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Un accord de 4 milliards de dollars entre Sonatrach, Eni, Occidental et Total : Berkine, hub gazier méditerranéen

Le partenariat algéro-italien est consolidé par un important accord gazier qui fera des champs gaziers du bassin de Berkine le futur hub gazier méditerranéen. 

Un important accord gazier sera signé aujourd’hui entre la Compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach, l’Italien Eni, l’Américain Occidental et le Français Total. Un accord annoncé hier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, signe de la dimension stratégique du projet. C’est au cours d’un point de presse qu’il a coanimé avec le président du Conseil italien, Mario Draghi, en marge du 4e sommet intergouvernemental algéro-italien, que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé cet accord qui actera le lancement d’investissements d’une valeur de 4 milliards de dollars dans le domaine gazier et qui permettra aussi une hausse substantielle des livraisons de gaz à l’Italie via le gazoduc Enrico Mattei. 

Bien qu’aucun détail n’ait été communiqué sur le contenu de l’accord, il est clair qu’il est lié au développement des gisements à fort potentiel du bassin de Berkine. Il est vrai que les quatre compagnies avaient signé un accord, il y a quelques mois, pour renforcer leur partenariat sur le bloc 404 et le bloc 208 avec leurs principaux champs de Hassi Berkine, Ourhoud et El Merk du bassin de Berkine pour les inclure dans leur plan de développement d’un hub gazier et pétrolier. Sonatrach et Eni, qui multiplient les échanges depuis quelques mois avaient également affiché, à l’époque, leur ferme intention de pousser le développement du gisement à fort potentiel BRN, pour faire du bassin de Berkine le nouveau hub gazier du pays. Un bassin dont le potentiel ne se dément pas et qui a été d’ailleurs confirmé au mois de mars dernier par une importante découverte non loin des installations du bloc BRN, avec un gisement d’une capacité de 7000 barils/jour d’huile et de 140.000 m3/jour de gaz associé, que Sonatrach et Eni entendent mettre en service très vite. 

Des projets qui revêtent une nouvelle dimension aujourd’hui dans une conjoncture marquée par une crise du gaz en Europe dans le sillage de la confrontation entre la Russie et l’Otan ouverte depuis le début du conflit en Ukraine. Une conjoncture qui permet à l’Algérie de consolider ses positions sur son marché naturel, soit le Sud de l’Europe, notamment l’Italie. Un contexte qui peut permettre au bassin de Berkine de devenir un véritable hub gazier méditerranéen dans la mesure où les livraisons de gaz algérien vers l’Europe sont appelées à augmenter de manière substantielle. D’ailleurs, les ventes de gaz vers la Botte ont sensiblement augmenté ces deniers mois et Sonatrach entend augmenter les livraisons de 4 milliards m3 de gaz dès cette semaine en exploitant les capacités en jachère du gazoduc Enrico Mattei. Le groupe pétro-gazier national avait d’ailleurs annoncé vendredi que l’Algérie qui entretient des relations privilégiées avec l’Italie a déjà livré à ce pays depuis le début de l’année 13,9 milliards de m3 dépassant de 113% les volumes prévisionnels, et prévoit encore de livrer d’ici la fin de l’année 2022 six milliards de m3 supplémentaires de gaz algérien à l’Italie. Une hausse qui permet aujourd’hui à l’Algérie de se placer en tant que premier fournisseur de l’Italie en gaz, de l’aveu même du président du Conseil italien, Mario Draghi. 

Conquérir le marché européen de l’électricité

Au-delà, l’Algérie entend consolider ses positions sur l’ensemble du marché gazier européen et se serait hissée d’ailleurs en tant que second fournisseur le plus important de gaz de l’Europe depuis le début de la crise gazière. C’est ce qui a d’ailleurs motivé la récente signature d’un accord entre la Sonatrach et le Français Engie pour la hausse des livraisons de GNL mais aussi la livraison de gaz naturel via le gazoduc Medgaz. 

Un contexte favorable que l’Algérie entend mettre à profit pour pousser vers une implication plus importante de ses partenaires dans les investissements dans l’amont pétroliers et gaziers et au-delà. L’accord qui sera signé aujourd’hui est d’ailleurs un exemple en la matière de par sa dimension en termes de flux d’investissement dans une conjoncture marquée par le ralentissement des flux des capitaux vers les pays en développement dans un contexte de relocalisation des investissements. L’Algérie compte aussi sur la nouvelle approche de partenariat qu’elle prône pour s’imposer aussi sur le marché européen de l’électricité et en tant qu’acteur incontournable de la transition énergétique. Une ambition que le Président Tebboune a clairement affichée hier. « Je tiens à réaffirmer à mon ami le président du Conseil des ministres italien, M. Draghi, ce que nous avions proposé en Italie, à savoir être l’un des fournisseurs de l’Europe en énergies électrique, solaire et conventionnelle », a clairement indiqué le président de la République.

Samira Ghrib

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