Extraction de quantités considérables de fer brut de la mine de Ghar Djebilet : L’Algérie choisit ses partenaires
Les premières quantités de minerai de fer ont été extraites du gisement géant de Ghar Djebilet, ce qui acte l’entrée en exploitation effective de cette mine située dans la wilaya de Tindouf. L’Algérie compte d’ailleurs sur la contribution de ses partenaires chinois et russe pour valoriser ce gisement dont le potentiel a été confirmé par les quantités considérables de minerai extraites.
Revêtant un intérêt stratégique pour le pays, les plus hautes autorités du pays semblent vouloir donner un coup d’accélérateur à ce projet. D’où l’extraction des premières quantités de fer brut deux semaines seulement après son coup d’envoi.
Dans un communiqué rendu public, mardi, la wilaya de Tindouf a indiqué qu’«après l’annonce officielle du démarrage de l’exploitation de la mine de fer de Gara Djebilet Ouest, dans la wilaya de Tindouf, une troisième opération de jet d’explosif a été menée ce matin avec succès, et ce, pour l’extraction d’une quantité considérable de fer brut, qui sera acheminée par voie terrestre vers le Nord». Dans ce sens, le Directeur général adjoint de l’Entreprise Nationale de Fer et de l’Acier (Feraal), Redha Belhadj, a précisé hier dans une déclaration à l’APS que grâce à ce jet d’explosifs, l’entreprise publique a réussi mardi à extraire 1000 tonnes de minerai de fer, avant d’expliquer que les prochaines opérations d’extraction, assurées par Feraal, porteront sur des quantités bien supérieures. Il table ainsi sur des quantités de minerai de « 20.000 à 25.000 tonnes le mois prochain pour arriver à environ 100.000 tonnes/mois d’ici la fin de l’année ». Des chiffres qui confirment ainsi le potentiel de ce gisement, l’un des plus grands au monde avec plus de 3 milliards de tonnes de réserves dont 1,7 milliards de tonnes exploitables. Ceci d’autant plus que ces résultats proviennent de la seule phase expérimentale de la mine avant l’entrée effective en phase industrielle d’ici à la fin de l’année avec la création d’une entreprise en partenariat et le début de la réalisation d’une ligne de chemin de fer reliant Tindouf et Béchar. En attendant, le minerai de fer sera prochainement acheminé par camions à Béchar par le Groupe de transport des marchandises et de logistique (Logitrans), où il sera transformé et valorisé par des opérateurs désirant investir dans ce domaine.
Dans ce contexte, Redha Belhadj a indiqué que durant cette phase expérimentale, « la moitié des quantités de minerai de fer extraites sera transportée vers la wilaya d’Oran pour être exportée vers la Chine et la Russie », tandis que l’autre moitié sera destinée à alimenter des usines de fer et d’acier activant en Algérie. La mine permettra ainsi de sécuriser l’approvisionnement des usines nationales de métallurgie et de sidérurgie, notamment l’usine algéro-turque Tosyali à Oran, l’usine algéro-qatarie AQS à Jijel et le fleuron de l’industrie nationale le complexe Sider El Hadjar à Annaba.
Des alliés stratégiques
L’Algérie semble également privilégier ses alliés stratégiques pour ce qui est de la transformation du minerai d’autant plus qu’étant donné qu’il s’agit d’un minerai très convoité et plusieurs choix se présentaient pour le pays. Mais si Ferral annonce le lancement d’un appel à manifestation d’intérêt national et international fin août pour chercher des partenaires afin d’assurer la transformation du minera et la préparation d’un cahier des charges dans cette perspective pour septembre, l’Algérie s’appuiera sur l’expertise de deux alliés stratégiques pour le développement de la mine, soit la Chine et la Russie. Et en ce sens, Redha Belhadj a été on ne peut plus clair. Le projet pévoit la création, avant fin 2022 d’une entreprise algéro-chinoise chargée de l’extraction du minerai et d’une usine à Bechar qui permettra à la partie chinoise d’utiliser le minerai pour produire de la billette (un demi-produit de l’industrie métallurgique utilisée dans la production du rond à béton et du fil machine). Il prévoit aussi la création d’une usine de production du rail, également à Bechar, qui utilisera la billette locale pour la fabrication des rails, rappelle-t-il. Quant au problème de la haute teneur en phosphore, le DG de Ferral assure que des solutions existent pour la déphosphoration du minerai de fer, notamment grâce à la technologie russe. « Nous allons recourir à ces solutions qui ont montré leur efficacité ailleurs », a-t-il assuré.
Dans tous les cas de figure, l’Algérie a fait du lancement de l’exploitation de cette mine une priorité eu égard aux multiples avantages, à différents niveaux, que cela présente. C’est le 8 mai dernier, à l’occasion d’un Conseil des ministres, que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait approuvé «le lancement de la première phase du projet d’exploitation de cette mine, représentant une source importante de revenus pour le pays et revêtant une importance vitale dans l’accélération de la cadence du développement au double plan local et national», comme ça a été indiqué dans un communiqué. Moins de trois mois plus tard, le ministre de l’Energie lance officiellement cette première phase. Mohamed Arkab avait indiqué ce 30 juillet donc que «la mine de fer de Gara Djebilet permettra la production de 2 à 3 millions tonnes de minerai de fer par an dans la première phase (2022-2025), puis de 40 à 50 millions tonnes/an à partir de 2026». «Ce projet structurel se déroulera en plusieurs phases sur une période allant de 2022 à 2040», avait indiqué le ministre. Durant la première phase, a-t-il ajouté, «le minerai de fer sera acheminé par voie terrestre à Béchar où il sera transformé et valorisé par des opérateurs nationaux désirant investir dans ce domaine, en attendant la réalisation de la voie ferrée Béchar-Gara Djebilet». Longue de 1.000 km, les travaux de cette ligne ferroviaire devraient être lancés «au cours du premier trimestre 2023». C’est une fois que ce chantier sera livré que la deuxième phase débutera, avec une augmentation de la production atteignant ainsi les 40 à 50 millions de tonnes par an. Projet multisectoriel, comme l’a rappelé ministre, puisqu’il concerne aussi «les transports, les travaux publics, les ressources en eau, les finances, l’environnement et l’urbanisme», l’exploitation de la mine de Ghar Djebilet va permettre de satisfaire la demande nationale en minerai de fer et l’exportation de l’excédent avec tout ce que cela générera comme devises.
Elyas Nour