spiegel. «Si l’Allemagne veut nous acheter du gaz, alors investissez dans de nouveaux gisements avec nous. Comme les Italiens avec le groupe ENI. Nous avons un programme ambitieux de 39 milliards de dollars pour accroître la production dans le secteur pétrolier et gazier d’ici 2026. Sonatrach lèvera la majorité des investissements, et nous recherchons des partenaires pour le reste», avait-il dit.Mais Alger mise surttout sur un partenariat réel.
L’Algérie est certes le premier partenaire commercial de l’Italie sur le continent africain et un de ses principaux fournisseurs d’énergie. Selon Ice Agenzia, l’Algérie a été classée cette année premier fournisseur de gaz de l’Italie, dépassant la Fédération de Russie. En 2021, le volume des échanges commerciaux était égal à 7,34 milliards d’euros, dont 5,58 milliards d’exportations algériennes contre 1,76 milliard d’importations en provenance de l’Italie. Le gaz constitue notre principal produit exporté à destination de ce pays qui fournit l’Algérie principalement en machines de produits pétroliers raffinés, produits chimiques et en produits sidérurgiques. Mais cela reste trop peu.
En contrepartie du gaz, les autorités algériennes ne diraient pas non à un soutien actif de l’Italie au développement de l’économie et des industries algériennes. Les secteurs dans lesquels les sociétés italiennes peuvent mettre leur expertise en partage sont nombreux. Cela la mécanique, la construction navale, les PME-PMI et l’aéronautique en passant par les hautes-technologies. Quoiqu’il en soit, l’Algérie attend beaucoup plus de son partenariat avec l’Italie. Le moment est venu d’aller au-delà du simple commerce.
Khider Larbi